Outre-mer : un rapport prône un « big-bang » pour combler les inégalités avec la métropole

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Publié le 14/03/2016 à 9:33 - Mise à jour le 14/03/2016 à 9:33

L’ancien ministre des Outre-mer s’était vu confier en juin par le Premier Ministre Manuel Valls une mission parlementaire pour « définir les voies et les moyens pour aboutir à l’égalité réelle au niveau économique et social » entre les 11 territoires d’outre-mer et l’Hexagone, à la suite d’une demande de François Hollande. 
 
Alors que la France va commémorer samedi les 70 ans de la départementalisation de la Martinique, la Guadeloupe, La Réunion et la Guyane, « de nombreux retards subsistent » entre les territoires ultramarins et la métropole, note M. Lurel, notamment en termes de transport, d’infrastructures, mais aussi d’accès au logement, d’emploi (le taux de chômage des jeunes est de 60%), de pauvreté, d’illettrisme ou de mortalité infantile.
 
Dans son rapport issu de 8 mois de consultations, remis à la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin et à la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité réelle Ericka Bareigts, il fait 35 recommandations, déclinées en 75 propositions.
 
Ce rapport de 373 pages sera suivi d’un projet de loi d’ici l’été. Il s’agira d’une loi d’orientation, qui devra être suivie de déclinaisons par territoire ultramarin, via des « plans de convergence » d’une durée maximale de 25 ans, « le temps d’une génération ».
 
« Nous avons une base pour élaborer un projet de loi, qui posera le principe général d’égalité réelle », a déclaré George Pau-Langevin, même si « toutes ces propositions n’ont pas forcément vocation » à être dans le texte. Elle a salué un « plan ambitieux », tandis qu’Ericka Bareigts a évoqué une étape « historique » pour « répondre aux attentes énormes sur nos territoires ».
 
Pour comparer les inégalités, Victorin Lurel propose des « indicateurs » communs, comme le PIB par habitant, l’indice de développement humain (IDH) et le rapport entre les plus riches et les plus pauvres, combinés à des indicateurs spécifiques à chaque territoire.
 

Outre les inégalités externes (entre les Outre-mer et la métropole), le rapport s’est aussi attaché aux « inégalités internes », a rappelé M. Lurel, soulignant que si, dans l’Héxagone, « les 10% plus riches sont 3,6 fois plus riches que les 10% plus pauvres, ce chiffre passe à 10,7 en Guyane, 6,7 en Guadeloupe, 9,7 à Mayotte, 7 en Martinique et 5,4 à la Réunion ».
 
Le député appelle à réformer le marché du travail en outre-mer (« zéro charge » sur l’emploi, un contrat unique d’embauche) et à interdire aux lycées et collèges de laisser partir les jeunes décrocheurs sans formation.
 
Il suggère aussi de créer un complément temporaire de retraite pour les petites retraites (qui ont parfois 400 euros de différence avec la moyenne nationale), de réserver aux TPE et PME un tiers des marchés publics, de créer des zones franches globales et d’étendre l’aide fiscale aux investissements aux infrastructures publiques.
 
« On demande à l’Etat un effort financier considérable pour rattraper les écarts. Mais au bout de dix ans de marche vers l’égalité, on demandera des efforts aux territoires », a expliqué l’ancien ministre, estimant qu’il faudrait le moment venu revoir la sur-rémunération des fonctionnaires en Outre-mer (destinée à compenser la vie chère), supprimer la réfaction de l’impôt sur le revenu, mais aussi augmenter la TVA et l’octroi de mer (taxe spécifique à l’outre-mer), ou encore instaurer des péages et taxer les importations de véhicules.
 
Le concept d’égalité réelle a été relancé depuis deux ans par le Conseil représentatif des Français d’Outremer (Crefom), qui tiendra mercredi soir son dîner annuel, auquel est convié Manuel Valls. L’association, chargée de la promotion des ultramarins, espère de premières annonces en réponse au rapport Lurel.

AFP

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