L’art du tapa, un savoir-faire ancestral qui tend à disparaître

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Le tapa, symbole d’un savoir-faire ancestral, de l’artisanat et de la culture polynésienne, est à l’honneur à Raiatea pour près de deux semaines. Hinatea Colombani, présidente du centre culturel et artistique Arioi de Papara, et deux de ses collaborateurs se sont rendus sur l’île sacrée à la demande de l’association A Nui Taputapuatea. Leur déplacement vise à piloter plusieurs ateliers culturels, dont celui sur la fabrication d’une étoffe en tapa…

Publié le 18/04/2021 à 11:53 - Mise à jour le 19/04/2021 à 10:16

Le tapa, symbole d’un savoir-faire ancestral, de l’artisanat et de la culture polynésienne, est à l’honneur à Raiatea pour près de deux semaines. Hinatea Colombani, présidente du centre culturel et artistique Arioi de Papara, et deux de ses collaborateurs se sont rendus sur l’île sacrée à la demande de l’association A Nui Taputapuatea. Leur déplacement vise à piloter plusieurs ateliers culturels, dont celui sur la fabrication d’une étoffe en tapa…

« On s’attend à taper comme un malade pour l’élargir au maximum, et bien non, en fait c’est tout un procédé qui demande beaucoup de minutie et beaucoup de patience », témoigne surpris Stevens Varney, un habitant de Taputapuatea.

Depuis le début de la semaine, le battage des écorces rythme les journées de Hinatea et Moeava… Tous deux transmettent leur savoir-faire relatif à la confection des étoffes et des teintures végétales. Une pratique qui jadis était très répandue dans les îles mais qui, depuis la colonisation de la Polynésie, tend à disparaître peu à peu.

Pour certains participants dont la présidente de l’association A Nui Taputapuatea, Titaua Raapoto, c’est un retour aux sources, « mais surtout qu’on comprenne que le TAPA avait un rôle important dans la société traditionnelle polynésienne et que nous avons perdu tout son sens. Et c’est ce que nous voulons faire aujourd’hui : faire comprendre que ce TAPA, il rythmait toute la vie des Polynésiens, de la naissance jusqu’au-delà de la mort. Et donc nous n’attendons que ça, qu’il y ait un réveil de la culture et cela, je pense que c’est le tapa qui va nous permettre de le faire ».

(crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Chaque atelier est associé à un cours d’histoire et parfois même à de la botanique. Fabriquer et teinter une étoffe de tapa nécessite aussi des connaissances du monde végétal, notamment des plantes tinctoriales. Un moment de partage que l’on retrouve de moins en moins auprès de nos ainés.   

Ce problème de transmission, Jean Mere, membre de l’association, l’explique par parfois un manque de volonté de la part des matahiapo. « Quand on entend les personnes âgées, ceux qui sont détenteurs de savoir, ils nous disent  « venez à nous, nous sommes prêt à vous donner cette connaissance ». Mais aujourd’hui c’est très difficile, parce que tu vas voir des personnes âgées, ils vont te dire aujourd’hui « d’accord », mais demain tu retournes, ils vont te dire « on peut pas parce que je n’apprécie pas untel, je n’aime pas untel ». Donc si ces personnes âgées ne nous donnent pas leurs connaissances, on ne pourra jamais avancer. Ils vont mourir avec leur connaissances et donc nous aussi les jeunes, on va mourir sans connaissance ».  

En attendant le réveil des anciens, les participants s’enrichissent de toute cette connaissance et attendent la suite avec impatience.

(crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

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