On connaît Cannes pour son festival glamour, ses yachts, sa Croisette… On gagne aussi à quitter le bord de mer pour s’aventurer sur les hauteurs du quartier historique, où la ville promet de belles découvertes. Dans les vestiges du château médiéval, le « Musée des explorations du monde », propose un voyage à travers l’Antiquité, l’Orientalisme, et l’Art Primitif.
Cet établissement est dirigé depuis cinq ans par une passionnée au parcours remarquable, la Tahitienne Théano Jaillet. « J’ai un parcours particulier, commence-t-elle. Après mon bac à Tahiti, je suis partie faire de l’histoire de l’art à Toulouse. J’étais très intéressée par l’Antiquité grecque et j’avais pour ambition de devenir professeur » . Ce n’est que plus tard, lorsqu’elle s’interroge sur ses propres racines, qu’elle s’oriente vers l’Océanie. « Je suis partie à l’École du Louvre, à Paris, où je me suis spécialisée en Océanie. J’ai vécu 4 ans au Mexique, où j’ai continué à travailler sur tout ce qui était conservation, géologie et gestion de musée » .
Elle effectue son retour au fenua par la grande porte, à savoir la direction du musée de Tahiti et des Îles, qu’elle dirige de 2011 à 2016. Mais la jeune femme ne prend rien pour acquis et gagne encore du galon en passant le concours métropolitain de conservateur du patrimoine, qu’elle réussit. « À la sortie de l’école, j’ai postulé à la ville de Cannes, qui proposait une collection très riche et notamment une très belle collection océanienne » . Elle prend alors la direction des musées de la ville du Sud de la France. Fin Novembre, elle recevait ainsi Moetai Brotherson au Musée des explorations du monde.
– PUBLICITE –
Celui-ci propose une collection de 200 objets océaniens, rapportés par un journaliste et voyageur français, Edmond de Ginoux de la Coche, dans les années 1840. Parmi les objets phares du musée, une représentation d’ancêtre (varua ino ou mauvais esprit, comme l’appelait Ginoux de la Coche). « En fait, c’est un superbe tiki marquisien qui a été orné avec un collier de dents et de perles » . Autre pièce notable, le Atua maitai, et d’autre pièces importantes qui ont appartenu à des personnalités du fenua. « On a par exemple le diadème de Iotete, grand chef de Tahuata. On a les ornements de poignets et de chevilles, en cheveux humains, qui ont été donnés à Ginoux de la Coche par le chef Pakoko de Nuku Hiva » , énumère-t-elle.
« J’aime beaucoup les objets raffinés, simples, sans trop d’ornementations exacerbées, explique-t-elle. On a de ces objets, qui ont une force incroyable. J’ai l’impression de ressentir le mana de chez nous, de contribuer à mon échelle, malgré la distance, à faire connaître ces cultures exceptionnelles » .