« C’est un tableau qui réapparaît sur le marché, pour nous c’est un vrai événement », a déclaré à l’AFP Aurélie Vandevoorde, directrice du département Art Impressionniste et Moderne de Sotheby’s France, maison de ventes qui a présenté jeudi le tableau à la presse.
Le tableau (65 x 54 cm) est unique à plusieurs égards : il date de l’époque où Paul Gauguin, agent de change, décide de devenir peintre à part entière et va souvent voir à Pontoise (nord-ouest de Paris) Camille Pissarro, qu’il considérera comme son maître. Il est très moderne pour son époque et contient un « trésor caché » : deux esquisses qui pourraient être les premiers autoportraits de Gauguin et dans lesquels on retrouve déjà la vivacité du trait des autoportraits peints dix ans plus tard.
« Dans ce tableau, nous avons un hommage merveilleux de Gauguin à son maître. Ici vous avez Pissarro lui-même représenté sous son ombrelle, on sait que Pissarro peignait sous une ombrelle fixée au chevalet », souligne Mme Vandevoorde. On devine Pissarro dans le coin droit de l’oeuvre représentant la maison et le jardin du peintre. « Ce tableau est très novateur pour 1881, très différent de ce que font les peintres impressionnistes pendant cette période ».
Au verso aussi, « c’est la modernité de ces autoportraits qui nous a frappés », « le regard extrêmement perçant » du peintre, raconte Aurélie Vandevoorde. « On voit que Gauguin se détache déjà de la technique impressionniste, cela annonce l’art du début du XXe siècle ».
S’il existe nombreux tableaux recto-verso, il est étonnant de voir au verso des autoportraits, « un sujet majeur d’un artiste, quelque chose qui le met en majesté », souligne Mme Vandevoorde. « On n’a pas l’histoire exacte du pourquoi (…). On sait qu’à partir de 1882, Gauguin abandonne son activité d’agent de change qui lui fournissait des ressources financières importantes et va économiser sur tout ce qui est matériau. On peut supposer que pour faire des essais d’autoportrait il n’a pas voulu employer une toile neuve », commente-t-elle.
Selon la conservatrice, le tableau est « dans un état absolument impeccable, ce qui arrive rarement, il a été choyé et conservé comme un trésor par la famille qui a eu le privilège de l’avoir pendant presque 100 ans ».
Le prix de réserve n’a pas encore été fixé, mais selon Sotheby’s, d’autres tableaux de la période impressionniste de Gauguin ont été vendus « autour de 2 millions de dollars ».
Rédaction web avec AFP