Le 5e Heiva Taure’a a démarré

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Le Heiva Taure'a à To'ata, une scène qui fait rêver les collégiens.

Publié le 11/03/2022 à 3:34 - Mise à jour le 12/03/2022 à 8:28

Le Heiva Taure'a à To'ata, une scène qui fait rêver les collégiens.

Discours officiel et cérémonie du Rahiri

Du 10 au 12 mars, des centaines d’élèves prennent possession de l’aire de spectacle de To’ata pour concourir sur trois soirées de spectacles, ravivant la flamme de la culture pour le plus grand bonheur des spectateurs dans les tribunes et en direct live. Au-delà du concours, il s’agit d’un véritable projet pédagogique établi en partenariat avec le Conservatoire artistique de Polynésie française (Te Fare Upa Rau) avec à la clef onze prix à remporter.

Cette 5e édition accueille 11 collèges, dont quatre des îles. Ils sont près de 300 élèves à concourir sur une scène mythique où des milliers de danseurs et danseuses professionnels ont participé au Heiva i Tahiti. Vivier des orchestres traditionnels, des groupes de danse et de chant, les élèves présentent le fruit d’un travail d’une année scolaire lors de trois soirées exceptionnelles. Le public pourra ainsi apprécier sur scène les collèges de Anne-Marie Javouhey, Henry Hiro, La Mennais, Maco Tevane, Mahina, Pomare IV, Te Tau Vae la (Taiohae, Nuku Hiva), Tamariki Mokorea (Hao), Taravao, Terre des Hommes (Ua Pou), U Poru (Taha’a).

Comme pour un grand Heiva i Tahiti, les établissements scolaires présentent un spectacle inédit et entièrement en langue vernaculaire. Plusieurs catégories sont accessibles : danse et/ou orchestre ainsi que deux catégories individuelles facultatives ‘Ori Tane et ‘Ori Vahine. Pour l’heure, la cérémonie d’ouverture a débuté avec les discours de la ministre de l’Education, madame Christelle Lehartel, de celui du ministre de la Culture, monsieur Heremoana Maamaatuaiahutapu, et de plusieurs représentants des instances de l’éducation, suivi par la traditionnelle cérémonie du Rahiri.

Collège Pomare IV

L’histoire est celle de Teri’i-tahi, un enfant, issu d’une union étrange, à la recherche de son géniteur. C’est une légende qui parle de l’attirance d’une femme lézard pour un jeune homme dont elle ignorait qu’il était chef. Elle enfanta un garçon qu’elle nomma Teri’i-tahi, qu’elle éleva et lui apprit les bonnes manières sans cacher l’identité du géniteur. Un jour, le chef organisa une compétition pour des candidats des clans voulant être guerriers. Teri’i-tahi décida d’y participer pour se rapprocher du chef, il remporta les épreuves mais ce dernier n’accepta pas la requête du garçon. Il ordonna à ses hommes de l’attraper pour le tuer. Pour sauver son fils, dame-lézard vint pour le protéger et succomba à ses blessures. C’est à partir de ce moment-là que le chef accepta Teri’i-tahi comme son fils et le couronna du titre suprême de guerrier.

Collège Terre des Hommes (Ua Pou)


La langue : entre culture et identité. Il était une fois, dans une vallée lointaine, un grand-père Naiki qui était le garant de la culture et de la langue marquisienne. Sa petite-fille, quant à elle, ne savait rien de cette dernière. Il était le grand sage du village, dernier détenteur des us et coutumes ainsi que de la langue marquisienne, ce dont sa petite fille ne savait rien. Arriva un jour où son grand-père tomba malade, sa petite-fille accouru à ses côtés et aperçu dans ses mains « une porcelaine ». Le grand-père appela sa petite-fille et lui dit: « Approche-toi n’aie pas peur, ça va aller » Son grand-père lui répondit avec un grand sourire : Ma chère, je te pense enfin prête à recevoir le coquillage du savoir… Grand-père, en es-tu sûr? Et si je fais tout mal ? Vais-je y arriver ? Oui ma fille. Il y a longtemps, cette porcelaine était considérée comme une « punition ». Aucun mot de notre langue ne devait sortir de notre bouche, de peur de se faire attraper et d’être puni à la fin de la journée. Alors tout le monde s’est confié à celle-ci et aujourd’hui ce coquillage est rempli de savoirs ancestraux et de plusieurs langues qui commencent à tomber dans l’oubli. Ainsi, elle partit enseigner à la jeune génération tout ce qu’elle avait appris, chants, danses, la langue. Ils étaient tous si attentifs, stupéfaits. Après un moment, Hinenao continuait d’enseigner quand elle vit passer un Ùpe (oiseau noir) au-dessus d’elle dans le ciel. Elle se souvint alors des paroles de son grand-père et elle comprit qu’il mourut en son absence. À son hommage, elle dansa en imitant cet oiseau, ainsi elle créa le Hakamanu, qu’elle enseigna à tous les gens du village.

Collège Henri Hiro

Le rahui. Aux temps immémoriaux, le rahui était une période de privation de produits alimentaires aussi bien terrestres que marins selon les directives du Roi. C’est ce que nous révèlent les périodes comme Matari’i en déclinaison qui est synonyme de famine. Il n’y a plus rien à manger et c’est à ce moment là que le Roi, le prêtre ou l’assemblée des sages prennent une décision, à savoir décréter un rahui sur l’ensemble de l’ile. Il est strictement interdit de moissonner dans les vallées mais si ce n’est planter. Ce qui suppose que les habitants y vont pour cultiver. Si quelqu’un transgresse cette loi, il sera puni par le Roi. Ce rituel est également de mise lorsqu’un enfant de descendance royale vient de naitre. Il en est de même du côté de la mer, le rahui est également pratiqué selon la présence ou l’absence de bancs de poissons dans les fonds marins. Lorsque les poissons se font rares, les autorités mettent en place le rahui sur une zone déterminée afin de les laisser se reproduire jusqu’à la profusion. Ce n’est qu’à ce moment là seulement que les autorités et l’assemblée des sages décident de lever l’interdiction de pêcher et de moissonner dans les vallées. Jadis, les habitants respectaient scrupuleusement ces lois pour le bien-être de la population. Le rahui était également un « tabu », nul ne saurait enfreindre ce « tabu ».

Collège Maco Tevane

La tentation, être tenté, qui aujourd’hui ne subit pas de tentation ? Mais qu’est-ce que la tentation ? Ce n’est pas seulement faire un choix, mais surtout penser aux conséquences que ce choix peut avoir sur ma famille, mon groupe, mon établissement, moi. L’année dernière, nous avons été confrontés à une situation qui a failli nous pénaliser. Laissez-vous tenter par notre prestation et notre questionnement : Avons-nous bien agi ? Bien réagi ? Avons-nous assumé, géré comme il faut ? Avons-nous compris la leçon, pour ne plus recommencer ?

Photos : Stéphane Sayeb / Tahiti Zoom

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