Heremoana Maamaatuaiahutapu : « Le bilinguisme n’est pas une tare, c’est un atout »

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Situation de l'artisanat en Polynésie, modélisation 3D des sites culturels classés ou encore l'importance de sauvegarder le re'o tahiti... Autant de thématiques abordées avec le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, sur le plateau de notre JT, mardi soir.

Publié le 14/04/2021 à 10:21 - Mise à jour le 14/04/2021 à 11:49

Situation de l'artisanat en Polynésie, modélisation 3D des sites culturels classés ou encore l'importance de sauvegarder le re'o tahiti... Autant de thématiques abordées avec le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, sur le plateau de notre JT, mardi soir.

Malgré la satisfaction et le soulagement des artisans de l’exposition Tahiti I Rima’i, on note une certaine déception du public par rapport à la quantité limitée de produits artisanaux présentés. Une explication ?
« La règlementation ne prévoit que 10m2 par artisan. Donc pour l’ouverture, on a essayé quand même de voir ce que ça pouvait donner. Petit à petit, on va bien sûr adapter les produits qui vont être proposés en prenant compte de la surface qu’ils doivent occuper. Il y a toujours ce problème du nombre d’artisans qu’on peut accueillir dans ce genre de manifestation. D’habitude, par exemple, dans le hall de l’assemblée, on est souvent autour de 80 exposants. Là il y a 19 exposants, du fait des distances qu’on doit mettre en place et des circuits de circulation du public, donc c’est quand même un peu compliqué. D’où l’idée d’éclater la manifestation sur 3 sites, ce qui nous permet d’accueillir environ 50 artisans chaque semaine, […] pendant 9 semaines. Ce qui nous permettra de proposer à 450 artisans, qui pour la plupart n’ont plus aucun revenu depuis plus d’un an, de vendre à nouveau leurs produits. On fait avec la règlementation. »

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On imagine que l’organisation d’un tel événement a nécessité d’énormes moyens humains et financiers ?
« Je tenais à saluer la participation de nos 3 sites qui nous mettent à disposition gratuitement ces sites. Que ce soit l’Assemblée, la CCISM ou le centre Vaima, je tenais à saluer leur initiative qui permet finalement d’avoir des dépenses moindres et de prendre en charge, nous à notre niveau, tout le reste des dépenses afin de proposer ces stands pendant deux mois à nos artisans. Il faut qu’ils se refassent une santé financière et pendant ce temps-là, nous allons retravailler le calendrier des manifestations parce que se profile déjà la question du Heiva Rima’i ».

« Je pense qu’il va falloir revoir complètement, ou en partie, la manière dont on va organiser les manifestations »

Heremoana Maamaatuaiahutapu, Ministre de la Culture

Cet étalement de la manifestation sur deux mois, est-ce que c’est lié aussi à la réouverture potentielle des frontières annoncée pour le 1er mai ?
« Non, lorsque nous avons commencé à travailler sur cette programmation, la question de la réouverture honnêtement ne nous a pas trop préoccupé […]. L’idée là, c’est de pouvoir offrir à un maximum de personne la possibilité d’exposer et de vendre. En étalant la manifestation sur 9 semaines, on touche, comme je l’ai dit, 450 artisans. C’est 450 familles qui vont pouvoir avoir quelques revenus et ça permettra aussi aux fédérations de se reconstruire une santé financière pour pouvoir relancer derrière des manifestations artisanales telles qu’on les connaissait. Mais il faut aussi qu’on soit dans notre perspective un peu résiliente parce que, je pense qu’il va falloir revoir complètement, ou en partie, la manière dont on va organiser les manifestations ».

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Dans un autre domaine, vous vous êtes rendu mardi matin sur le site du Marae Ta’ata à Paea. Une visite qui rentre dans le projet de modélisation 3D des sites culturels classés de Polynésie.
« La technologie LiDar, c’est une technologie qui nous permet au niveau scientifique d’avoir des données beaucoup plus précises sur, par exemple là, le Marae Ta’ata d’une part. Mais je souhaitais aller beaucoup plus loin. C’est qu’au delà de l’aspect archéologique, on puisse aussi avoir une vision un peu pédagogique, et proposer à nos enfants avant tout de pouvoir visiter de manière complètement virtuelle un site, d’avoir des informations qui ne sont pas sur le site. Puisque c’est toujours un peu compliqué d’avoir des panneaux d’affichage sur un site archéologique, c’est aussi de la pollution visuelle malgré tout. En faisant cette visite virtuelle, on peut avoir des informations sur le site et donc derrière, on va aussi essayer de toucher un public touristique avec des traductions de ces sites. Mais d’ores et déjà, en étant à la maison, on peut visiter le Marae Ta’ata. Et l’idée, c’est de multiplier cette opération sur le Marae Taputapuatea, sur le Marae Maha’iatea et, encore une fois, en dehors de l’aspect 3D visuel, c’est d’avoir de l’information sur ces sites parce qu’on a tendance aussi à oublier notre histoire. Donc là, c’est aussi du partage d’information ».

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La Polynésie est en passe de recenser son tout premier agrégé en langue tahitienne, une distinction accessible que très récemment aux enseignants du fenua.
« C’est une bonne nouvelle, en plus qui vient se cumuler avec celle de la loi qui a été votée à l’Assemblée nationale sur les langues régionales. Donc la question moi, que je commence à poser sur ce décret, c’est est-ce qu’on va pouvoir désigner à nouveau les langues polynésiennes comme langues officielles du Pays ? Il faut absolument que sur le développement de la pratique des langues, au delà des lois, au delà des diplômes, que les familles polynésiennes s’intéressent à nouveau à la sauvegarde de leur langue. Le bilinguisme n’est pas une tare, c’est un atout ».

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