Néologisme venu du monde anglo-saxon, la « shrinkflation » (du verbe « shrink », rétrécir) désigne la pratique consistant, pour les industriels, à masquer les hausses de prix des produits vendus en réduisant leur poids.
L’association Foodwatch, qui « milite pour la transparence dans le secteur agroalimentaire », a ainsi épinglé jeudi, dans un communiqué et dans l’émission « Complément d’enquête » diffusée sur France 2, « six marques qui ont modifié la taille de leurs produits-phares ces dernières années ».
Elle relève que l’eau Salvetat, propriété de Danone, a réduit en 2020 la taille de ses bouteilles de 1,25 litre à 1,15 litre. Si le prix au litre « a augmenté chez Intermarché de 15% », « le prix à l’unité a augmenté de 5% », calcule l’association, qui note que la mention « Format généreux comme les gens du Sud » a disparu de l’étiquette.
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Précisant que « la mention 1L15 figure sur les étiquettes de chaque bouteille », Danone a répondu auprès de l’AFP que la Salvetat s’était ainsi « rapprochée du format standard des eaux pétillantes du marché », de 1 litre. Danone dit en outre ne pouvoir « que conseiller un prix (de vente, NDLR) aux distributeurs » auxquels il fournit ses produits.
Autre exemple cité par Foodwatch, le fromage Kiri, qui a réduit la taille de la portion de son fromage fondu de 10% il y a un an et demi, avec des portions passées de 20 à 18 g. « Chez Auchan, le prix à l’unité ne semble pas avoir changé mais le prix au kilo a augmenté de 11% », note l’association.
Le groupe Bel explique que le fromage est vendu « dans une nouvelle recette plus naturelle, sans additifs » et fabriqué en France à base de lait français. Cela a nécessité des investissements de recherche et industriels « conséquents pour mettre au point cette recette ».
Il dit encore avoir voulu « trouver le meilleur équilibre entre format, prix et valeur ajoutée pour le consommateur ».
Compte tenu de la flambée ces derniers mois des coûts de production, comme des matières premières, Foodwatch s’inquiète d’une poussée d’un phénomène certes légal mais dont elle dénonce « l’opacité ». Elle « demande par le biais d’une pétition aux fabricants et distributeurs qu’ils s’engagent à informer clairement les consommateurs et consommatrices ».