La Martinique, touchée par « une vague Delta d’une violence énorme », connaît actuellement un taux d’incidence « autour de 1.200 » pour 100.000 habitants, « en légère diminution, (…) mais à un niveau vraiment très élevé », a-t-il précisé lors d’un entretien à l’AFP.
« On s’installe en plateau » mais il « ne faut pas », « parce que ça veut dire qu’on va avoir de façon continue un flux massif de personnes dans les structures hospitalières, et qui vont saturer la médecine de ville », décrit le responsable de l’ARS.
Actuellement, rappelle-t-il, la Martinique compte « plus d’une centaine de lits de soins critiques » et « presque 500 lits de médecine (…) et c’est encore à peine suffisant ».
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« D’autant qu’on voit arriver des formes de Covid chez l’enfant qu’on n’avait pas jusqu’à maintenant » et chez des femmes enceintes, parfois obligées de subir des césariennes prématurées, détaille-t-il.
Alors que les formes sévères chez les enfants sont relativement rares, « la circulation du virus est tellement importante qu’on constate 10 enfants hospitalisés en service de pédiatrie, dont un en soins intensifs. C’est quelque chose que l’on n’avait pas du tout vu pendant les vagues précédentes », relate M. Viguier.
Pour lui, « la situation est extrêmement tendue. Elle tient le coup, entre guillemets, grâce à l’ensemble des renforts qui sont venus épauler les équipes de soins martiniquaises ».
« Chaque jour, le CHU pousse les murs de façon à créer de nouveaux services, à pouvoir accueillir plus de patients, mais ça trouve à un moment ses limites, ce qui fait que la situation reste extrêmement préoccupante », prévient-il, d’autant que « dans l’ensemble des départements d’Outre-mer quasiment, la situation est très dégradée ».
Il rappelle notamment que « les voisins de Guadeloupe ont un taux d’incidence qui est deux fois celui qu’on a ici, et vont avoir un impact sur le système de santé qui va être vraiment très important », et s’inquiète aussi de l’épidémie qui « reprend en Guyane ». Lors des vagues précédentes, la Martinique avait épaulé ces deux territoires.
« Container réfrigéré «
Pour faire face à la tension hospitalière, l’île a reçu « un appui militaire, un appui de la réserve sanitaire, un appui de la solidarité nationale (…) de l’ensemble des hôpitaux, à hauteur de 400 soignants ».
Dans le territoire d’environ 370.000 habitants, « on aura encore besoin de nouveaux renforts ». « Si jamais ils sont désengagés, on se retrouvera dans une situation complètement dramatique », poursuit-il.
D’autant qu’avec près de « 30% de première injection », la vaccination « est largement insuffisante », même si « ce taux est en augmentation. On sent une reprise, un certain engouement pour la vaccination, probablement lié aussi à la pression de cette épidémie et à ses conséquences, qui sont une véritable hécatombe ».
Il rappelle qu’en Martinique, le taux maximum d’incidence atteint lors des précédentes vagues était seulement de 300 cas pour 100.000 habitants.
« A la fin de la 3e vague, raconte M. Viguier, il y avait 95 décès enregistrés à l’hôpital ». Désormais « le compteur de décès tourne beaucoup plus rapidement ».
« A ce jour, nous en sommes, en cumulé, à 278 décès survenus à l’hôpital ». S’ajoutent ceux qui surviennent en ville ou en Ehpad, avec un enregistrement du certificat de décès souvent plus lent, « mais on évalue à environ 30% de plus les décès survenus en dehors de l’hôpital ».
Ce nombre de morts très élevé a conduit à « une mise sous tension de toutes les morgues des établissements de santé et des opérateurs de pompes funèbres ».
Pour les renforcer, « un container réfrigéré » pour accueillir les corps sera « mis en place au CHU très rapidement ».