Marine Le Pen au second tour appelle à « l’alternance »

Publié le

Marine Le Pen a appelé à "l'alternance" après être parvenue pour la deuxième fois au second tour de la présidentielle en réunissant dimanche entre 23,5 et 24,7% des voix, soit davantage qu'en 2017 (21,3%), mais derrière Emmanuel Macron, donné entre 27,6 et 29,7% selon les estimations.

Publié le 10/04/2022 à 10:16 - Mise à jour le 10/04/2022 à 10:16

Marine Le Pen a appelé à "l'alternance" après être parvenue pour la deuxième fois au second tour de la présidentielle en réunissant dimanche entre 23,5 et 24,7% des voix, soit davantage qu'en 2017 (21,3%), mais derrière Emmanuel Macron, donné entre 27,6 et 29,7% selon les estimations.

C’est la troisième fois que l’extrême droite parvient au second tour d’une présidentielle en France, après son père et ancien chef du Front national Jean-Marie Le Pen en 2002, puis elle-même, déjà, il y a cinq ans.

Devant plusieurs centaines de partisans réunis au Parc floral à Paris, qui scandaient « on va gagner », la candidate du Rassemblement national (RN) a appelé à une « grande alternance », en invitant « tous ceux qui n’ont pas voté » pour Emmanuel Macron à la « rejoindre ».

Elle a défendu sa vision d’un « rassemblement des Français autour de la justice sociale et de la protection, garantie par un cadre fraternel autour de l’idée millénaire de nation », qu’elle a opposée à « la division, l’injustice et le désordre imposés par Emmanuel Macron au profit de quelques uns ».

« Elle est prête, c’est son moment. Elle est arrivée à maturité », a salué Valentin Rebuffet, 24 ans, collaborateur du maire RN de Bruay-La-Buissière Ludovic Pajot, non loin d’un buffet où des bouteilles de champagne avaient été marquées « Marine présidente 2022 ».

« Métamorphose »

Marine Le Pen retrouvera au second tour le 24 avril le même adversaire qu’en 2017, qu’elle devrait affronter en débat le 20 avril. Une joute à laquelle elle se prépare, soucieuse de ne pas la rater comme il y a cinq ans, et d’apparaître crédible, notamment sur l’économie.

Elle a franchi la barre du premier tour malgré une abstention élevée (entre 24 et 26,5% environ), la concurrence d’Eric Zemmour, donné entre 6,5 et 7,1%, et l’invasion de l’Ukraine lancée par Vladimir Poutine, avec qui elle s’était affichée en 2017. Emmanuel Macron a lui mené une campagne jugée trop courte et prudente.

Son rival d’extrême droite Eric Zemmour, qui avait dit ne pas croire à sa victoire, a « appelé » dimanche à voter pour elle. L’ancien polémiste l’a gênée, voire dépassée dans les sondages à l’automne avant de la faire apparaître recentrée par la radicalité de ses propos.

À droite, la candidate LR Valérie Pécresse, donnée autour de 5%, a dit qu’elle voterait « en conscience » pour M. Macron, tandis que le député LR Eric Ciotti a refusé de donner une consigne de vote.

Son ancien allié en 2017, Nicolas Dupont-Aignan, a appelé à « tout faire pour faire barrage » à Emmanuel Macron.

L’écologiste Yannick Jadot et la socialiste Anne Hidalgo ont, à l’inverse, appelé à voter pour le président sortant, « contre l’extrême droite ».

Stature

Marine Le Pen devrait poursuivre sa campagne de « terrain » dans des petits meetings en province, et laisser l’immigration au second plan pour continuer à  se concentrer sur le pouvoir d’achat. 

Un thème qui a trouvé un écho dans son électorat populaire, touché par l’inflation générée par la guerre en Ukraine, et qui avait amorcé le mouvement des « gilets jaunes ».

Entre « chats » et confidences, Marine Le Pen a aussi beaucoup lissé son image et édulcoré certaines propositions. 

Frédéric Dabi, directeur de l’institut Ifop, évoque la « métamorphose » d’une candidate « chiraquisée », devançant même Emmanuel Macron sur la capacité à rassembler. « Tout ça annonce un second tour particulièrement serré ».

Son projet reste pourtant aussi « radical » sur l’immigration et l’islamisme, selon la Fondation Jean-Jaurès.

Marine Le Pen veut inscrire dans la Constitution le principe de « priorité nationale », qui rompt avec le principe constitutionnel d’égalité, ainsi que la primauté du droit français sur le droit européen, ce qui conduit à un Frexit de fait, selon les spécialistes.

Outre la crédibilité de son projet, Mme Le Pen sera jugée au second tour sur sa stature internationale, alors que la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine, où Moscou est accusé d’exactions.

Elle a tenté de contrer toute idée de proximité avec Vladimir Poutine, en amendant ses propos et en renonçant, à ce stade, à une « entente » militaire avec Moscou. Elle a également proposé d’accueillir les réfugiés ukrainiens. Mais elle reste opposée aux sanctions économiques contre la Russie qui grèveraient le budget des ménages.

Dernières news