Zika : nouvelle preuve de la capacité du virus Zika à s’attaquer au système nerveux

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Publié le 09/03/2016 à 9:49 - Mise à jour le 09/03/2016 à 9:49

Ils ont pu constater la présence du virus Zika, longtemps considéré anodin, dans le liquide céphalo-rachidien d’un homme de 81 ans atteint d’une méningoencéphalite, une dangereuse inflammation du cerveau et des méninges, selon un rapport qui vient de paraître dans la revue médicale américaine, le New England Journal of Medicine (NEJM).
 
L’homme, hospitalisé le 10 janvier 2016 en neurologie, était transféré le lendemain en réanimation en raison d’une aggravation rapide de son état, avec apparition d’un coma nécessitant une assistance respiratoire artificielle, d’après les médecins de l’hôpital Henri Mondor (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Créteil) où il se trouvait.
 
Le patient « en parfaite santé », avant de tomber malade, était rentré dix jours auparavant, d’une croisière dans le Pacifique Sud (Nouvelle Calédonie, Vanuatu, îles Salomon, Nouvelle Zélande).
 
Fiévreux (39.1 degrés Celsius) et comateux, il présentait une hémiplégie gauche (paralysie du côté gauche du corps) ainsi qu’un atteinte motrice du bras droit, ont relevé les réanimateurs.
 
« C’est le premier cas de ce type décrit, à notre connaissance »
, indique à l’AFP le Dr Guillaume Carteaux, coauteur de cette correspondance parue dans le NEJM. « Les autres causes infectieuses, virales et bactériennes, ont été écartées », ajoute-t-il, en particulier les virus herpès, varicelle, zona et d’autres arboviroses.
 
Les examens d’imagerie médicale étaient évocateurs d’une méningoencéphalite, une inflammation importante du cerveau et des méninges, compatibles avec une infection.
 
Les médecins ont recherché tout une série de bactéries et de virus susceptibles d’être impliqués comme par exemple les virus de la dengue et du chikungunya.
 
Un test dit d’amplification génétique (PCR) a détecté le matériel génétique du virus dans le liquide prélevé par ponction lombaire en phase aiguë, à son arrivée en réanimation.
 
Et, du « virus vivant » a été mis en évidence en laboratoire à partir d’un échantillon de ce liquide envoyé au centre national de référence des arboviroses de Marseille, précise le Dr Carteaux.
 
L’état du patient, qui s’était réveillé, confus, avec des hallucinations visuelles et des troubles de la représentation du corps, a continué à s’améliorer sans traitement spécifique. 
 
Il a ainsi recouvré toutes ses fonctions intellectuelles 38 jours après sa sortie des soins intensifs pour aller dans un établissement de rééducation. Il conserve néanmoins une légère faiblesse du bras gauche.
 
Devant une atteinte neurologique de ce type, il faut penser au Zika si le patient a voyagé dans des régions du monde où le virus circule, estiment ces spécialistes français.
 
Des chercheurs français ont par ailleurs montré dans Lancet que le virus peut également déclencher une atteinte grave des quatre membres, une myélite aiguë, selon un cas établi en Guadeloupe.
 
Le virus transmis par un moustique Aedes est à l’origine d’une grande épidémie en Amérique latine, avec des symptômes (fièvre, maux de tête…) le plus souvent bénins. L’infection peut aussi passer inaperçue.
 
A l’Institut Pasteur à Paris, d’autres travaux observés lors de l’épidémie qui avait touché les deux tiers de la population en Polynésie française en 2013-2014, ont en outre établi un lien entre ce virus et le syndrome neurologique de Guillain-Barré qui peut entraîner à la fois une paralysie des membres et une atteinte respiratoire.
 
Pays le plus touché par l’épidémie, le Brésil compte déjà plus d’un million et demi de cas de Zika depuis 2015, et 583 cas de microcéphalie y ont été confirmés depuis octobre 2015, soit quatre fois plus que la moyenne annuelle historique.
 
L’OMS a conseillé mardi aux femmes enceintes de ne pas aller dans les zones affectées, estimant que même si le lien n’était pas définitivement prouvé entre Zika et la microcéphalie (malformation crânienne), les informations à ce sujet étaient « alarmantes ».

AFP

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