Quand l’art se conjugue au féminin

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Publié le 13/10/2016 à 11:33 - Mise à jour le 13/10/2016 à 11:33

Afin de promouvoir  les échanges artistiques entre artistes d’Océanie et de contribuer au développement des arts dans nos communautés respectives, et de reconnaître les femmes pour ce qu’elles sont et ce qu’elles apportent à la société en terme de créativité artistique, le Centre des Métiers d’Art en partenariat avec la Délégation à la famille et à la condition féminine organise la première rencontre intitulée « Femmes peintres d’Océanie « . L’exposition se tiendra ce vendredi à partir de  18h30 au Centre des Métiers d’Art à Mamao.
 
Micheline Néporon, Denise Tiavouane et Paula Boi Gony ont profité de cette semaine pour échanger avec  les élèves du CMA. Partage du savoir-faire, les  différentes façons d’aborder la création et le rapport océanien à la peinture. Rencontres avec Paula Boi Gony et Denise Tiavouane, deux femmes à l’art pictural confirmé.

 

Paula Boi Gony est née à Koumac. Elle a exposé à titre individuel et a participé à de nombreuses expositions collectives, tant en Nouvelle-Calédonie que dans le Pacifique, en Australie et à Bâle. Outre les diverses éditions de l’exposition « Ko I Névâ  » à Nouméa, elle a également collaboré à la Biennale de Nouméa en 1994 et à la Triennale Asie Pacifique, à Brisbane en 1999. Elle travaille aussi en tant que graphiste et illustre des affiches, des livres… Dans ses œuvres, elle réinterprète sa compréhension des origines, des lois de la société kanak et de ses valeurs symboliques.
 

« Comme je savais qu’il y avait un atelier gravure, j’ai ramené avec moi des graines de bancouliers noircies que j’utilise pour mes gravures sur bambou ». C’est en regardant un des élèves travailler le bambou que Paula lui a proposé d’utiliser les graines pour faire ressortir les motifs qu’il avait gravé.

« Il les a testé devant moi, et il s’est mis à crier de joie. Il s’est levé, il a pris toutes les graines puis il a disparu. Et quelques heures après il est revenu avec son bambou gravé et terminé. »

La technique de la noix de bancoulier, est une technique qui avait quasiment disparue et que Paula a remise au goût du jour. « Dés que j’en ai l’occasion, dans les tribus, les écoles, je l’utilise. Et l’effet sur les enfants est immédiat. C’est magique, disent-ils, elle est magique ta graine. »

A l’origine, Les bambous gravés chez les Kanaks, étaient des bâtons de mémoires, « Ils racontaient des événements qui s’étaient passés au sein de la tribu ou du clan et parfois du pays tout entier. »  Parfois, ils faisaient office de « grigri », de protection pour la personne qu’il le portait. « On mettait à l’intérieur, des herbes protectrice pour la personne qui voyageait à travers le pays. »

 

Denise Tiavouane, est originaire de la tribu de Saint-Gabriel, à Pouébo, Elle est perpétuellement, à travers son travail, à la recherche de ses racines culturelles. Elle considère que les artistes ont une responsabilité par rapport à la société.

Dans son cas, il s’agit notamment de contribuer à transmettre l’identité kanak aux jeunes. Elle a exposé à titre individuel et participé à diverses expositions internationales et en Nouvelle-Calédonie. Denise Tiavouane était dernièrement, avec le soutien de l’ADCK et de la Commune de Païta, une des artistes de l’exposition collective « Paradise Now ? » qui s’est déroulée à New York.

A travers sa peinture, Denise exprime la force de la femme. Elle tente de s’exprimer comme une « maman » à l’adresse des peuples du Pacifique. Comme support d’expression elle utilise le tissu.

 « Le tissu me parle. c’est un objet occidental qui est arrivé chez nous et que le Kanak a mis en valeur ». Ses échanges avec les jeunes du CMA, « Je suis venu transmettre mon savoir-faire, et ces jeunes, ont un besoin de recevoir. C’est important pour moi de ressentir ce besoin et de leur donner un repère identitaire et leur ouvrir le chemin vers leur avenir ».

Peinture, gravure, sculpture, installations, ces femmes Kanaks utilisent tous les moyens mis à leur disposition afin que leurs œuvres, à l’image de ces bâtons de mémoire, s’expriment, parlent et racontent des histoires.  Faire en sorte que la mémoire d’un peuple et d’un océan ne meure jamais. Et on a pas trouvé meilleur moyen que l’art pour y parvenir….
 

Rédaction Web avec ​Laure Philiber, Tauhiti Tauniua Mu San. 
 

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