De son vivant, à chaque fois qu’elle postait sur les réseaux sociaux un nouveau cliché d’elle -blonde, rousse ou brune, en tenue de pompiste sexy ou de soirée sobrement noire-, une pluie de commentaires, de soutien ou d’insultes, tombait sur elle.
La jeune femme de 22 ans avait imposé son style détonant dans un pays conservateur, déchiré par une quinzaine d’années de violences, confessionnelles à l’époque de la toute-puissance des milices, ou du fait des jihadistes, qui avaient pris le contrôle d’un tiers de l’Irak en 2014 avant d’être défaits fin 2017.
> « S’en prendre à des femmes qui sont des personnalités publiques, c’est tenter de les forcer à se cloîtrer chez elles »
Avant elles, deux directrices de centres d’esthétique et de chirurgie plastique parmi les plus en vue de Bagdad ont disparu en août. D’abord Rafif al-Yassiri, surnommée « Barbie » -d’après le nom qu’elle avait donné à son institut-, puis une semaine après, Racha al-Hassan, qui avait ouvert le « Viola Beauty Center ». Toutes deux ont été retrouvées sans vie à leur domicile. Malgré les enquêtes ouvertes, le mystère reste total : crise cardiaque, meurtre, stupéfiants, toutes les pistes restent au cœur des murmures de plus en plus insistants à Bagdad.
> Une série noire inquiétante
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I have always been proud of where I’ve come 🙏🏼 for me and others around me i feel thankful for everything is happened to me
Im never feel shame cuz i live in a city inhabited by war and destruction so far I live every moment in my life as I love it , No one can know the truth pic.twitter.com/tRwJBNpJpA— Tara Fares 👑 (@tarafaresss) 29 mai 2018
Les forces de sécurité tentent de rassurer et de dissocier les affaires. Mais, ces derniers jours, le Premier ministre Haider al-Abadi a semblé lier les événements survenus à Bagdad et Bassora et a ordonné aux unités d’élite du renseignement de se saisir des enquêtes. Dans un communiqué, il a évoqué « des éléments laissant penser qu’il y a un plan décidé par des parties organisées pour perturber la sécurité, sous prétexte de lutter contre la dépravation ».
> « il y a des gens qui ne veulent pas que l’Irak se développe et que les femmes soient visibles »
Tara’s death screams discrimination, lack of freedom and rights. Her death should be set as an example — those responsible accounted for.
Sympathy is not enough.
— 𝐃𝐚𝐫𝐲𝐧𝐚 (@DarynaSarhan) 27 septembre 2018
Coïncidence ou pas, trois des quatre femmes disparues sont mortes un jeudi.
« À chaque fois ça se répète », note Hawra Walid, 29 ans, rencontrée alors qu’elle faisait du shopping dans un centre commercial de Bagdad. « Maintenant, chaque jeudi, le stress monte », confie-t-elle à l’AFP.