« Les deux hommes interpellés sont deux Drômois âgés de 28 ans, inconnus de la justice », précise Alex Perrin, procureur de la République à Valence. « À ce stade des gardes à vue, leurs motivations ne sont pas connues », a ajouté le magistrat, sans préciser davantage le profil des suspects.
Une vidéo de la scène publiée sur les réseaux sociaux montre un homme portant un tee-shirt kaki, une barbe noire et une chevelure longue, porter une gifle auPprésident de la République, tandis qu’une voix hurle le cri de guerre royaliste « Montjoie Saint Denis! », ainsi que « À bas la macronie ».
Emmanuel #Macron giflé à #Tain
— Christopher Nunès 🍿 (@NunesChr) June 8, 2021
pic.twitter.com/BGxfpweyqc
Les deux suspects, Damien T. et Arthur C., sont originaires de la commune de Saint-Vallier, selon le quotidien Le Figaro. Des sources proches du dossier ont confirmé leur identité à l’AFP.
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L’un d’eux est un adepte des arts martiaux historiques européens, une discipline qui compte environ 1 500 pratiquants en France et promeut des formes de combat tombées dans l’oubli en Europe, d’après un profil Instagram à son nom où il apparaît en costume médiéval.
L’autre fait partie d’un conseil de quartier de la commune de Saint-Vallier, d’après le site internet de la mairie, et tous les deux appartiennent à une association de jeux de plateau d’inspiration médiévale.
« Vers 13h15, le Président était remonté dans sa voiture après avoir visité un lycée et il est ressorti car des badauds l’appelaient. Il est allé à leur rencontre et c’est là que l’incident s’est produit », avait indiqué précédemment la préfecture de la Drôme.
« Une plainte doit être déposée dans les prochaines heures par le préfet », indique par ailleurs le procureur. Une enquête, menée par les gendarmes drômois, a été ouverte pour violence sans ITT sur personne dépositaire de l’autorité publique.
Un Président qui aime aller « au contact » de la population
Emmanuel Macron aime aller « au contact », « à portée d’engueulade », et s’immerger dans la foule ; un choix qui comporte une part de risque et donne du fil à retordre à sa sécurité comme l’illustre la gifle qu’il a reçue.
« Je suis toujours au contact, à portée d’engueulade. J’y tiens », a-t-il lancé mardi soir, affirmant ne rien vouloir céder à la violence.
Renouant avec les bains de foule qu’il affectionne, après 14 mois d’abstinence pour cause d’épidémie, le chef de l’Etat conserve aussi son goût de l’improvisation, comme l’ont prouvé ses récents déplacements dans le Lot et la Drôme.
Ses impulsions sont un défi pour le GSPR, le corps d’élite qui assure sa sécurité.
C’est pour un bain de foule d’ailleurs qui n’était pas inscrit à son programme que, mardi à midi, il s’est avancé rapidement vers une petite foule qui l’attendait derrière une barrière, accompagné de ses gardes du corps qui accélèrent pour rester à sa hauteur.
Ces derniers n’ont pas eu le temps d’empêcher le coup mais maîtrisent immédiatement l’agresseur et éloignent le chef de l’Etat.
Le président recommence aussitôt à serrer des mains et poursuit sa visite qu’il terminera par un long bain de foule dans les rues de Valence.
« J’ai continué et je continuerai. Rien ne m’arrêtera », a-t-il insisté dans Le Dauphiné, balayant des faits « isolés » d' »individus ultraviolents comme il y en a toujours quelques-uns dans les manifestations aussi ».
Ce n’est pas la première fois que le président descend de voiture à l’improviste pour saluer un groupe de badauds qui l’attend à un coin de rue, interrompant son déplacement. A chaque fois, ses gardes du corps doivent s’adapter.
Foule inattendue
Il arrive fréquemment qu’aucune barrière métallique ne le sépare de tous ceux – déjà filtrés par la sécurité – qui se précipitent sur lui pour l’aborder ou pour des selfies côte à côte, qu’il ne refuse jamais. Comme à Mulhouse où, venu parler début 2020 du délicat sujet du séparatisme, il s’est retrouvé entouré d’une foule inattendue.
Décidé à convaincre justement les plus réticents, le chef de l’Etat se dirige souvent vers les groupes hostiles. Comme lors d’une visite au Salon de l’agriculture en 2018, quand il avait foncé vers un groupe d’hommes qui l’avait sifflé, modifiant le parcours prévu.
Pendant sa campagne, sur le parking de l’usine Whilpool, il avait plongé au milieu des ouvriers qui venaient d’applaudir Marine Le Pen. Et le 14 juillet dernier, lors d’une promenade privée aux Tuileries, il avait longuement discuté avec des « gilets jaunes » hostiles, qui l’avaient suivi dans les jardins, et réussi à désamorcer la crise.
Jusqu’ici, même pendant la crise des « gilets jaunes », personne ne s’en était pris à lui physiquement, l’hostilité se bornant à des sifflets ou quelques invectives. Comme cet homme qui lui a crié des insultes la semaine dernière à Martel (Lot), sans guère troubler sa visite.
Les mesures de sécurité en amont de ses visites sont d’ailleurs drastiques, surtout depuis les « gilets jaunes »: centre-villes bouclés, passants fouillés et filtrés avant d’accéder aux lieux où il peut passer, reconnaissance des rues au préalable, manifestants éloignés.
Les précautions étaient maximales dans le minuscule village de Saint-Cirq-Lapopie (Lot) où les entrées étaient filtrées et les passants priés d’ouvrir leur sac pour vérifier l’absence de banderole.
Dans le Lot comme dans la Drôme, des petits groupes de quelques dizaines de « gilets jaunes » ont été éloignés avant son arrivée.
Pas question donc de modifier son « tour de France » où il compte justement multiplier les recontres avec les Français, y compris dans des zones difficiles, selon son entourage qui souligne, fataliste, que « le risque zéro n’existe pas ».
Mais la colère des « gilets jaunes » en 2018-2019, qui ont mimé des lynchages contre son effigie, a accru le climat de violence à son égard. Certains avaient frappé sa voiture en le huant lors de sa visite à la préfecture du Puy-en-Velay, incendiée la veille.
Après l’assassinat de Samuel Paty et sa défense des caricatures, il a aussi reçu de nombreuses menaces de mort, selon son entourage.