Nouvelle-Calédonie : les violences se poursuivent autour du dossier du nickel, un repreneur potentiel abandonne

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Le dossier ultra sensible de la reprise de l'usine de nickel du Brésilien Vale en Nouvelle-Calédonie, a connu un nouveau rebondissement lundi après l'abandon d'un candidat au rachat, au terme d'une journée marquée par de nouvelles violences.

Publié le 07/12/2020 à 8:49 - Mise à jour le 07/12/2020 à 8:52

Le dossier ultra sensible de la reprise de l'usine de nickel du Brésilien Vale en Nouvelle-Calédonie, a connu un nouveau rebondissement lundi après l'abandon d'un candidat au rachat, au terme d'une journée marquée par de nouvelles violences.

Le climat s’est tendu depuis plusieurs semaines dans le territoire autour de la vente de cette usine du groupe Vale, qui exploite le riche et stratégique gisement de nickel de Goro, dans le sud de l’archipel calédonien, et emploie 3 000 salariés. 

Cette transaction, qui doit aboutir rapidement -Vale a annoncé son intention de quitter le territoire d’ici le 31 décembre -, cristalise les tensions entre indépendantistes et non-indépendantistes, juste après le deuxième référendum sur l’indépendance du 4 octobre, remporté d’une courte tête par les partisans d’un Nouvelle-Calédonie française (53,3%), et qui a exacerbé les clivages entre communautés Kanak et européenne. Un troisième vote devrait se tenir d’ici à 2022.

Le parti non-indépendantiste majoritaire soutient un consortium calédonien et international, Prony ressources, mené notamment par le négociant en matières premières Trafigura, basé en Suisse, et qui était entré en négociation exclusive avec le groupe Vale le 5 novembre. 

À l’opposé, des membres du collectif « usine du sud: usine pays », de l’Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN) et de la coalition indépendantiste FLNKS refusent cette vente qui selon eux serait un « pillage des ressources du pays par les multinationales », et défendent l’offre Sofinor/Korea Zinc, qui aurait permis à une « entité pays » de garder 56% du capital.

Mais Sofinor a annoncé lundi soir (heure de Calédonie) le retrait de son offre de reprise de l’usine de traitement de nickel de Vale.

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« Eu égard à la situation, Korea Zinc, notre partenaire industriel dans le cadre de la proposition de reprise de l’usine du Sud, nous a fait part, ce jour, de son souhait de se retirer du projet », a annoncé Sofinor dans un communiqué. « Il en résulte le retrait de l’offre portée par le consortium Sofinor/Korea Zinc, retrait opéré avec regret puisqu’il porte depuis près de 10 mois un projet résolument calédonien », a ajouté Sofinor.

Désormais « seule demeure l’offre portée par Prony Resources », a écrit le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu lundi dans un communiqué, rappelant que l’offre Sofinor-Korea Zinc « n’avait été transmise à l’Etat que le 29 octobre » et « ses conditions de financement et de mise en oeuvre n’avaient jamais été précisées ». L’Etat est impliqué dans la transaction par le biais de soutiens financiers (500 millions d’euros).

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Ce rebondissement intervient après plusieurs jours de tensions et de troubles sur le Caillou. Après un blocage des accès à l’usine dimanche, des affrontements ont eu lieu lundi toute la journée entre forces de l’ordre et les opposants à la reprise de l’usine par le consortium menée par Trafigura.  

Selon le haut-commissariat, 47 personnes ont été interpellées dont trois légèrement blessées, et quatre policiers et un gendarme ont également été blessés. Sébastien Lecornu a « fermement » condamné ces violences, affirmant son soutien aux forces de l’ordre. 

« L’heure est désormais à la mobilisation de tous pour assurer que l’emploi des 3 000 salariés de l’usine du sud sera préservé », a souligné M. Lecornu, appelant chacun à « prendre ses responsabilités pour préserver l’activité sur le site ». Selon lui, « plusieurs points doivent être discutés pour parvenir à la solution de reprise la plus solide possible » de l’usine du Sud, « dont l’actionnariat calédonien ». 

Le ministre « confirme la proposition de dialogue au nom de l’Etat » jeudi avec plusieurs acteurs calédoniens, sur cette transaction épineuse. 

Dans un communiqué, le groupe Calédonie Ensemble (non-indépendantiste) prend acte du retrait de Koréan Zinc, mais s’inquiète, soulignant que « l’ICAN et les indépendantistes ont affirmé, qu’à défaut d’un repreneur accepté » par toutes les parties, « ils privilégieraient la mise en sommeil de l’usine ». « Si tel était le cas, ce serait un cataclysme politique, économique et social pour notre pays », juge Calédonie Ensemble. 

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