Trafic de cocaïne par voiliers : jusqu’à 20 ans de prison requis à Paris

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La drogue était convoyée par voiliers sur les eaux du Pacifique: l'accusation a requis mardi jusqu'à vingt ans de prison et une lourde sanction financière au procès à Paris d'un vaste trafic de cocaïne entre l'Amérique du sud et l'Australie.

Publié le 15/11/2022 à 9:35 - Mise à jour le 15/11/2022 à 10:00

La drogue était convoyée par voiliers sur les eaux du Pacifique: l'accusation a requis mardi jusqu'à vingt ans de prison et une lourde sanction financière au procès à Paris d'un vaste trafic de cocaïne entre l'Amérique du sud et l'Australie.

Au terme de trois heures de réquisitoire, l’avocat général a sollicité la plus lourde peine, vingt ans de réclusion criminelle assortis d’une période de sûreté des deux tiers, à l’encontre du Français Pascal Coulombel, 65 ans, pour son « rôle central et omniprésent » dans ce trafic. 

Etabli au Panama après avoir été professeur de sport et patron de discothèque dans l’Oise, il est accusé d’être intervenu avec son épouse dominicaine dans l’achat de voiliers, l’acheminement et l’accueil des skippers en lien avec le donneur d’ordres colombien, surnommé « El Flaco » (« le maigre »). 

Pascal Coulombel, qui comparaît libre devant la cour d’assises spéciale, a reconnu en partie sa participation aux faits, tout en minimisant son importance au sein de l’organisation criminelle. 

Les enquêteurs étaient remontés jusqu’à lui après l’interception le 19 janvier 2017, sur la foi d’un renseignement douanier, d’un voilier lui appartenant au large des îles Marquises, en Polynésie française. 

Quelque 629 kg de cocaïne avaient été retrouvés au total, notamment dans un faux plafond de la cabine du bateau en train de sombrer. 

Quatre jours plus tard, ce sont plus de 810 kg de drogue qui étaient saisis au large de Papeete à bord d’un deuxième catamaran dont il est le propriétaire, « Le Mojito », parti également du Panama. 

Pour l’accusation, Pascal Coulombel avait lui-même transporté de la cocaïne à bord d’un premier bateau entre octobre 2015 et février 2016, « l’acte fondateur » qui lui a permis de « faire ses preuves » auprès du chef du cartel et de voir qu’il pouvait « gagner vite beaucoup d’argent » avec la drogue. 

Les investigations ont également fait le lien entre ces traversées et un quatrième voilier, le « Cayenne 3 », retrouvé échoué fin mars 2017 sur un petit atoll de l’archipel des Tuamotu et partiellement incendié par son équipage, avec à son bord 236 kg de cocaïne pure à 99%. 

Au total, quelque deux tonnes de cocaïne ont été transportées en quatre convois, pour « une valeur marchande de près de 190 millions d’euros », a souligné l’avocat général. 

« Bras cassés »

Selon un même mode opératoire, la drogue était chargée au large des côtes colombiennes à bord de voiliers partis du Panama, dissimulée dans des caches, et devait être acheminée jusqu’en Australie, où le kilo de cocaïne se vend environ 85.000 euros, contre « 30 à 40.000 euros » en France. 

Marins, recruteurs et organisateurs présumés: dix personnes de diverses nationalités et âgées de 27 à 78 ans sont jugées depuis le 24 octobre, mais pas le chef du cartel, « El Flaco », poursuivi dans un volet disjoint du dossier. 

Le plus jeune accusé, qui avait mis en cause plusieurs personnes au début de l’enquête, ne s’est pas présenté à l’audience et est jugé par défaut. 

Battant en brèche « l’idée d’une bande de bras cassés », l’avocat général a au contraire mis en avant le rôle « indispensable » de chacun au sein de cette organisation « structurée ». 

Quinze ans de réclusion ont été demandés à l’encontre de la seule femme, « l’intermédiaire » Yahaira Coulombel qui était « en lien direct » avec le cartel. 

La même peine de quinze ans de prison – avec deux tiers de sûreté – a été requise contre le Portugais Francisco José Nunes Martins qui, depuis le box, a « assumé » être un trafiquant de drogue, et qui est accusé d’avoir été un logisticien de premier plan.  

Des peines allant de sept à douze ans de prison ont été sollicitées contre les autres accusés. 

L’avocat général a, en outre, requis contre l’ensemble des dix accusés le paiement solidaire de plus de 519 millions d’euros d’amende douanière. 

La défense a commencé à plaider dans l’après-midi, dénonçant de « lourdes réquisitions ». Les plaidoiries se poursuivent mercredi.  Verdict attendu jeudi.

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