FIFO 2020 : tristes destins à déconstruire

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Le Festival international du film documentaire océanien débutera le 1er février. Premier aperçu des films en compétition, souvent très sombres, malgré quelques notes d’espoir.

Publié le 25/01/2020 à 9:00 - Mise à jour le 27/01/2020 à 9:08

Le Festival international du film documentaire océanien débutera le 1er février. Premier aperçu des films en compétition, souvent très sombres, malgré quelques notes d’espoir.

L’Océanie souffre, et le FIFO le montre. Elle souffre de la colonisation, du choc des cultures… mais aussi du pillage de ses eaux, de racisme, de violences conjugales, du tourisme de masse, ou encore de conflits fonciers. Ce sont ces faces sombres, loin des cartes postales, que montrent ces documentaires. Le choc est parfois violent, mais c’est aussi le rôle du documentariste : plonger la plume, et la focale, dans la plaie.

« Eating up easter »

Eating Up Easter, par exemple, dévoile les montagnes de déchets qui s’amoncellent à l’Île de Pâques, en marge de la joyeuse Tapati et de sa Farandula débridée. Il y a à peine 7000 habitants à Rapa Nui… mais les dizaines de milliers de touristes produisent des tonnes de déchets que l’île ne parvient plus à évacuer. Ce documentaire est certes un peu décousu, avec l’ambition de parler à la fois du passé et de l’avenir, du tourisme et de l’environnement, de la musique et du commerce. Mais ces portraits croisés suscitent la réflexion : ils sont parfois idéalistes, souvent désemparés face à cette violente percussion entre une Polynésie traditionnelle et le monde moderne.

« In my blood it runs »

Deux des quatre documentaires australiens en compétition portent sur un autre débat : l’intégration des Aborigènes dans cette société qui se veut ouverte, mais qui présente tous les signes d’un racisme assumé et d’une forte inégalité des chances. In My Blood It Runs propose un pitch séduisant : le portrait d’un enfant aborigène, fugueur et en échec scolaire. Problème : le film souffre de ses longueurs, de la parole rare de l’enfant, et d’une démonstration trop manichéenne qui se fonde surtout sur ce cas unique d’élève désorienté. Une démonstration toutefois soulignée par un constat, en conclusion : dans cette région australienne, 100% des enfants placés en maison de redressement sont Aborigènes !

« The Australian Dream »

Si vous avez encore des doutes sur les préjugés raciaux qui pèsent sur la société australienne, ne manquez pas en revanche The Australian Dream. Cette fois, la démonstration est implacable. Adam Goodes est un grand champion de football australien, mais est traité de singe par une supportrice adolescente. Il s’en indigne, devient le porte-voix des Aborigènes… et le plus hué des joueurs ! La force de ce documentaire, c’est qu’il donne la parole à tous : ceux qui le défendent, ceux qui l’attaquent, et ceux qui nuancent. La descente aux enfers du joueur est rude : il arrête sa carrière en pleine gloire. Et pourtant, ce documentaire brillant porte aussi un espoir : lorsque Adam Goodes, brisé par les sifflets, met un genou à terre, l’Australie lui scande son amour et brandit partout son numéro 37. Pour montrer, peut-être, que le racisme est souvent crié fort par une minorité, mais qu’il n’est pas dans l’âme de ce pays.

« Vapnierka »

Autre coup de cœur, Vapnierka. L’histoire d’un Maori, mort pendant la Seconde guerre mondiale. Son descendant part sur ses traces, en Pologne. A travers ce destin mal connu d’un prisonnier des antipodes, mort à quelques semaines de l’armistice, on découvre un aspect mal connu du conflit le plus meurtrier de tous les temps. Et, de découverte en découverte, jusqu’en Europe de l’Est, sur la tombe supposée de ce soldat tué dans une gare, on ressent l’émotion de ses descendants, intérieure et puissante.

Avec ses 23 minutes, Lost Rambos est un peu perdu parmi ces documentaires-fleuves, parfois trop longs. Ici, le réalisateurs va à l’essentiel, et il est terrible : les Papous s’entre-tuent pour de vieilles rivalités tribales, et pour des terres. Pire encore, ils s’inspirent de Rambo, le vétéran du Vietnam bas de plafond incarné par Sylvester Stallone. Les conflits sont sans fin, ils le savent, mais les vengeances succèdent aux vengeances, et les tentatives de conciliation échouent le plus souvent. De quoi faire vaciller notre foi en l’Humanité…

« Rurutu, terre de Umuai »

Heureusement, la joie reviendra avec Rurutu, terre de ‘umuai, seul documentaire en compétition réalisé par un auteur local, Virginie Tetoofa. Vous y apprendrez tout sur les mariages collectifs de cette île des Australes, et vous y retrouverez le sourire !

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