« Ce n’est pas le tourisme intérieur qui va relancer l’économie » estime Thierry Brovelli

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Avec la crise, la fermeture des frontières et la quatorzaine obligatoire pour tout nouvel arrivant, les autorités misent sur le tourisme intérieur pour relancer l'économie. Mais du côté des grands hôtels ont peine à croire en cette solution. Thierry Brovelli, co-président du conseil des professionnels de l'hôtellerie est interviewé par Mike Leyral :

Publié le 16/05/2020 à 10:33 - Mise à jour le 16/05/2020 à 10:33

Avec la crise, la fermeture des frontières et la quatorzaine obligatoire pour tout nouvel arrivant, les autorités misent sur le tourisme intérieur pour relancer l'économie. Mais du côté des grands hôtels ont peine à croire en cette solution. Thierry Brovelli, co-président du conseil des professionnels de l'hôtellerie est interviewé par Mike Leyral :

Est-ce que vous avez une estimation des pertes de l’hôtellerie en général et plus particulièrement de la grande hôtellerie que vous représentez à la fois en terme d’emplois et en terme de recettes ?
« Bien sûr, on a été amenés à faire ce type de recherches notamment puisque le Conseil des professionnels de l’hôtellerie fait partie du Medef. On a essayé de globaliser un peu nos chiffres. Dans cette recherche de globalisation, on est arrivés à un chiffre d’affaires d’environ estimé 42 milliards. Ces 42 milliards ont été produits par 25 hôtels et en gros 3000 employés. Les pertes sont simples à calculer. Depuis le mois de mars, on est à zero revenu donc c’est simplement de la perte sèche totale. »

Et vous avez une estimation sur l’ensemble de l’année ?
« Sur l’ensemble de l’année on s’attend à perdre un bon 70% du revenu annuel et nos besoins en personnel sur les 3000 personnes, aujourd’hui c’est quasiment zero. Moi j’ai besoin d’une trentaine de personnes aujourd’hui pour faire vivre mon hôtel en sommeil. »

Donc vous avez des charges qui continuent malgré l’arrêt de l’activité ?
« Voilà, on continue à avoir des charges de personnel et aussi bien sûr on a des charges fixes, des charges d’énergie, des charges d’assurance, des charges multiples d’administration. On continue à avoir des gens qui travaillent. »

Est-ce que vous croyez à cette stratégie de tourisme intérieur qui est proposée par la CPME et aussi par le Pays ?
« À ça je répondrais qu’aujourd’hui on parle d’économie polynésienne. L’économie polynésienne c’est à 15% du tourisme. Et le tourisme, c’est ce tourisme qui fait vivre l’économie polynésienne. C’est je dirai facilement 80% du tourisme international. Donc, oui, il y a un tourisme local qui nous a toujours aidé dans les périodes compliquées. Moi, ça fait des années que je suis là et j’étais toujours très heureux de recevoir des comités d’entreprises, les gens le week-end, les enfants et les familles en vacances mais ce n’est pas ce tourisme-là qui va relancer l’économie. Certainement pas. »

Donc la solution pour vous, c’est la reprise du tourisme international. Est-ce que, si les vols reprennent, cela peut suffire, malgré la quatorzaine qui continue ?
« Aujourd’hui ce tourisme là est arrêté pour plusieurs facteurs. Le premier c’est effectivement la fermeture des frontières, l’arrêt des vols, la quatorzaine. Condition sine qua non, il faut rouvrir les frontières, il faut relancer les vols. La quatorzaine, même si elle s’arrête et aujourd’hui on n’en parle pas et c’est compliqué à vivre, même si elle s’arrête, nos marchés émetteurs que sont les Etats-Unis, l’Europe, la France en particulier, sont tellement en souffrance aujourd’hui qu’il faudra trouver dans ces populations-là des gens qui ont encore des revenus, qui n’ont pas perdu des proches, qui ont envie de faire 20 heures d’avion avec un siège vide à côté et un masque sur le visage… »

En tout cas, vous, vous pensez que la quatorzaine, il faut l’arrêter aussi ?
« Ce sont des conditions sine qua non. Jamais personne ne viendra, jamais un touriste international ne viendra en Polynésie pour se retrouver 14 ou 15 jour bloqué dans un endroit qu’il n’a pas choisi. »

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