Nuutania : des légendes polynésiennes contées aux détenus

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Publié le 14/09/2016 à 12:00 - Mise à jour le 14/09/2016 à 12:00

Des conteurs ont offert un moment privilégié aux détenus de Nuutania mercredi. Une quarantaine d’entre eux se sont rassemblés sur les bancs de la chapelle de la prison pour écouter des légendes de Hawaii et de l’île de Pâques. « Vous faites partie de la Polynésie, ce n’est pas parce que vous êtes en prison que vous êtes à l’écart de cela » a expliqué devant l’assemblée Yvan Colins, directeur adjoint du SPIP.

Kimi Ora Hey Araki, une Pascuane, est à l’initiative de cette première après-midi d’échange avec les prisonniers. Une autre devait avoir lieu ce jeudi. 
Accompagnée d’une interprète, Kimi a conté aux détenus l’histoire de son roi arrivant jusqu’à Rapa Nui. Une histoire importante car il s’agit de savoir d’où l’on vient et comment les ancêtres ont évolué et formé ce qu’est la Polynésie aujourd’hui. « C’est une vraie découverte, c’est très beau. Même si parfois c’est différent, on sent que nous sommes le même peuple », a confié un jeune détenu de 19 ans.

Kimi a envoûté son auditoire, entrecoupant son histoire de chants et danses. « C’est la première fois que je vis un échange avec des prisonniers. Etre aussi jeune et avoir la possibilité de partager quelque chose de si petit mais de si grand à la fois, est extraordinaire. Je suis fière », a confié la jeune femme à la fin de son intervention. 

Après une intervention de la conteuse Léonore Canéri, venue raconter avec dynamisme et passion l’histoire du jeune Mao’hi à la recherche de sa mère, c’est le Hawaiien Moses Goods qui est entré en scène. Les prisonniers ont tenu à ce que ce dernier conte soit en hawaiien. Moses est monté sur la table, s’est accroupi et s’est mis à chanter.  » Je viens vous raconter l’histoire de nos ancêtres, l’histoire du dieu Kamapua », a-t-il déclaré avant de commencer. Moses a mimé, grimacé, bougé, pleuré… Nul besoin de comprendre la langue pour saisir le sens de l’histoire. Les détenus ont apprécié l’histoire de ce dieu hawaiien, Kamapua. Connu pour aimer les femmes, il voyagea jusqu’à  jusqu’à Kahiti (certains racontent qu’il s’agit de Tahiti) où il rencontra la déesse du feu. Il souhaitait l’embrasser. « La suite, je vous la raconterai un autre jour« , a lance le conteur à la fin de son intervention.
 
Tous les détenus ont apprécié la rencontre avec les conteurs. L’échange de se jeudi devait se faire avec un tatoueur et un sculpteur. « Ces moments sont très importants. Il faut mélanger les détenus avec les événements polynésiens. Beaucoup d’entre eux sont en rupture d’identité, notamment les jeunes, c’est donc fondamental de les raccrocher à leur identité polynésienne », a expliqué Yvan Colin, très satisfait de cet échange avec le festival et la Maison de la Culture, avec qui il travaille déjà par ailleurs. Yannick Massard, directeur de la prison, a été tout aussi ravi. « Grâce à ce type d’intervention, Nuutania fait partie de la cité, on est associé à la vie culturelle polynésienne ». Si les détenus sont de cette manière reconnectés à la culture, il en va de même pour les intervenants. « J’ai déjà travaillé avec des prisonniers, mais c’est la première que je me sens aussi connecté avec eux. J’ai ressenti beaucoup d’émotions. C’est incroyable ! « , a confié Moses, encore bouleversé par cet échange.
 

(Avec communiqué, texte de Suliane Favennec)

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