Nouvelle-Calédonie : Sébastien Lecornu appelle le FLNKS au dialogue

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Le ministre des outre-mer a lancé vendredi un appel au dialogue aux indépendantistes de Nouvelle-Calédonie où les violences s'installent en raison de la vente d'une usine de nickel à laquelle ils s'opposent, lors d'une interview à la télé Calédonia, tandis que les Loyalistes appellent à manifester "pacifiquement" samedi.

Publié le 11/12/2020 à 10:02 - Mise à jour le 11/12/2020 à 10:02

Le ministre des outre-mer a lancé vendredi un appel au dialogue aux indépendantistes de Nouvelle-Calédonie où les violences s'installent en raison de la vente d'une usine de nickel à laquelle ils s'opposent, lors d'une interview à la télé Calédonia, tandis que les Loyalistes appellent à manifester "pacifiquement" samedi.

« Je suis à disposition pour discuter (en visioconférence) et si les responsables du FLNKS veulent venir jusqu’à Paris pour me rencontrer et pour organiser le tour de table, je les accueillerai », a-t-il déclaré.

« S’ils estiment qu’il y a urgence à pouvoir en discuter au plus haut niveau et que l’État reprenne la main sur ce dossier, j’attends tout le monde, rue Oudinot (où se situe le ministère des outre-mer, ndlr) à Paris, pour engager le dialogue qui s’impose », a également indiqué Sébastien Lecornu.      

Il s’exprimait à l’issue d’une réunion à distance sur le nickel dans le cadre de discussions sur l’avenir politique de l’île, à laquelle ont participé les non indépendantistes mais que le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a décidé de boycotter compte tenu du dossier explosif de la reprise du l’usine de Vale.         

Adossée au riche gisement de Goro (sud), l’unité a été officiellement cédée mercredi à un consortium calédonien et international, avec le négociant en matières premières, Trafigura, auquel sont farouchement opposés les indépendantistes, appuyés par un syndicat et les autorités traditionnelles kanak.

Incendies, barrages routiers, violences urbaines…

Un climat quasi insurrectionnel s’est installé en plusieurs points de Nouvelle-Calédonie depuis lundi, du fait des incendies de voitures et d’une station service, de barrages routiers, de violences urbaines et de destructions d’équipements publics, menées par des militants du collectif « usine du sud : usine pays », de l’Instance coutumière autochtone de négociation (ICAN), soutenus par les indépendantistes du FLNKS.      

Les violences sont montées d’un cran jeudi lorsque le site industriel a été pris d’assaut par des militants à bord de camions et que les gendarmes, équipés de véhicules blindés, ont effectué des tirs à balles réelles pour les repousser, a indiqué le Haut-commissariat de la République.       

Quelques 300 salariés de cette usine, classée à haut risque industriel, ont été évacués avant que toutes ses installations -centrale électrique, usine d’acide sulfurique et autoclaves- soient mis à l’arrêt. Le site a été placé sous protection des forces de l’ordre. 

Vendredi matin, la circulation sur plusieurs axes routiers était encore perturbée par des barrages et des contre-barrages d’habitants exaspérés.

« Personne n’a à gagner aux violences, je les condamne avec la plus grande fermeté. Les 3 000 salariés (usine et sous-traitance) ne peuvent pas être la variable d’ajustement », a asséné M.Lecornu.      

Les indépendantistes soutenaient une offre de rachat concurrente, écartée par Vale, associant intérêts publics calédoniens et Korea Zinc, avant que ce dernier n’annonce lundi son retrait de la course.       

Le FLNKS et ses alliés ont accusé l’État d’avoir fait « de l’activisme diplomatique » pour que le groupe coréen se retire de cette affaire sensible.        

« Ces sont des accusations très graves. Jamais la France n’a fait pression, au contraire la France a demandé à un pays ami, la Corée du sud, de nous mettre en contact avec Korea Zinc. Korea Zinc n’a jamais donné suite », a assuré le ministre.         

Alors qu’à l’appel du loyaliste Harold Martin, ancien élu et signataire de l’accord de Nouméa (1998), des contre-barrages ont été dressés en début de semaine par des militants parfois armés, selon des vidéos mises en ligne, le ministre a mis en garde que « faire circuler des armes ou en détenir sur la voie publique, ce n’est pas la France »,

Cette crise survient après le deuxième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le 4 octobre, remporté par les pro-français (53,3%). Un troisième scrutin doit avoir lieu d’ici 2022.

L’appel des Loyalistes à une marche pacifiste

De leur côté, la coalition Les Loyalistes a appelé à manifester « pacifiquement » samedi à Nouméa.

« Il faut mettre un terme à la situation actuelle, revenir au dialogue. Des actes qu’on peut qualifier de terroristes se sont déroulés à l’usine du sud hier », a déclaré vendredi à la presse le vice-président de la province Sud, Philippe Blaise, un des dirigeants des Loyalistes.

La coalition non indépendantiste majoritaire a appelé à une marche samedi matin. Son but : « démontrer que nous voulons retrouver nos libertés ». 

Le parcours de la manifestation prévoit un passage devant les grilles du Haut-commissariat de la République, représentant de l’État français, à Nouméa.     

« J’ai le sentiment que les Calédoniens de tous bords vivent aujourd’hui dans la peur. Il faut que collectivement nous montrions notre volonté d’en sortir », a également déclaré Thierry Santa, président du gouvernement calédonien et du Rassemblement-LR.       

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