Pass obligatoire pour près de 2 millions de salariés dans l’Hexagone

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Obligatoire depuis cet été pour les clients, le pass sanitaire s'impose désormais à 1,8 million de salariés dans les restaurants, cinémas, musées ou encore les trains grandes lignes en France métropolitaine, sans pénaliser l'activité économique selon le gouvernement, qui a annoncé le prochain passage à des aides "sur-mesure" aux entreprises et la fin du "quoi qu'il en coûte".

Publié le 30/08/2021 à 10:33 - Mise à jour le 31/08/2021 à 9:59

Obligatoire depuis cet été pour les clients, le pass sanitaire s'impose désormais à 1,8 million de salariés dans les restaurants, cinémas, musées ou encore les trains grandes lignes en France métropolitaine, sans pénaliser l'activité économique selon le gouvernement, qui a annoncé le prochain passage à des aides "sur-mesure" aux entreprises et la fin du "quoi qu'il en coûte".

Depuis lundi et jusqu’au 15 novembre, les employeurs devront vérifier la validité des pass de leur personnel en contact avec le public. Le pass est validé par un schéma vaccinal complet, un test négatif datant de moins de 72 heures ou une attestation de rétablissement du Covid-19.

Lundi, les salariés interrogés par l’AFP se montraient compréhensifs, fatalistes ou franchement réticents. Devant une pharmacie du 6ème arrondissement de Lyon, de nombreux salariés non vaccinés se font tester. C’est « contraignant de venir tous les trois jours mais sinon je ne peux pas aller travailler », témoigne Noé Rohnat, 22 ans, prestataire dans une conciergerie. 

Dans une grande brasserie parisienne en face de l’Accor Hotel Arena, un serveur qui préfère rester anonyme ne décolère pas: « il n’y a plus de liberté, on est en dictature ».

Rouqia Mili travaille dans une brasserie dans le quartier de l’Opéra à Paris. Elle était réticente à se faire vacciner « mais quand j’ai vu qu’on allait suspendre notre paie, je n’ai plus hésité, on ne touche pas à mon salaire », rigole-t-elle.

« Je trouve normal qu’on applique également le pass au personnel vu qu’on le demande aux clients », souligne pour sa part Sarah Hadj-Hacène, directrice du cinéma CGR Bordeaux Le Français.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a promis « une semaine de souplesse » avant d’éventuelles « sanctions » pouvant aller jusqu’à la fermeture administrative.

5 000 salariés concernés à la SNCF

Les salariés dépourvus de ce sésame pourront prendre des congés, télétravailler, être affectés à un poste ne nécessitant pas de pass ou être suspendus sans solde.

Selon la direction générale de la Santé, plus de 48 millions de Français ont reçu au moins une dose (71,8% de la population totale) et plus de 43,5 millions bénéficient d’un schéma vaccinal complet. 

La SNCF estime que « 70% des salariés concernés par le pass sanitaire sont vaccinés » et garantit que « 100% du plan de transport » sera assuré dans les prochaines semaines.

L’obligation concerne les contrôleurs et agents de la sûreté ferroviaire des TGV, Intercités et trains internationaux mais aussi les sous-traitants du nettoyage ou du service de restauration à bord, soit « plus de 5 000 salariés », selon le groupe ferroviaire.

Fonds d’urgence prolongé d’un mois

Tous les syndicats ne sont pas du même avis sur cette nouvelle obligation. Si la CFDT avait approuvé cet été le texte, FO a dénoncé la possible suspension des contrats de travail comme une « sanction lourde ».

Interrogé sur France Inter lundi, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a redit l’opposition de la centrale au pass sanitaire et à la vaccination obligatoire, même si elle est pour la vaccination. S’il approuve ceux qui défilent contre le pass, il ne veut pas que la CGT manifeste avec « ceux qui sont contre la vaccination, qui colportent des fake news, qui ont des pancartes antisémites ».

« Y a-t-il une logique sanitaire à rendre obligatoire le pass sanitaire à la SNCF, mais pas à la RATP? », s’est interrogée pour sa part la CFTC Paris.

La mise en place du pass sanitaire dans des lieux recevant du public début août « n’a pas eu d’impact sur l’activité économique du pays », a assuré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui a réuni à Bercy plusieurs ministres et des représentants patronaux des secteurs (commerce, hôtellerie, tourisme, événementiel…) qui souffrent toujours de la crise sanitaire. Une réunion séparée a été organisée dans l’après-midi pour le monde de la culture avec son homologue Roselyne Bachelot.

Face aux inquiétudes des professionnels, le gouvernement va prolonger d’un mois le fonds de solidarité avant de passer à partir du 1er octobre au « sur-mesure ».

Après l’annonce des mesures, Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI, hôtellerie, restauration et établissements de nuit) s’est dit « satisfait ». Les représentants de la culture se sont montrés plus prudents face à la proposition de prise en charge des coûts fixes, à l’image d’Aurélie Hannedouche du syndicats des musiques actuelles, pour qui « on est démunis dans la culture pour apprécier si ça va correspondre à nos besoins ».

« On a eu beaucoup de bonnes nouvelles sur le front de l’emploi ces dernières semaines, avec des niveaux d’embauches historiques, avec une baisse du nombre de demandeurs d’emplois de 270 000 en trois mois. On a retrouvé le niveau de chômage qu’on avait avant la crise », s’est réjouie la ministre du Travail Élisabeth Borne. Elle a par ailleurs annoncé que le ministère ne recommanderait plus un nombre de jours de télétravail minimum aux entreprises qui seront entièrement à la manœuvre dans le cadre d’accords avec les syndicats. 

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