« Plante anti-Covid » en Guadeloupe : « trop tôt » pour en mesurer l’efficacité

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La ministre Frédérique Vidal a assuré mardi qu'elle reconnaissait l'intérêt de la pharmacopée traditionnelle dans la lutte contre le Covid-19, mais a mis en garde contre tout engouement trop rapide pour des produits comme l'herbe à pic, qui s'arrache en ce moment en Guadeloupe.

Publié le 16/02/2021 à 9:26 - Mise à jour le 16/02/2021 à 9:26

La ministre Frédérique Vidal a assuré mardi qu'elle reconnaissait l'intérêt de la pharmacopée traditionnelle dans la lutte contre le Covid-19, mais a mis en garde contre tout engouement trop rapide pour des produits comme l'herbe à pic, qui s'arrache en ce moment en Guadeloupe.

Le laboratoire guadeloupéen Phytobokaz a « effectivement développé un médicament à base d’herbe à pic, une plante dont les vertus sont utilisées depuis des siècles, qui suscite beaucoup d’engouement », mais « il est encore trop tôt pour en dresser le bilan », a déclaré à l’Assemblée nationale la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, en répondant au député Gabriel Serville (GDR).

« Évidemment, je ne peux en tant que biochimiste que reconnaître l’apport potentiel de molécules présentes dans les pharmacopée traditionnelles, particulièrement dans les pays tropicaux et sub-tropicaux qui sont très riches en biodiversité », a-t-elle ajouté.

Le laboratoire Phytobokaz a annoncé la semaine dernière en Guadeloupe avoir « prouvé l’efficacité d’une plante endémique sur l’immunité innée face aux virus émergents à ARN », dans un communiqué. L’herbe à pic, déjà vantée localement par la médecine traditionnelle, est également l’ingrédient d’un produit du laboratoire vendu pour ses vertus fortifiantes, le Virapic.

Dans l’île, l’engouement et la fierté suscités autour de cette annonce ont occasionné de nombreux raccourcis. Médias locaux, blogs, réseaux sociaux ont rapidement conclu que le laboratoire local aurait trouvé un « remède au Covid-19 ». Certains sont même allés plus loin en élargissant à tous les virus à ARN, comme la dengue, la rougeole ou l’hépatite C, également mentionnées dans le communiqué du laboratoire.

Interrogé par les médias locaux, le chercheur Damien Bissessar, qui travaille chez Phytobokaz, a indiqué que « chimiquement, la molécule » d’herbe à pic testée a permis de montrer qu’elle a une action « inhibitrice sur l’enzyme DHODH qui permet la réplication des virus à ARN ».

« Il faudra encore réaliser les études cliniques », avait-il cependant averti. 

Mais en moins de deux jours, nombre de pharmacies alertaient sur une rupture de stock du Virapic qui, bien que contenant de l’herbe à pic, n’a jamais été mentionné par les chimistes de Phytobokaz comme étant un médicament capable de soigner le Covid-19.

Frédérique Vidal a par ailleurs rappelé que les « tests de diagnostic moléculaire qui permettent de détecter la présence du virus avec une technique beaucoup plus rapide », développés par le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et l’université de La Réunion, en lien avec le CHU de l’île, « ont été financées par le ministère à hauteur de 165.000 euros ».

« Ces tests figurent désormais sur la liste des tests évalués favorablement par le CNR (Centre national de référence, Institut Pasteur, NDLR) et très largement utilisés à la fois en France, comme je n’en doute pas très rapidement dans l’Europe et à l’étranger », a assuré Mme Vidal.

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