Oui massif des Irlandais au droit à l’avortement

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Publié le 25/05/2018 à 6:07 - Mise à jour le 25/05/2018 à 6:07

Les électeurs se sont prononcés à 66,4% pour l’abrogation de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement.

La participation a atteint 64,1%. Sur 2,15 millions de bulletins de vote exprimés, quelque 1,43 million se sont exprimés en faveur du changement de législation. 

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« C’est « une révolution tranquille », a réagi le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, selon qui les Irlandais étaient prêts à ce changement depuis déjà des années. 

« Le peuple a dit que nous voulions une Constitution moderne pour un pays moderne, que nous faisons confiance aux femmes et que nous les respectons pour prendre les bonnes décisions concernant leur propre santé », a-t-il ajouté.

Ce vote est un nouveau séisme culturel dans cette petite république de 4,7 millions d’habitants, trois ans après la légalisation, par référendum également, du mariage homosexuel. 

Dans la capitale irlandaise, la cour du château de Dublin a été envahie par des centaines de personnes qui ont accueilli les résultats avec des cris de joie et des larmes d’émotion. 

« C’est un jour historique pour l’Irlande et les femmes de ce pays. Nous avons été ostracisées et discriminées pendant des années par l’Eglise catholique, nos gouvernements, les hommes », s’est exclamée Caoimhe Sloane, une institutrice de 27 ans. Elle dit ne pas pouvoir être « plus fière » de son pays. 

Ruth Bowie, une infirmière de 40 ans, est « totalement bouleversée ». Cette militante de longue date avait dû se rendre à l’étranger, il y a neuf ans, pour recevoir des soins quand on lui a dit que son bébé ne survivrait pas en dehors de l’utérus. « J’ai raconté mon histoire, encore et encore, juste dans l’espoir que ce jour arrive un jour et il est finalement arrivé », a-t-elle dit.

Le gouvernement veut autoriser l’avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse, et jusqu’à 24 semaines pour raisons de santé. Leo Varadkar a annoncé que la nouvelle législation serait promulguée « avant la fin de cette année ».

Son ministre de la Santé, Simon Harris, a précisé que l’exécutif se réunirait mardi pour discuter du projet de loi avec l’objectif de le présenter « à l’automne » au Parlement, où il devrait être adopté sans difficulté, les chefs des deux principaux partis d’opposition, Fianna Fail et Sinn Féin, soutenant la réforme.  

Dans un centre de comptage à Dublin, l’atmosphère était déjà à la fête en début d’après-midi, alors que des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote prédisaient une large victoire du oui. « Nous avons définitivement rompu avec une histoire qui était vraiment très dure pour les femmes », s’est félicitée Ailbhe Smyth, 71 ans, de la campagne « Together for Yes ».

Selon l’Irish Times, « le vote pour le oui montre un immense désir de changement que personne n’avait prévu ».  

« Nous nous sommes sortis de l’âge des ténèbres. Nous ne sommes plus un pays arriéré, comme l’Eglise voulait nous le faire croire », s’est réjouie de son côté Catherine Claffey, une fleuriste de Dublin âgée de 53 ans.   

Cora Sherlock, porte-parole de la campagne anti-avortement « Pro Life Campaign », a évoqué « un jour désastreux ». John McGuirk de la campagne « Save the 8th », ne s’est pas avoué vaincu. « Chaque fois qu’un enfant à naître verra sa vie terminée en Irlande, nous nous y opposerons et ferons entendre notre voix », a-t-il dit dans un communiqué. 

Quelque 3,5 millions d’électeurs avaient été appelés à se prononcer vendredi à l’issue d’une campagne souvent âpre.

La consultation posait précisément la question de l’abrogation du 8e amendement de la Constitution irlandaise, introduit en 1983, qui interdit l’avortement au nom du droit à la vie de « l’enfant à naître (…) égal à celui de la mère »

Après le décès de septicémie d’une femme enceinte, une réforme a été introduite en 2013 permettant une exception lorsque la vie de la mère est menacée. Mais l’IVG reste interdite dans tous les autres cas, contraignant des dizaines de milliers de femmes à aller avorter à l’étranger au cours des trente dernières années.

La consultation, qui est intervenue à trois mois d’une visite du pape François en Irlande, traduit le déclin de l’influence de l’Église catholique, dont la puissante tutelle s’est érodée en raison des bouleversements économiques et sociaux. L’institution religieuse paie aussi le prix des affaires de pédophilie impliquant des prêtres.

« Il est grand temps que l’Irlande officielle arrête d’entretenir des vues extrêmement conservatrices sur les questions sociales et morales. Le peuple a parlé et ce qu’il a dit haut et fort c’est que +nous+ sommes une société moderne, libérale et progressiste », a déclaré sur Twitter David Farrell, directeur de l’école de politique de l’University College Dublin.

C’est aussi un grand succès personnel pour Leo Varadkar, accueilli comme une rock-star par la foule. Le jeune médecin de formation, 39 ans, ouvertement homosexuel, avait promis l’organisation d’un référendum en accédant à la tête de l’exécutif au printemps dernier.

AFP

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