Nouvelle-Calédonie: le Sénat vote la composition du corps électoral pour le futur réferendum

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Publié le 19/02/2018 à 7:27 - Mise à jour le 19/02/2018 à 7:27

Seuls les deux sénateurs FN ont voté contre le texte défendu par la ministre des Outre-mer Annick Girardin, 344 votant pour.

« Le vote du Sénat est un signal fort adressé à la Nouvelle-Calédonie », a jugé la ministre à l’issue du vote.

Pour être définitif, le projet de loi devra être adopté dans les mêmes termes à l’Assemblée nationale où il sera débattu du 13 au 15 mars.

Ce texte organique sur « l’organisation de la consultation sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie », dont l’examen avait eu lieu mardi dernier au Sénat, traduit l’accord politique entre non-indépendantistes et indépendantistes arraché de haute lutte le 2 novembre à Matignon par le Premier ministre Édouard Philippe, lors d’un comité des signataires de l’accord de Nouméa (1998).

Il permet notamment l’inscription d’office, sur la liste électorale générale des communes de la Nouvelle-Calédonie des natifs du territoire encore non inscrits, condition préalable pour qu’ils puissent ensuite accéder à la liste spéciale pour le référendum.

Dans le détail, le texte propose d’abord de mettre en place une « procédure exceptionnelle d’inscription d’office » sur les listes électorales générales pour tous les électeurs non inscrits qui « ont leur domicile réel dans une commune de la Nouvelle-Calédonie ou qui y habitent depuis six mois au moins ».

En vertu des critères déjà fixés, une fois présents sur la liste générale, les Kanak ayant un statut civil coutumier (organisation sociale traditionnelle) rejoignent sans condition la liste spéciale pour le référendum.

Le texte prévoit ensuite d’inscrire sur cette liste électorale spéciale les « électeurs nés en Nouvelle-Calédonie et présumés y détenir le centre de leurs intérêts matériels et moraux (…) dès lors qu’ils y ont été domiciliés de manière continue durant trois ans ». 

Pour ceux-là, « l’inscription ne pourra être refusée que par l’État au vu de certains fichiers dont le principal est celui de la Sécurité sociale », avait précisé le rapporteur (LR) au Sénat, Philippe Bas.

Environ 7 000 personnes de statut civil coutumier (kanak) et 4 000 de droit commun sont concernées par ces nouvelles dispositions.

Lors du débat, la plupart des sénateurs avaient souligné la nécessité que l’issue du scrutin ne réveille pas les tensions entre indépendantistes et non-indépendantistes.

« Nous allons voter ce texte (…) parce qu’il est la traduction juridique d’un accord politique », a déclaré au cours des explications de vote le président du groupe LR Bruno Retailleau. Mais, a-t-il reproché, « le seul qui refuse de s’engager, c’est l’État. Et le rôle de l’État c’est de préparer le jour d’après le référendum qui sera certainement celui de la Nouvelle-Calédonie dans la France ».

Pour l’élu de Nouvelle-Calédonie Gérard Poadja (UDI), « ce texte contribue à la définition d’un peuple, le peuple calédonien (..) qui, par les hasards de l’histoire du Monde, est en train de se construire dans une petite île du Pacifique en Mélanésie ».

Jacques Bigot (PS) a souligné que son groupe soutenait « un texte qui est dans la logique de ce qu’a mis en œuvre Michel Rocard » lors des accords de Matignon, signés en 1988 par le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou et le leader loyaliste Jacques Lafleur pour mettre mis fin aux violences entre les communautés Kanak et d’origine européenne.

Claude Malhuret (Les Indépendants) a jugé que le texte constituait « la première pierre de la fondation sur laquelle bâtir la Nouvelle-Calédonie de demain ».
 

AFP

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