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Philippines : l’éruption d’un volcan fait fuir les habitants mais attire les touristes

Plus de 70 000 habitants de la région, un chiffre qui a quasiment doublé depuis trois jours, se retrouvent dorénavant entassés dans des écoles ou d’autres bâtiments publics, selon les autorités locales.

Le volcan Mayon est entré en activité depuis deux semaines et l’agence vulcanologique philippine a averti lundi d’une « éruption dangereuse imminente ».
La zone d’évacuation a été depuis progressivement élargie et s’établit actuellement à neuf kilomètres autour du cratère.

Mais même au delà de cette zone, des habitants ont quitté leurs maisons submergées par des pluies de cendres.
« Ils n’étaient pas dans la zone de danger mais ils sont effrayés », a expliqué à l’AFP Cedric Daep, chef des services de la sécurité civile dans la province d’Albay où se situe le volcan.
Selon lui, quelque 360 000 personnes, soit un tiers du million d’habitants de la province, ont respiré des cendres volcaniques.

Dans certains abris, les personnes évacuées dorment à même le sol et doivent partager les toilettes à raison d’un WC pour cinquante. D’autres abris sont même dépourvus de toilettes, selon les secouristes.
« On nous a dit que le gouvernement local nous fournirait (des toilettes mobiles) mais jusqu’à présent, il n’y en a pas », assure Maria Evelyn Grollo, qui dirige une école transformée en abri pour plus de 4 000 personnes aux abords de la ville de Legazpi.

Selon Rose Rivero, administratrice régionale de la Croix-Rouge, les évacués, essentiellement des familles de paysans, survivent grâce à des distributions de nourriture effectuées par le gouvernement et des oeuvres caritatives. Sa propre organisation fournit de l’eau potable ainsi que des produits d’hygiène et du conseil.
« Nous ne voulions pas partir parce que nous savions que la vie est dure dans les centres d’évacuation », a déclaré à la télévision GMA Susan Nolaso, tout juste arrivée dans un abri. « Mais hier, les chutes de cendres étaient vraiment trop fortes ».

Des images filmées par un drone diffusées par la chaîne de télévision ont montré Guinobatan, une ville agricole de 65 000 habitants située sous le versant ouest du Mayon, tapissée de cendres qui ressemblaient vues du ciel à de la neige sale où perçait seulement le vert des rizières.  
« Si on se réfère à l’histoire des éruptions du Mayon, il faudra trois ou quatre mois avant qu’ils ne puissent rentrer chez eux », ajoute Mme Rivero.

Selon l’agence vulcanologique nationale, les chances sont effectivement minces pour que cela arrive de sitôt.
L’agence a fait état mercredi de cinq épisodes d’émissions « intenses mais sporadiques de fontaines de lave depuis le cratère du sommet » durant la nuit de mardi à mercredi, avec également des nuages de cendres jusqu’à cinq kilomètres de hauteur.
De la lave ainsi que des rochers incandescents ont également dévalé les flancs du volcan, selon l’agence.

L’éruption excite la curiosité de touristes américains, européens ou sud-coréens, selon les hôteliers du coin.
« Ils sont attirés par l’activité du Mayon. Ils veulent voir ça de plus près », raconte à l’AFP Nics Ortonio, réceptionniste à l’Oriental Hotel de Legazpi, un quatre étoiles qui affiche complet.
Les clients sortent de leurs chambres à 110 dollars la nuitée pour observer les explosions périodiques sur le Mayon, en toute sécurité depuis la terrasse du restaurant de l’hôtel, aux côtés de dîneurs locaux, ajoute-t-elle.
« C’est bon pour les affaires, mais en tant qu’habitante je suis également affectée », poursuit la jeune femme âgée de 22 ans, expliquant qu’elle reste pour le moment à la maison avec ses parents.

Les Philippines se situent sur la « ceinture de feu » du Pacifique, zone où se rencontrent des plaques tectoniques, ce qui produit une fréquente activité sismique et volcanique.

Célèbre aux Philippines pour la quasi-perfection de son cône, le volcan Mayon, situé à quelque 330 km au sud-est de Manille, culmine à 2 460 mètres. Il est considéré comme le plus instable des 22 volcans philippins en activité. 
Il a connu 51 éruptions au cours des 400 dernières années, dont la dernière remonte à 2014. En 1814, plus de 1.200 personnes avaient péri sous des flots de lave qui avaient notamment rasé la ville de Cagsawa, à l’exception du clocher d’une église devenu une attraction touristique majeure.

Des aéroports de la région ont été fermés et certaines routes sont impraticables en raison de la cendre. Le port de masques et de lunettes de protection est conseillé aux habitants.

AFP
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