Economie : 7.6% de perte de croissance en Polynésie

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Après 7 ans de croissance, la Polynésie enregistre une baisse jamais vue de son Produit intérieur brut (PIB). 7.6% de pertes : c'est ce que relève la dernière publication sur les comptes économiques rapides de la Polynésie pour l'année 2020. Le directeur de l'Institut de la statistique de la Polynésie (ISPF) Nicolas Prud'homme était notre invité :

Publié le 10/09/2021 à 13:55 - Mise à jour le 10/09/2021 à 15:05

Après 7 ans de croissance, la Polynésie enregistre une baisse jamais vue de son Produit intérieur brut (PIB). 7.6% de pertes : c'est ce que relève la dernière publication sur les comptes économiques rapides de la Polynésie pour l'année 2020. Le directeur de l'Institut de la statistique de la Polynésie (ISPF) Nicolas Prud'homme était notre invité :

7.6% de perte de croissance. Comment est-ce qu’on l’explique et comment on explique que la Polynésie soit en tête des territoires et collectivités d’Outre-mer ? En Guadeloupe par exemple, on enregistre une baisse de 3% en 2020, 4.2% à la Réunion, entre 5.6 et 6.7% en Nouvelle-Calédonie. C’est un choc profond pour le fenua ?
« La différence c’est que l’économie n’est pas structurée de la même façon. En Nouvelle-Calédonie par exemple, on va avoir le nickel qui va porter énormément la croissance économique comparé à la Polynésie où c’est le tourisme et les emplois attachés qui impactent beaucoup sur la croissance économique. (…) Il y a aussi le fait que le nombre de touristes sur les Antilles c’est environ 1 million par an et que ces deux îles, Guadeloupe et Martinique, ont eu des opportunités de pouvoir accueillir des touristes pendant l’année 2020, ce qui a porté leur croissance par rapport à la Polynésie. »

C’est 7.6% de perte de croissance. Quels sont les facteurs dans cette crise qui ont fait chuter ce chiffre ?
« Le moteur essentiel les années précédentes, c’est la consommation des ménages. Et là avec le confinement, la diminution des salaires, le nombre d’heures travaillées en moins, du coup c’est autant de pouvoir d’achat qui a été retiré aux ménages et donc de consommation.
Après on a également toutes les exportations; En économie les exportations c’est par exemple Air Tahiti Nui (ATN). Les billets d’avion qui sont vendus, c’est considéré comme des services à l’exportation. Et donc tout le secteur touristique a été énormément touché par le covid : ATN, les hôtels, un petit peu la restauration. Et donc ce sont tous ces emplois qui ont été détruits et l’impact économique sur le tourisme qui a réduit la croissance en 2020. »

Et pour autant, selon vous, dans cette chute, les aides du Pays ont permis de limiter la catastrophe. pourquoi ? En quoi finalement ?
« Pourquoi ? Parce que on a une caisse de chômage en France et donc dans les autres territoires ultra-marins que sont la réunion, la Guadeloupe, la Martinique ou la Guyane. Ici ça n’existait pas. Et de façon inédite, le Pays a soutenu, a proposé des aides aux entreprises, et donc toutes ces aides qui se montent à plus de 24 milliards depuis mars 2020, ont évité que la situation ne soit encore pire et donc contribué à soutenir la consommation des ménages. »

Les banques ont aussi contribué à ces aides. Elles ont été beaucoup sollicitées en 2020. Est-ce que selon vous elles vont pouvoir continuer à absorber les demandes sur cette année 2021 ?
« Sur les banques il y a aussi le Fonds de solidarité et le prêt garanti par l’Etat où c’est l’Etat français qui se porte garant et donc il n’y a pas de problème au niveau des banques. Ensuite la question qui va se poser, c’est quand est-ce qu’il va falloir rembourser. Au niveau français c’est étalé sur 4 ans, jusque 2026. Et après, selon les secteurs, ce qui a été dit en France c’est ‘le quoi qu’il en coûte est terminé’ et petit à petit il va falloir ajuster en fonction des secteurs et on ne pourra plus « arroser » sur toutes les entreprises. »

Sur 2021 vous avez également fait une estimation : une baisse de 2% du PIB. Est-ce que ce nouveau confinement ne va pas changer la donne ?
« En fait on était partis sur une base de plutôt 3% et suite aux dernières restrictions sanitaires, on a revu notre chiffre à 2%. Ça peut paraître faible mais on a quand même un peu plus de touristes en 2021 que en 2020. On était préparé au covid. C’est-à-dire que le premier confinement était très dur, les entreprises n’étaient pas préparées. Là il y avait un peu plus d’expérience en la matière. »

L’épargne des ménages de mars 2020 à juin 2021 est estimé à 37.2 milliards de Fcfp. Ce serait un réservoir de croissance selon vous non négligeable pour s’en sortir en 2022 ?
« Il n’y a pas que ça. Effectivement c’est important. ce qu’il faudrait c’est que cet épargne des ménages soit réinvesti dans le circuit économique de la Polynésie, qu’elle ne soit pas consommée à l’extérieur. On constate également une petite augmentation des prix, de l’inflation. Donc il ne faut pas non plus que cette inflation aille plus vite que les salaires parce que dans ces cas là les gens vont perdre du pouvoir d’achat et la croissance sera impactée. Et puis il y a un plan de relance qui a été mis en place au niveau du Pays et il faut espérer que ce plan de relance puisse porter ces fruits. »

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