Macron fait de l’exploration des grands fonds marins une priorité de France 2030

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Emmanuel Macron a déclaré mardi que l'exploration des grands fonds marins faisait partie des priorités du plan d'investissement "France 2030", malgré l'inquiétude de scientifiques et d'ONG pour ces écosystèmes fragiles.

Publié le 12/10/2021 à 16:22 - Mise à jour le 12/10/2021 à 16:22

Emmanuel Macron a déclaré mardi que l'exploration des grands fonds marins faisait partie des priorités du plan d'investissement "France 2030", malgré l'inquiétude de scientifiques et d'ONG pour ces écosystèmes fragiles.

Cette exploration est « un levier extraordinaire de compréhension du vivant, d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes d’innovation », notamment en terme de santé, a expliqué le chef de l’Etat devant quelque 200 chefs d’entreprise et d’étudiants à l’Elysée.

Les fonds marins, entre 4 000 et 6 000 mètres de profondeur, suscitent une convoitise de plus en plus grande car certains contiennent des métaux sous plusieurs formes, dont des nodules polymétalliques. Ces petits cailloux sont riches notamment en manganèse, cobalt ou nickel, très demandés car utilisés dans les batteries de véhicules électriques.

Emmanuel Macron a rappelé que la France avait un rôle important à jouer car elle possède, grâce à l’outre-mer, le deuxième espace maritime au monde après les Etats-Unis. 

Quelque deux milliards d’euros, sur cinq ans, seront consacrés dans le cadre de « France 2030 » à l’exploration des fonds sous-marins mais aussi à l’espace.

« J’entends déjà le débat à venir : je ne parle pas d’exploitation, je parle d’exploration », a fait valoir Emmanuel Macron.

« Mais l’exploration pourrait bientôt ouvrir la voie à l’exploitation », met en garde l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont fait partie la France.

L’UICN a adopté en septembre un « moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins, la délivrance de nouveaux contrats d’exploitation et de nouveaux contrats d’exploration », sur lequel la France s’était abstenue.

Ce texte demande que ce moratoire soit en place jusqu’à ce que « des évaluations d’impact rigoureuses et transparentes aient été menées » et que « la protection efficace du milieu marin soit garantie ».

L’exploitation minière en haute mer n’existe pas actuellement. En revanche, des instituts de recherche comme l’Ifremer en France ou des entreprises privées mènent des opérations d’exploration, à condition d’être parrainés par un pays.

Des ONG opposés à l’exploitation minière des fonds marins estiment que la menace est imminente. Elles appellent à mieux recycler les métaux pour répondre à la demande croissante ou à développer de nouvelles technologies pour les batteries. Elles craignent aussi une absence de contrôle totale des conditions d’exploitation minière à de telles profondeurs.

Pour les scientifiques, il est difficile de quantifier les impacts d’une exploitation minière, dans des milieux caractérisés par une obscurité totale, le froid, la pression hydrostatique élevée, la nourriture limitée provenant de la surface.

« Les nodules nécessitent deux millions d’années pour se reformer, les animaux qui dépendent ne peuvent pas revenir », indiquait en septembre à l’AFP Katja Uhlenkott, doctorante à l’université allemande Carl-von Ossietzky d’Oldenbourg.

Des entreprises importantes, BMW, Google, Samsung SDI ou encore Volvo, se sont engagées à « ne pas utiliser des minéraux issus des eaux profondes ou à financer l’exploitation minière en eaux profondes » tant que les scientifiques n’en auront pas mesuré clairement les conséquences.

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