Si l’ananas fait la renommée de Moorea, David Robert et Eric Boyer, deux experts agricoles de la Réunion, s’étonnent de la quantité produite localement, au regard des surfaces exploitées. Tous deux ont été invités par la Chambre d’agriculture de Polynésie, afin de prêter main-forte aux professionnels locaux, pour améliorer les rendements et produire des fruits de meilleure qualité.
« On est ici pour montrer notre savoir-faire, nos techniques et améliorer le tonnage par hectare », explique Eric Boyer, lui-même producteur à la Réunion. Les décennies d’expérience des deux hommes sont précieuses. Leurs techniques de plantation et de gestion des maladies, et autres parasites, ont déjà porté leurs fruits. Eric Boyer produit, à lui seul, plus de 40 tonnes d’ananas à l’hectare, contre seulement 15 tonnes, en moyenne, en Polynésie.
« En tant qu’agriculteur, on a l’habitude d’épandre avec du compost et de la fiente de poules et de les enfouir. Eux disent que c’est tout le contraire », note le président de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie, Thomas Moutame. « Je n’avais jamais pensé à cultiver de l’ananas, mais je crois que je vais m’y mettre pour développer mon business », sourit de son côté Berto Haavihia, un agriculteur de Tahaa.
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Cette rencontre a aussi permis d’aborder la question cruciale de la commercialisation. « Pour les rendements, on est un peu en retard par rapport à ce qu’ils font. Mais le plus gros problème restera toujours la commercialisation. On produit tellement qu’on a du mal à écouler, malgré ce que les chiffrent nous montrent à travers les statistiques », indique Romanella Ehu, une agricultrice Bio de Raiatea.
Là encore, les experts ont des réponses, notamment travailler de façon échelonnée, plutôt que favoriser un seul pic de production à l’année. « Ils peuvent échelonner leur ‘tif’, le traitement d’induction florale. Au lieu de le faire en une seule fois, ils peuvent faire un hectare en 10 fois. Comme ça, s’ils ont besoin de 500 ananas par semaine, c’est ‘tifer’ 500 plants et non pas toute la parcelle. Tout va dépendre de l’offre et de la demande », souligne David Robert, conseiller arboriculture fruitière à la Chambre d’agriculture de la Réunion.
Cette journée s’est aussi accompagnée d’ateliers pratiques et de conseils personnalisés sur la culture de l’ananas, mais également sur celle des agrumes et la mise en fructification. Autant d’’éléments pour aider les agriculteurs du fenua à adopter des pratiques plus efficaces. L’avenir de l’ananas à Raiatea s’annonce plus prometteur que jamais.