Fresque vivante et documentée, prisme poétique d’un archipel méconnu, dires et élans d’hommes et de femmes jeunes, ce récit donne la parole à ceux qui l’ont eue – officiers de marine, soldats, missionnaires, représentants de l’État – et aussi à ceux qui ne l’ont pas eue : Iotété, Temoana, Pakoko, seigneurs, héros vaincus, autrefois aux prises avec l’âpreté du siècle de la métamorphose.
Unité et puissance du lieu, force de la langue, densité des personnages, poids de l’Histoire, héritages immémoriaux, soulèvent une même vague jusqu’à nous, d’une époque à l’autre, d’une civilisation à l’autre. Le livre est disponible aux éditions de l’Harmattan.
Extrait:
Dans la nuit, ils ont consulté les oracles des prêtres païens, reçu la bénédiction chantée des tuhuna o’o qui ont entonné le kouaka, litanie réputée protéger des coups mortels. Une dernière fois, avant l’aube, les guerroyeurs réunis par section de combat ont psalmodié le pukotoua, sorte de prière appelant à la déroute de l’ennemi. De loin, et surtout sans les voir,
ils ont reçu au petit jour l’encouragement final des choeurs de femmes : Toa kai hau ! Toa kai hau ! Les voici prêts. À la montagne, un peuple-nation ne faisant qu’un avec ses soldats, présent au monde, légataire du Temps. Au rivage, un État caché, centrifugeur de forces contraintes, avec, pardessus la peur répandue, une constante exsudation d’absurdité. Sur les hauteurs, des partisans ; à la côte, des conscrits. Ici, la puissance d’être soi ; là, une durable force d’obéissance. Ici, maîtrise de l’instant ; là, contrôle du temps historique.