Macron appelle les Calédoniens à « bâtir l’avenir » et confirme une révision constitutionnelle

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"Ce ne sont pas simplement des arbres qui tombent, derrière il y a des hommes qui souffrent": Emmanuel Macron a été confronté mardi à l'impact du changement climatique en Nouvelle-Calédonie, l'un des enjeux sur lesquels il appelle à "bâtir l'avenir" au-delà des fractures politiques.

Publié le 25/07/2023 à 9:20 - Mise à jour le 25/07/2023 à 9:31

"Ce ne sont pas simplement des arbres qui tombent, derrière il y a des hommes qui souffrent": Emmanuel Macron a été confronté mardi à l'impact du changement climatique en Nouvelle-Calédonie, l'un des enjeux sur lesquels il appelle à "bâtir l'avenir" au-delà des fractures politiques.

Tribu des Tiouande, littoral de Touho, sur la côte est. Arrivé en hélicoptère, le chef de l’État constate les dégâts de l’érosion. Une famille a dû déménager de sa maison qui s’est effondrée et une sépulture familiale est menacée par la mer qui grignote la terre.

« Dans la culture kanak, on ne déplace pas les morts comme ça », lui dit l’ancien occupant des lieux, les yeux embués.

En tout, ici, huit familles sont concernées à court terme, selon les habitants. Mais la menace est bien plus vaste.

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Pour Maurice Tillewa, maire indépendantiste d’Ouvéa, « si on ne fait rien aujourd’hui, il y a certainement une partie » de cet atoll calédonien voisin « qui va disparaître ».

« Je suis prêt à ce que l’État prenne un engagement vis-à-vis de vous, mais il faut que ce soit un consensus », répond le président, suggérant d’ajouter les conséquences du dérèglement climatique aux compétences régaliennes de l’État sur place. Il a évoqué des financements supplémentaires pour la recherche, et appelé à accélérer le relogement et « mieux protéger la côte ».

C’est l’un des objectifs de sa deuxième visite dans l’archipel du Pacifique, après celle de 2018 : invoquer les défis du XXIe siècle pour « regarder l’avenir ensemble ».

Entre-temps, le territoire d’outre-mer a organisé les trois référendums prévus par l’accord de Nouméa de 1998, qui se sont soldés par un « non » à l’indépendance. Mais les indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS) contestent le dernier scrutin de 2021, qu’ils avaient boycotté. 

« Respect »

Dès lors, les tractations sur le futur statut institutionnel patinent et butent sur la question épineuse du corps électoral gelé, sur laquelle il est urgent de s’entendre pour aboutir à une révision constitutionnelle à temps pour les élections provinciales de 2024.

Dans un entretien sur Nouvelle-Calédonie la 1ère, RRB et Caledonia, Emmanuel Macron a confirmé un prochain « changement de la Constitution » ad hoc pour ce territoire. L’accord de Nouméa prévoit une telle révision pour modifier le statut institutionnel.

Cette réforme portera-t-elle d’emblée sur tout le statut ou dans un premier temps uniquement sur le corps électoral ? « Le degré » et « l’ambition » dépendront « du calendrier et de ce sur quoi on sait se mettre d’accord », a répondu le président, plaidant pour un « consensus » en vue d’un « dégel » du corps électoral.

La fin de la parenthèse référendaire, « ce n’est pas un point final », « c’est un point-virgule », et il faut désormais « construire la suite », avait reconnu Emmanuel Macron dans la matinée lors d’une visite au Sénat coutumier à Nouméa.

Mais « si les débats institutionnels sont importants », « notre devoir commun », « c’est maintenant de bâtir l’avenir », a-t-il résumé.

Dans la grande case du Sénat coutumier, le président de cette institution consultative qui représente la coutume kanak, Victor Gogny, a dit espérer que sa venue favorise un « climat de confiance et de dialogue ».

Il a toutefois mis en garde contre la volonté du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin d’attendre « une ou deux générations » pour une éventuelle mise en œuvre du « droit à l’autodétermination ».

« Un retour en arrière », a-t-il balayé, « la France doit vraiment construire et réussir avec le peuple kanak et les citoyens calédoniens notre modèle de décolonisation ».

Face à cette attente, exprimée de manière posée, mais ferme, Emmanuel Macron a promis « respect » et « confiance ».

Mais il s’est inscrit dans un temps long en plaidant pour « un travail de mémoire et d’histoire », « lent, humble, exigeant », à travers un processus « vérité et réconciliation ».

« Le grand risque », « c’est de faire du sur-place », de « considérer le passé comme indépassable » et « de s’enfermer » dans « une identité figée et un débat institutionnel avec à nouveau des rendez-vous pour voter », a insisté le chef de l’État.

À ce stade, Gérald Darmanin n’a pas réussi à réunir indépendantistes et non-indépendantistes autour d’une même table pour des négociations tripartites. Il a fixé un nouveau rendez-vous à Paris fin août.

Emmanuel Macron va-t-il débloquer l’impasse ? Il doit réunir mercredi tous les acteurs ensemble, avant de prononcer un discours place de la Paix à Nouméa.

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