La plateforme polynésienne E-Reo au secours des langues indigènes autochtones d’Amérique

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Sauver les langues en péril : c'est l'objectif de la plateforme E-Reo de la startup polynésienne Speak Tahiti – Paraparau Tahiti. Sébastien Christian directeur E-Reo participait la semaine dernière à la conférence internationale pour la documentation, l'éducation et la revitalisation des langues indigènes. Un peuple amérindien a déjà eu recours à la plateforme du fenua pour développer des outils d'apprentissage. D'autres pourraient suivre.

Publié le 18/10/2023 à 13:37 - Mise à jour le 18/10/2023 à 13:37

Sauver les langues en péril : c'est l'objectif de la plateforme E-Reo de la startup polynésienne Speak Tahiti – Paraparau Tahiti. Sébastien Christian directeur E-Reo participait la semaine dernière à la conférence internationale pour la documentation, l'éducation et la revitalisation des langues indigènes. Un peuple amérindien a déjà eu recours à la plateforme du fenua pour développer des outils d'apprentissage. D'autres pourraient suivre.

La Polynésie était représentée à la conférence internationale pour la documentation, l’éducation et la revitalisation des langues indigènes (ICILDER) le week-end dernier à l’université de l’Indiana aux États-Unis.

L’équipe de la plateforme E-Reo a été sélectionnée pour animer un Workshop sur l’utilisation d’applications mobiles dans l’apprentissage des langues.

Initiée par la start-up Speak Tahiti – Paraparau Tahiti, E-Reo « permet de déployer des applications pour l’apprentissage et la diffusion de langues autochtones, expliquait précédemment Heiura Itae-Tetaa foncatrice de l’entreprise polynésienne. On n’est ni un Babel ni un Duolingo. On permet à d’autres langues d’être autonomes, de se saisir d’une plateforme simple d’utilisation et de déployer différentes applications.

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Lors de cette conférence aux États-Unis, une quarantaine de tribus et nations autochtones et amérindiennes des Etats-Unis, Canada, Mexique, Brésil, Pérou ou Nouvelle-Zélandes étaient réunis pour discuter de l’utilisation des nouvelles technologies dans l’apprentissage et la promotion des langues indigènes autochtones en Amérique du Nord et dans le monde.

Sébastien Christian, directeur de E-Reo, accompagné de Anna Suelly Arruda Câmara Cabral, linguiste (Brésil) et Sir Timoti Karetu, linguiste et auteur maori, conférenciers principaux de Icilder. Crédit : Speak Tahiti – Paraparau Tahiti

« C’était la première fois qu’il y avait un événement tourné autour des technologies de l’apprentissage et de la diffusion des langues autochtones », déclare Sébastien Christian directeur E-Reo. Pour l’instant, E-Reo est le seul outil au monde à permettre aux locuteurs de créer des outils numériques pour l’apprentissage de leur langue. « Le travail qui a été fait, c’est un travail de documentation par des dictionnaires qui sont en ligne, un peu comme le Fare Vana’a ici. (…) Personne pour le moment n’a vraiment une stratégie pour mettre des applications mobiles encore plus offline dans la main des plus jeunes générations et c’est vraiment ça le besoin qui est ressenti ». Car E-Reo permet de créer des applications qui vont pouvoir être utiliser sans accès à internet. Un atout non négligeable dans certaines parties du monde.

Des applications du quotidien comme la météo ou la calculatrice, et ludiques. « La calculatrice et la météo ont eu beaucoup de succès parce qu’on est vraiment dans « comment on remplace des app de la vie de tous les jours par des applications en langue locale » et ça c’est très nouveau. On a eu un excellent accueil sur tout ça. »

La Tolowa-dee-ni natio, un peuple amérindien a déjà eu recours à E-Reo. « Ce sont les premiers à avoir utilisé E-reo pour transformer leur dictionnaire en un dictionnaire digital, en application mobile sans accès internet nécessaire. » Après la participation à cette conférence, l’entreprise du fenua espère attirer d’autres peuples amérindiens.

E-Reo a pour l’instant permis de déployer des outils pour 7 langues différentes. Et nos cousins du Pacifique, également présents au Icilder se sont montrés intéressés. « Les Hawaiiens étaient particulièrement intéressés parce qu’on avait quelques exemples déjà en Hawaiien. On a un client Hawaiien donc ils pouvaient voir des résultats dans leur langue. Ils étaient vraiment super contents. La Nouvelle-Zélande était très intéressée aussi. »

Des exemples d’applications en Hawaiien existent déjà. Crédit : Speak Tahiti – Paraparau Tahiti

Sur plus de 6.000 langues indigènes répertoriées dans le monde, près de la moitié sont en danger d’extinction et 1 500 de disparition immédiate, selon une étude de 2021 dont l’Unesco s’était fait l’écho en décembre.

Les Etats-Unis ont le nombre le plus élevé de langues menacées de mort, 143 sur 219, suivis par le Canada avec 75 sur 94, selon The Language Conservancy (TLC), qui a développé un logiciel pour accélérer la sortie de dictionnaires.

Il y avait 400 à 500 langues autochtones parlées de l’Atlantique au Pacifique, avant l’arrivée il y a 500 ans des Européens qui a décimé les Amérindiens. 

Kathryn Nuñez, responsable du développement en Amérique du Nord de E-Reo, native américaine, et Wilhem Meya, CEO de TLC. Crédit : Speak Tahiti – Paraparau Tahiti

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