Nouvelle-Calédonie : un mort et deux blessés dans un échange de tirs dans le nord

Publié le

Un Caldoche est mort et deux autres hommes ont été blessés samedi en Nouvelle-Calédonie dans un échange de coups de feu sur un barrage érigé par des Kanak dans le nord de la grande île. A Nouméa, "on est loin d'un retour à l'apaisement", selon la maire.

Publié le 18/05/2024 à 7:30 - Mise à jour le 18/05/2024 à 7:30

Un Caldoche est mort et deux autres hommes ont été blessés samedi en Nouvelle-Calédonie dans un échange de coups de feu sur un barrage érigé par des Kanak dans le nord de la grande île. A Nouméa, "on est loin d'un retour à l'apaisement", selon la maire.

Le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, a confirmé à l’AFP « un mort et deux blessés à Kaala-Gomen« , une commune de la province Nord.

Ce décès porte à six le nombre de morts depuis le début lundi des violences, les plus graves survenues en Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980, sur fond de contestation indépendantiste d’une réforme électorale votée à Paris.

Outre ces six morts – deux gendarmes et quatre civils, trois Kanak (d’origine autochtone mélanésienne) et un Caldoche (d’origine européenne) – des centaines de blessés sont à déplorer, selon les autorités.

– PUBLICITE –

Les faits de Kaala-Gomen se sont produits samedi à 14h30 (5h30 à Paris), selon deux sources proches du dossier. D’après une de ces sources, des tirs ont été échangés quand deux Caldoches d’une même famille ont voulu passer un barrage : le père est décédé, son fils a été blessé, ainsi qu’un Kanak qui se tenait sur ce point de blocage.

La situation sur le Caillou est « loin d’un retour à l’apaisement« , a affirmé samedi Sonia Lagarde, la maire de Nouméa. « Les deux dernières nuits, on peut dire qu’elles étaient plus calmes, par contre, les jours se ressemblent, avec son lot d’incendies« , a déclaré l’édile (Renaissance) de la « capitale » calédonienne, interrogée par BFMTV.

« Au moment où je vous parle, il y a des barricades qui sont montées dans un quartier est de la ville de Nouméa, qui sont tenues (…) par les indépendantistes« , a-t-elle poursuivi samedi en milieu de matinée (heure de Paris), assurant que la situation ne s’améliorait pas, « bien au contraire, malgré tous les appels à l’apaisement ».

« Quand je vois tous ces dégâts, et que ce soit les biens privés ou les biens publics qui partent en fumée, c’est la désolation« , s’est émue Mme Lagarde, parlant d’une « tristesse infinie ». « Est-ce qu’on peut dire qu’on est dans une ville assiégée ? Oui, je pense qu’on peut le dire« , a-t-elle déclaré, avant d’évoquer l’arrivée de renforts de forces de sécurité, à qui « il faut laisser un petit peu de temps » pour faire leur travail.

Situation critique à l’hôpital

Au Médipôle de Dumbéa, l’hôpital territorial situé dans la banlieue de Nouméa, le hall d’entrée a été réaménagé pour accueillir les patients – jeunes mères avec leurs nouveau-nés, femme enceintes – qui ne nécessitent plus de soin… mais ne peuvent pas regagner leur domicile.

En cause, les centaines de barrages qui entravent toujours les routes de l’agglomération, A proximité, des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre, et le bâtiment abritant les logements des internes a été incendié.

« Le Médipôle n’est pas la cible d’intrusions. Nous accueillons tout le monde et les urgences sont ouvertes« , tempère auprès de l’AFP Leslie Levant, directeur du Médipôle.

Mais si les ambulances orientées par le Samu arrivent encore sur place, l’hôpital reste largement inaccessible, même pour le personnel soignant. Les médecins, infirmiers, etc., qui ne peuvent pas être relevés, dorment sur place, dans les chambres disponibles ou bien les bureaux, précise le directeur.

Quant aux patients chroniques, ils « ont disparu de nos salles d’attente« , constate Leslie Levant. « Cela veut dire que des personnes qui en ont pourtant besoin ne se soignent plus, avec un risque d’aggravation de leur pathologie« .

La situation à l’hôpital est « critique« , résume un autre responsable du Médipôle, Thierry de Greslan, s’alarmant de la dégradation de la situation sanitaire. Sur France info vendredi, il a estimé que « trois ou quatre personnes seraient décédées » la veille par manque d’accessibilité aux soins.

L’Association de prévention et de traitement de l’insuffisance rénale (ATIR), la principale structure de dialyse du territoire, ne peut plus prendre en charge que 20 patients sur les 200 traités habituellement, indique-t-elle.

« Notre principal centre avec 36 postes de dialyse a été pillé, et les postes sont inutilisables. Une partie des patients a été orientée vers le Médipôle lorsque cela était possible, mais on est sans nouvelles de nombreux patients« , détaille son directeur Nicolas Darsault.

Dernières news

Activer le son Couper le son