Iker, 8 ans, va passer la journée chez sa grand-mère dans le district de Tevaitoa à Raiatea. Une fois le portail franchi, le tahitien est la seule langue tolérée.
Car Mélanie est intransigeante et déterminée : ses petits enfants doivent parler le reo ma’ohi. « Ce n’est pas une obligation, mais je veux qu’il sache parler le tahitien. C’est ta culture, ta langue. Quand tu es Tahitien, tu parles tahitien. »
Iker est habitué et il se prend au jeu. Chez mamie Mélanie, les tâches ménagères et autres activités se font uniquement en tahitien. Alors pendant les échanges, il va tenter de comprendre et parfois même, de déchiffrer certaines phrases. « Je comprends, mais des fois pas. Il faut faire des efforts parce que ma mamie elle me montre le balai niau. Mais j’aime beaucoup passer du temps avec elle.«
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Iker aime beaucoup chanter. Un goût pour la musique qu’il partage avec son arrière-grand-père et l’occasion pour sa grand-mère de lui apprendre quelques Ute et tarava. Parfait pour enrichir le vocabulaire. « Il aime vraiment le tahitien. (…) Il aime la culture tahitienne. »
Grand-mère comblée, Mélanie se rappelle d’un temps où le tahitien était encore banni des écoles. « Quand on parlait en tahitien à notre époque à l’école, on était punis. Et aujourd’hui, on met le reo maohi dans le programme scolaire… J’espère que ce n’est pas trop tard, mais c’est une bonne chose. »
Autre île, autre décor… avec ses origines basques, Les Etchecopar tentent de perpétuer la pratique de leur langue. Loin de chez eux, dans un pays où on parle français et tahitien, les interlocuteurs sont rares.
Alors pour préserver la langue, c’est aussi en famille qu’on s’exerce, en particulier autour des repas. « Mes parents me parlaient basque à la maison, mes oncles mes tantes, raconte Maider. Et je voulais faire ça avec mes garçons. Et j’ai trouvé aussi que c’était le moyen efficace de la transmettre. »
Si les garçons ont appris le basque dans une école immersive, la pratique ce fait à la maison. Pour Maider, parler sans cesse et surtout sans gêne est primordial. « Une langue ne disparait pas parce que les gens arrêtent de l’apprendre. Une langue peut disparaitre quand ceux qui la parlent cessent de la transmettre. Je crois en ça. Que ce soit le tahitien, le marquisien, c’est notre rôle à nous les parents de transmettre… »