Heiva i Tahiti avec un Temaeva grandiose

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La deuxième soirée du Heiva a eu lieu samedi 2 juillet, commençant respectivement avec le groupe de danse Feti’a Ori Hei, le pūpū himene Reo Papara et le très attendu Temaeva en catégorie Hura Tau. Les artistes ont chanté et dansé leur légende avec émotion. L’occasion pour nos interprètes de communiquer des messages sur l’importance de notre culture et notre patrimoine.

Publié le 03/07/2022 à 16:10 - Mise à jour le 04/07/2022 à 9:54

La deuxième soirée du Heiva a eu lieu samedi 2 juillet, commençant respectivement avec le groupe de danse Feti’a Ori Hei, le pūpū himene Reo Papara et le très attendu Temaeva en catégorie Hura Tau. Les artistes ont chanté et dansé leur légende avec émotion. L’occasion pour nos interprètes de communiquer des messages sur l’importance de notre culture et notre patrimoine.

Feti’a Ori Hei – hura ava tau

Après 10 ans d’absence, la troupe Feti’a Ori Hei, créée en 2011, revient sur la scène de To’ata. Leur thème : « La tortue sacrée, Honu’ura » qui a pris son ancrage à Ra’iatea. La chefferie Mano Tahi, clan allié des Teva, est attristée de retrouver un guerrier Honu, mort sur la plage de sable noir de Teonuri. Ce meurtre ne peut rester impuni. Tapu ultime, cet acte est indigne des lois et des traditions polynésiennes. Une course poursuite s’ensuit et le meurtrier Puna est retrouvé. Les guerriers lui arrachent les yeux pour les lancer au tir à l’arc dans la vallée de Matate’a, ses deux mâchoires sont jetées dans la passe de Ta’apuna, puis le corps est brûlé. Enfin, ils découpent son corps en 12 morceaux et les restes sont éparpillés aux 4 coins du monde. La sentence se veut exemplaire. Les cieux s’éclaircissent et les clans sont à nouveau réunifiés.

En catégorie Hura Ava Tau, Edwin Bernardino, chef de groupe et costumier, alterne entre des tenues simples et travaillées. L’orchestre de la troupe et le maestro Wilton Itae-Tetaa ont brillé dans leur interprétation musicale et le rythme soutenu de leurs toere.

Reo Papara – tārava Tahiti

Reo Papara se singularise et se démarque par des voix tonitruantes et harmonieuses. Des voix puissantes qui retentissent dans tous les gradins de To’ata. Le chœur est dirigé depuis 2015 par Mike Teissier et assisté depuis ses débuts par Ueva Danny et Motahi Nathalie. Le pupu hīmene initialement appelé Tamarii Papara remporte de nombreux prix. En 2017, celui-ci remporte la victoire et c’est dans une explosion de joie que le premier prix « moeroa a moeroa » lui est décerné.

Pour cette année, le groupe de chant nous fait voyager à travers son grand mata’eina’a Papara, en énumérant les lieux et les noms importants ayant un attachement avec le Tapa. C’est également à travers le hīmene ru’au et la légende de Hina que l’étoffe du Tapa retrace son origine, « Tapa notre patrimoine – ‘E Tapa to’ū ».

Temaeva – hura tau

Instituée par Coco Hotahota le 22 février 1962, Temaeva est la troupe de danse la plus ancienne et la plus titrée dans le monde du ‘Ori tahiti. Artiste dans l’âme, homme de culture, visionnaire dans sa jeunesse, puis conservateur à la fin de sa vie, Coco Hotahota prônait un retour aux fondements mêmes de la danse tahitienne, de ses rites, de ses pratiques et de ses valeurs. Son objectif était de permettre à la jeunesse polynésienne de s’emparer de leur culture et être les porteurs de ce patrimoine unique avant d’introduire une vision contemporaine.

Cette année, ce prestigieux vivier de la danse traditionnelle et épicentre d’une foisonnante création artistique, remonte sur la scène de To’ata, sans son père fondateur, et ambitionne d’inscrire un autre titre à son prestigieux palmarès. Selon l’adage de Sigmund Freud, il faut tuer le père pour devenir un homme. Aujourd’hui, la troupe Temaeva vole de ses propres ailes en se renouvelant et en interprétant le thème de l’écho venant de la vallée. La cheffe de groupe Cathy Puchon et son équipe assurent la relève avec brio. Tout en marchant dans les traces de Coco Hotahota, la troupe a su apporter de la nouveauté, de la sensualité, de l’émotion et de l’effervescence dans les chorégraphies et les costumes. Ce spectacle fut notamment l’occasion pour la troupe et le public, venu nombreux, de rendre hommage à Coco Hotahota. Un émouvant et solennel discours a été prononcé par Fabien Mara Dinard, directeur du conservatoire – Te Fare Upa Rau et ancien élève de Coco Hotahota. Un recueillement partagé par toutes les personnes présentes. Souvenons-nous des mots de Coco Hotahota : « Soyez en paix, soyez en paix, soyez en paix ! ».

Viri Taimana, directeur du Centre des Métiers d’Art, mais aussi artiste, ‘orero, acteur, défenseur de la culture polynésienne et auteur du thème « l’écho venant de la vallée », nous livre une interview en exclusivité pour TNTV : « Comme l’expliquent nos traditions orales, l’écho venant de la vallée transporte des voix, des bruits, des chants, et plein de choses parfois mystiques. En écrivant ce spectacle, je me suis dit qu’il était temps de revenir vers la vallée, la faune, la flore et la nature. Ces éléments constitutifs du patrimoine polynésien sont là pour rappeler à nos citadins, hackers, likeurs, que la nature est bien présente. Regardez-la ! Ce n’est pas du virtuel, Apprenez votre langue à travers tout ça ! Il faut que nous soyons prudent dans cet univers et nous devons préserver ce patrimoine. Notre culture polynésienne est imbriquée et en osmose avec la nature. L’écho de la vallée, c’est aussi le moyen de parler du cycle de la vie, du patrimoine polynésien, du Matari’i i nia, du Matari’i i raro les périodes d’abondance et de disette de la terre. Tout est lié ! Il y a un ordre naturel dans lequel nous sommes tous régis, et nous devons le suivre et prendre plaisir à pratiquer nos langues et notre culture, issues de nos anciens et de nos familles ».

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