Une collégienne s’effondre en pleurs à sa sortie de scène. « Ne pleure pas, c’était très bien » la rassure une enseignante. « Justement, c’était trop bien, et c’est fini » sanglote l’élève. Six mois de préparation pour 45 minutes de show : une pression très forte pour de frêles épaules adolescentes. Et une expérience inoubliable.
« Ca leur apporte une cohésion exceptionnelle » se félicite Pita Rataro, professeur d’éducation musicale au collège de Rangiroa. Ses élèves ont imaginé le périple d’un requin-marteau femelle, qui vient mettre bas à Rangiroa mais affronte des périls comme le réchauffement de l’océan ou le blanchiment des coraux. Une manière de sensibiliser à l’environnement, mais surtout de travailler ensemble. « Nos élèves viennent de Tikehau, Mataiva, Manihi ou Tikehau, dès la sixième : c’est dur pour eux et ça leur permet de se lier les uns aux autres. Pour les plus faibles, ce projet est une issue » analyse l’enseignant.





« On a des élèves parfois faibles, mais doués en musique et grâce à ce projet pédagogique, on parvient à les garder au collège » constate Vavea Ueva Tihopu, à la fois enseignante en tahitien au collège de Papara et présidente de l’association Heiva Taure’a.
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Au point que le concours est remarqué à l’autre bout du monde. Des régions à fort patrimoine culturel, comme l’Alsace, la Bretagne ou le Pays basque ont manifesté leur intérêt pour ce projet pédagogique. Non pas avec du ori Tahiti, bien sûr, mais avec leurs danses et chants régionaux. « Ce serait une bonne idée que chaque région ancre ses élèves dans son identité culturelle pour leur réussite scolaire » approuve Matani Kainuku, membre du jury et chorégraphe. « Au Pays basque, ils ont déjà des concours d’éloquence, ce serait bien que le Heiva Taure’a soit décliné ailleurs » s’enthousiasme aussi Moetai Brotherson, venu applaudir les collégiens avec son gouvernement.





Les îles ont bien compris l’intérêt du concours, puisqu’elles représentaient l’essentiel des élèves en cette première soirée : Rurutu en ouverture, puis AMJ Uturoa, et Rangiroa en clôture. Seul un collège de Tahiti, Louise Tehea Carslon, se produisait en cette première soirée. Avec l’avantage d’avoir de nombreuses danseuses déjà très expérimentées dans les écoles de danse de la ville, à l’image de la danseuse solo Hereiti Camuzet, prometteuse élève de l’école Ori Hei.




Musique, chants, danse et costumes ne seront cependant pas les seuls critères d’évaluation. La maîtrise d’une langue polynésienne compte aussi. Et sur ce point, les collèges des îles sont souvent les plus forts, reconnaît la présidente du jury, Hiriata Brotherson, même si un collège tahitien, Maco Tevane, a aussi montré sa valeur lors des visites préparatoires des jurés. « On a des auditions entièrement en reo, ça donne de l’espoir pour la subsistance de la langue » se réjouit Hiriata Brotherson, la présidente du jury.





Dix collèges polynésiens monteront sur scène en trois jours. La remise des prix est attendue samedi soir. To’ata n’a pas fini de vibrer.