« Le service de la culture et du patrimoine (SCP) a constaté, lundi, qu’un effondrement était survenu sur le ahu de Taputapuātea – le ahu d’un marae est assimilable à l’autel d’une église par le caractère le plus sacré qu’il représente – durant le week-end du 18 au 19 novembre.
– PUBLICITE –
L’ensemble du marae Taputapuātea est protégé depuis 1952 : il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial pour sa valeur universelle exceptionnelle en juillet dernier. Dès lors, la Polynésie française s’est engagée à la mise en place d’un plan de gestion et un suivi permettant d’assurer la sauvegarde de cet ensemble, qui illustre de manière exceptionnelle 1 000 ans de civilisation mā’ohi.
La cartographie des risques qui a été dressée dans ce cadre a permis d’identifier en premier lieu la nécessité d’assurer le suivi, deux fois par an, de l’état de conservation des structures archéologiques et de prévoir les restaurations nécessaires.
Les 9 et 10 octobre derniers, l’entreprise Société Méditerranéenne de Bâtiment et Rénovation (SMBR), spécialisée dans la restauration du patrimoine et des monuments historiques, a réalisé un diagnostic du Marae à la demande du SCP. Cette société a précédemment participé à la restauration de la cathédrale de Rikitea. Ce diagnostic a confirmé l’urgence et l’étendue des travaux nécessaires pour consolider le ahu de Taputapuātea. Cette portion du marae avait fait l’objet d’une restauration sommaire en 2012, suite à un premier effondrement. Des travaux de plus grande ampleur vont donc être engagés afin de consolider les fondations des parois extérieures, qui sont soumises à la pression de la partie intérieure de la structure.
Le 24 novembre prochain, la commission du patrimoine historique, organe dont la consultation préalable est obligatoire pour des travaux sur les monuments historiques, statuera sur le lancement des premiers travaux d’aménagements, dont ceux de restauration. A cet effet, le premier point inscrit à l’ordre du jour concerne l’avant-projet sommaire pour l’aménagement du site. Il s’agit de concilier le caractère sacré de ce patrimoine et la nécessité d’en faciliter sa visite selon un cheminement permettant d’en appréhender les éléments majeurs.
L’objectif est de restaurer, de pérenniser, de mettre en valeur les atouts et de répondre au nouveau statut du site. L’aménagement consiste à mettre en place une organisation et une gestion paysagère optimales de l’espace en adéquation avec la sacralité de ce lieu par la réalisation d’écrins végétaux comme naguère et la dissimulation d’ouvrages récents.
Préalablement à cet aménagement qui est attendu pour la fin 2018, la commission du patrimoine historique examinera les opérations visant à préparer le complexe en vue d’organiser la circulation sur le site.
Un cheminement sera réalisé en pierres basaltiques formant un entonnoir. Il invitera les visiteurs à emprunter l’entrée principale du site. Ce qui permettra également la mise en place d’un système de comptage des visiteurs donc de pouvoir disposer d’une mesure plus précise de la fréquentation du site. Une barrière en bois viendra clôturer la limite côté ouest afin de sécuriser l’ensemble.
Enfin, l’aménagement paysagé sera revu d’une part en procédant à l’abattage des arbres d’introduction récente et d’autre part en créant un lien visuel entre différentes structures, en introduisant des essences endémiques et indigènes.
Ces travaux visent également à informer le public du caractère sacré et du respect qui doit être strictement observé sur le site. La présence récurrente de personnes se tenant sur les structures archéologiques relayée par les réseaux sociaux sont des facteurs aggravant pour la conservation de ce patrimoine exceptionnel.
L’inscription du complexe de Taputapuātea au patrimoine mondial a engagé la Polynésie à la sauvegarde de cet ensemble exceptionnel. Ces actions seront toutes mises en œuvre. »