Economie, aides : l’activité doit reprendre ou « nous ne pourrons pas tenir », déclare Edouard Fritch

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Le président du Pays Edouard Fritch, était l'invité de nos journaux :

Publié le 26/05/2021 à 10:26 - Mise à jour le 26/05/2021 à 10:26

Le président du Pays Edouard Fritch, était l'invité de nos journaux :

Il a beaucoup été question du couvre-feu ce matin (mardi matin, NDLR). Vous dites qu’une majorité de la population, les tavana, la police, veulent maintenir ce couvre-feu. Mais c’est quand même une privation de la liberté de circuler pour d’autres. Alors que la pandémie ne le justifie plus. Qu’est-ce que vous répondez ce soir ?
« Dire que la pandémie ne le justifie plus, je crois que c’est un petit peu anticiper les choses parce qu’effectivement l’état sanitaire du pays s’est stabilisé, on va beaucoup mieux, mais rappelez-vous de ce qui s’est passé l’année dernière. Au mois de juin tout allait très bien, et au mois de juillet il y a eu une flambée. Ce couvre-feu en fait, nous permet aujourd’hui compte-tenu de l’état sanitaire et de l’état d’urgence, de lutter contre les rassemblements festifs parce que c’est vraiment un réel danger. Lorsque les gens ont commencé à boire vous savez ce qu’il se passe. Donc nous décidons de le maintenir aujourd’hui et je n’ai pas fait de demandes spécialement à ce niveau-là lors du passage du ministre Lecornu chez nous, mais par contre nous attendons bien sûr les décisions qui seront prises au niveau de l’Etat. C’est la raison pour laquelle le haut-commissaire effectivement, pense qu’au mois de juillet prochain, un aménagement sérieux sera fait au niveau du couvre-feu. Pour le moment nous le maintenons. »

Vous avez donné également une autre information majeure, c’est que le pays pourrait être ruiné si les aides venaient à se poursuivre après le mois d’août. Est-ce que cela veut dire que quoi qu’il arrive les aides cesseront en septembre ?
« Bien sûr c’est le résultat en tous les cas, que nous pouvons attendre pour le Pays. J’ai insisté auprès du ministre Lecornu pour que nous puissions reprendre l’activité le plus rapidement possible. Effectivement, rappelez vous, il était sur un taux d’immunité qui était assez élevé. mais il a bien compris je crois que si le pays continue à soutenir les salariés, à soutenir les entreprises comme nous le faisons aujourd’hui -je vous rappelle que ça nous coûte à peu près 1 milliard par mois- nous ne pourrons pas tenir d’ici le mois de septembre voire même à la fin de l’année comme il est prévu au niveau de la métropole puisque les soutiens vont continuer. Nous même nous allons pouvoir à partir du 9 septembre, recevoir les vaccinés, parce que c’est le grand changement. Les vaccinés qui viendront chez nous et qui seront libres de circuler, cela permettra de donner de l’activité. Et les mesures qui sont actuellement prises seront prises jusqu’au mois de juin. Nous continuerons à soutenir. Mais, à partir du mois de juin, bien sûr que nous réviserons totalement notre position. J’encourage les hôteliers comme j’encourage le personnel hôtelier à reprendre le travail bien sûr. Et c’est ce qui se produit aujourd’hui. Je crois que pratiquement tous les hôtels, ont rouvert leurs portes. »

Le tourisme va reprendre évidemment. Avec un gros bémol tout de même : les enfants, non vaccinés par définition, ne pourront pas échapper à la quarantaine, donc les familles ne viendront pas. Comment fait-on pour faire repartir le tourisme dans ces conditions ?
« Il y a effectivement un tourisme familial important. Et surtout venant de l’hexagone. Mais aujourd’hui il y a tellement de doutes autour des enfants, puisque nous même nous sommes victimes. Je crois que vous le savez : à Afareaitu la semaine dernière, après qu’un professeur ait été détecté malade de la covid, il y a eu un cluster d’enfants de 13 à 14 ans, donc de tout jeunes enfants. Bien sûr qu’ils sont asymptomatiques mais ils ont fait la démonstration… »

Donc pour la reprise du tourisme c’est tout de même un gros bémol.
« Oui, ce sera un gros bémol. Les enfants pourront venir naturellement, mais effectivement, l’obligation c’est de se confiner pendant une semaine avec les parents. »

Alors justement les Polynésiens qui veulent voyager en famille, lorsqu’ils rentreront, est-ce que cela veut dire qu’ils devront se mettre en quarantaine avec leurs enfants, adultes vaccinés et enfants ?
« Cette règle est valable pour tout le monde. »

Autre sujet : les employés en grève de Sabena technics vous ont envoyé un courrier qui est resté sans réponse. Ils se battent depuis plus de 15 jours pour tenter de garder leur emploi. On sait que c’est à l’Etat de réagir, mais vous êtes président du Pays. Quand est-ce que vous allez prendre leur situation en compte ?
« Je suis intervenu auprès du ministre des Outre-mer lorsqu’il est venu ici à Tahiti. Il les a rencontré, il leur a parlé, il m’a transmis sa feuille de route pour essayer de trouver une solution pour ce personnel; Mais c’est vrai qu’à ce jour, au moment où nous parlons, moi-même je n’ai aucune information. C’est un dossier qui touche l’Etat et les armées. Mais c’est vrai aussi que ce personnel est un personnel polynésien. »

C’est la réponse qu’on a depuis plus de 15 jours. Ils ont le sentiment de ne pas être entendus…
« Si, si si. »

On parle de 95 familles polynésiennes sur le carreau. Est-ce que vous pourriez-vous faire pression sur l’Etat en tant que président du peuple polynésien ?
« Ce sera difficile. Je ne veux pas avoir la langue de bois. Ce sera compliqué puisque, en plus, c’est un dossier qui est issu d’un appel d’offres qui a été lancé. Donc il y a effectivement derrière un problème de concurrence qui a été respecté. Donc c’est un système qui est totalement transparent. Je ne cache pas que ça va être très compliqué. »

Vous ne pouvez rien faire pour ces familles polynésiennes ?
« Je n’ai pas de marge de manoeuvre mais je veux qu’ils sachent que nous sommes naturellement, avec la ministre du Travail Nicole Bouteau qui suit ce dossier, nous sommes très préoccupés par la situation de ces familles. »

Sur un autre sujet : on ne connait pas encore la date de la table ronde du nucléaire qui devrait avoir lieu d’ici 3 semaines à Paris. Est-ce que vous y avez convié l’opposition ?
« Oui bien sûr. J’ai convié les présidents de groupe de l’opposition à participer à cette table ronde. Comme vous le savez, ils ont décliné l’invitation que je leur ai faite parvenir. mais nous continuons à travailler. Je vais y associer les maires concernés : Pirae, Arue, et certains maires des Tuamotu. Ce n’est pas une table ronde qui doit réunir que des personnes de la majorité ou avec qui tout va bien pour nous. Ce qui est important c’est que nous aillons toute la Polynésie représentée autour de cette table ronde. Nous avons tenu une première réunion de travail la semaine dernière. Nous en tenons une encore cette semaine vendredi prochain. Et nous allons être en contact avec le coordonnateur métropolitain monsieur Rousseau, dès jeudi de cette semaine. Les choses se passent bien. Les associations participent à la réunion. Bien sûr que mon voeu le plus cher c’est que tout le monde y soit autour de cette table. Parce que je crois que nous avons là une chance historique de pouvoir nous adresser au plus haut niveau de l’Etat. Et j’en avais parlé au président de la République… »

Il sera présent ?
« Oui il sera présent et je crois que c’est lui-même qui va conclure notre table ronde. Mais il faudrait qu’on profite du fait que ça se passe en métropole pour que les interlocuteurs soient les plus variés possibles et les plus concernés possibles. Je pense en particulier aux responsables du CEA, ceux qui ont commandé le CEP ici… Je crois que c’est l’occasion pour nous en tous les cas d’en savoir beaucoup plus sur ce qui s’est passé en Polynésie. Et puis il y a un deuxième volet intéressant malgré tout et c’est celui du devenir de la Polynésie française. Nous avons beaucoup discuté déjà avec l’Etat, avec la charte de développement qui a été vue ensemble. Mais je crois que la reconstruction de la Polynésie d’après CEP, n’est pas terminée. Il nous faut penser à notre jeunesse et notre jeunesse c’est pour les 10 années à venir. Donc c’est un peu le souci que j’ai. Je ne vous le cache pas. Je pense que les discussions techniques sont toujours très très compliquées surtout lorsqu’on a des spécialistes en face. Mais ce qui est certain c’est que, pour reconstruire ce pays, nous aurons encore besoin du soutien de l’Etat. »

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