Nonahere et Hei Tahiti entrent dans la ronde du Tahiti Ti’a mai

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Rétrospectives et légendes inaugurent la première journée du festival Tahiti Ti'a mai avec les troupes de danse de Nonahere et Hei Tahiti accompagnés des mélodieux chants polyphoniques des groupes Tamari'i Mahina Raromatai et Tamari'i Rapa no Tahiti.

Publié le 02/07/2021 à 8:35 - Mise à jour le 02/07/2021 à 8:55

Rétrospectives et légendes inaugurent la première journée du festival Tahiti Ti'a mai avec les troupes de danse de Nonahere et Hei Tahiti accompagnés des mélodieux chants polyphoniques des groupes Tamari'i Mahina Raromatai et Tamari'i Rapa no Tahiti.

NONAHERE – Hura

Basée à Mahina, l’association Nonahere a été créée et est présidée par Matani Kainuku, également expert culturel et membre des jurys du Hura Tapairu et du Heiva i Tahiti à de nombreuses reprises. Après avoir remporté le Heiva Taure’a à Mahina en 2003, le groupe de danse Nonahere remporte le grand Heiva i Tahiti en 2005, 2006, 2007 et 2008, devenant ainsi une troupe emblématique du ‘ori Tahiti. L’association Nonahere s’occupe également de l’organisation du Heiva International et de la Coupe du Monde de ‘ori Tahiti. A l’échelle locale et internationale, Nonahere travaille sans relâche pour la sauvegarde et la transmission de la culture polynésienne et du ‘ori Tahiti, avec notamment la plateforme ‘Omana.
Pour sa 8ème participation au Heiva i Tahiti, l’association Nonahere souhaite présenter son thème : « Toa Nui » (Les héros et héroïnes) de Mahina, une rétrospective en quatre tableaux accompagnée des plus belles compositions du groupe depuis 2005. A travers les récits, les rythmes et les-mélodies, Nonahere met en exergue le pouvoir des mots et la place de la langue polynésienne, principal outil d’expression de l’identité culturelle.
Sur la thématique du « mana», Nonahere présente la légende de Matavai avec Tehohotauniua et Ruanuu avec sa longue tête. Chassé par la « arii vahine », Ruanuu fuit Mahina. Tehohotauniua, amoureuse et triste, pleure son amoureux et remplit la baie à Mahina de toutes ses larmes, elle devient la baie de Matavai.
Le dernier tableau, «Reo tupuna» sera une synthèse des spectacles de danse de Nonahere. Une forme d’ode à la vie, d’ode à la langue polynésienne et au fenua. Les Toa nui ? oui, c’est chacun de nous qui oeuvrons au quotidien et qui laissons à nos enfants un héritage culturel cohérent, bienveillant et exigeant.
Sur des textes de Patrick Amaru, puis de Noëlle Faahu-Vaki, Nonahere nous enchante et nous emporte dans les entrailles de notre communauté, sur des mélodies écrites par Matani Kainuku.

TAMARI’I MAHINA RAROMATAI – Tārava Raromatai et ru’au

Ce groupe de chant, créé en février 2015 et dirigé par Arai Moeata propose un thème sur l’identité culturelle et son développement, « Mahina e, o mai oe. E faahotu a vau ia oe » écrit par Poema Rochette. Les chants sont écrits par Valérie Tetuahiti puis composés par Tavaearii.

Toi, enfant de « Hina », enfant de « Mahina », c’est à toi que je dédie cet éloge à ta Terre mère, ainsi, au travers de l’histoire de ta terre, de cette petite terre d’une grande beauté, de cette petite terre verdoyante, de cette petite terre d’une grande richesse, se définit cette petite terre « Mahina, Mahina ma patrie ».

Le palmarès de cette formation est éloquent : 2ème prix en 2015 en catégorie Tarava Raromatai avec un 1er prix en Ute paripari, puis en 2017, un second prix en Tarava Raromatai, 1er prix ru’au, 2ème Ute paripari. En 2018, c’est la consécration avec un 1er prix en Tarava Raromatai suivi en 2019 d’un second prix dans la même catégorie.

TAMARI’I RAPA NO TAHITI – Tārava Tuha’a Pae et himene ru’au

Les chants résonnent encore aux oreilles du public clairsemés dans les gradins lorsque la troupe de chant d’Alphonse Riaria prend, à son tour, possession de la scène. Ses chanteurs et chanteuses entament la mélodie polytonale en mode Tuha’a pae du thème choisi pour l’occasion « Te mau pare e te atua anuanua » (Les forts et le Dieu Arc-en-ciel).

Maurice Tamata a écrit le thème des chants : Autrefois, sur l’île Oparo, les habitants vivaient sur des forts. Qu’est-ce qu’un fort ? Un fort est une colline que les ancêtres ont taillé, emmuré de pierres, renforcé et ils y ont construit leurs cabanes en paille. En temps de guerre, ils courraient s’y refugier pour se proteger des ennemis. Ils pouvaient y vivre longtemps.

Le palmarès de la troupe est tout aussi prestigieux que son prédécesseur et en dit long sur sa maitrise (et son plaisir !) de chanter à l’unisson : 1er prix en Tarava Tuha’a pae en 2013 à 2016 puis un 1er prix en Ute arearea en 2013, 2017 et 2018. Un second prix lui est attribué en catégorie Tarava Tuha’a pae en 2012, 2017 et 2018.

Alphonse, le chef, s’explique sur ses objectifs de l’association « Tamari’i Rapa no Tahiti » :
Chaque année, des dizaines d’élèves originaires de l’île de Rapa sont forcés de poursuivre leurs études sur Tahiti, en effet la scolarité dans les iles Australes s’arrête à la fin du Collège (3ème). Fondée en 1999, l’Association s’est donnée comme objectif de les aider en les accompagnant dans leur installation, et en les soulageant des problèmes matériels, administratifs et moraux liés à l’éloignement de leur île, Rapa. Pour cela l’association a décidé de bâtir un foyer et de loger ces Jeunes, l’objectif étant de permettre à ces élèves de vivre pleinement leur études dans un cadre agréable et sécurisé. L’association fonctionne sur le principe du bénévolat et de bonne volonté, prête à donner un peu de son temps, nos principales ressources pour mener à bien ce projet étant l’argent récolté lors des Heiva, les ventes de plats typiquement de Rapa, des aufauraa….Pour mener à bien ces actions aux objectifs ambitieux, au profit des habitants de Rapa, les dons et le bénévolat étant indispensables, la concrétisation ne pourra se faire sans l’aide du public.

HEI TAHITI – Hura

Cette première soirée de chants et danses se conclut de la plus éclatante façon sur la prestation de Hei Tahiti, la prestigieuse troupe créée en 2004 et multi-primée aux Heiva i Tahiti puis menée par Sandrine Tiare Trompette-Dezerville, l’infatigable chorégraphe qui œuvre tout au long de l’année pour assurer la promotion culturelle de la Polynésie, dans nos îles comme au-delà de nos frontières. Très heureuse cette année de participer au Festival Tahiti Ti’a Mai, Hei Tahiti a choisi de nous parler de mythes et de traditions, en développant un thème, écrit par Yann Paa, où les légendes marquent l’histoire de la commune de Pira’e : « Pare nui la pirogue aux mille jambes / Pare nui i te Va’a vaevae ».

Depuis le confinement, Tiare Trompette-Dezerville a accordé la priorité à la promotion de nos arts en créant le projet d’insertion sociale et professionnelle « Ma culture, mon avenir », cela en partenariat avec la commune de Pira’e. La première étape consiste à rendre la culture accessible à tous par le biais d’ateliers d’initiation en danses traditionnelles, en chants traditionnels et en percussions tout au long de l’année 2021. La deuxième étape sera de créer un vivier de référents culturels qui auront pour mission de transmettre les contenus d’arts traditionnels sous l’autorité d’experts.

C’est par le biais de ce projet que le spectacle « Pare nui i te Va’a vaevae » est né. Les percussions de l’orchestre sont dirigés par Jeff Taneri et les chants de la chorale conduits par Loic Tehaerura entrecoupés sur les magistrales déclamations des ‘orero Tahia Tetuanui, Dylan Tauirai et Kealoha Teamotuaitau.

Texte et Photos : Stéphane Sayeb / Tahiti Zoom

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