L’ex-président Hollande fait rebondir la polémique des Rafale en Inde

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Publié le 20/09/2018 à 7:48 - Mise à jour le 20/09/2018 à 7:48

Ces propos faisaient dans la soirée la une de la presse indienne et viennent nourrir la controverse déclenchée l’année dernière par le parti du Congrès, la principale formation d’opposition. Le sujet a gagné en ampleur ces dernières semaines dans le débat politique du géant de l’Asie du Sud.

L’opposition indienne accuse notamment le gouvernement de Narendra Modi d’avoir favorisé le conglomérat privé d’un industriel présumé proche du Premier ministre pour être le bénéficiaire d’une partie des « compensations » (ou « offsets ») contractuelles de Dassault, au détriment de l’entreprise publique Hindustan Aeronautics Limited (HAL).

Officiels indiens et français assurent que l’avionneur français a librement choisi de s’associer à Reliance Group, dirigé par le magnat Anil Ambani, qui n’avait aucune expérience préalable dans le domaine de l’aéronautique.

« Nous n’avions pas notre mot à dire à ce sujet », a cependant déclaré l’ancien président de la République française (2012-2017) François Hollande à Mediapart dans un article mis en ligne vendredi. « C’est le gouvernement indien qui a proposé ce groupe de services et Dassault qui a négocié avec Ambani ».

« Nous n’avons pas eu le choix, nous avons pris l’interlocuteur qui nous a été donné », a affirmé l’ex-chef de l’État français.

François Hollande utilise notamment de cet argument pour se défendre de tout possible conflit d’intérêts avec Reliance Group, qui a partiellement financé un film de sa compagne Julie Gayet en 2016 : « C’est pourquoi, par ailleurs, ce groupe n’avait pas à me faire quelque grâce quoi que ce soit. Je ne pouvais même pas imaginer qu’il y avait un quelconque lien avec un film de Julie Gayet ».

> Réinvestir en Inde

Contactée par l’AFP, l’ambassade de France à New Delhi n’a pas souhaité faire de commentaires. Sur Twitter, le ministère indien de la Défense a « répété que ni le gouvernement indien ni le gouvernement français n’avaient eu leur mot à dire dans cette décision commerciale« .

« Grâce à François Hollande, nous savons désormais que (Narendra Modi) a personnellement accordé un marché au potentiel de milliards de dollars à un Anil Ambani en faillite », a tweeté le président du Congrès Rahul Gandhi, le fer de lance de cette polémique.

« Le Premier ministre a trahi l’Inde », a ajouté l’héritier de la célèbre dynastie politique indienne.

Peu après l’officialisation de l’achat des 36 Rafale en septembre 2016, Dassault et Reliance Group ont annoncé la création d’une coentreprise, Dassault Reliance Aerospace, dans laquelle la société française a investi plus de 100 millions d’euros.

Les industriels étrangers obtenant des contrats d’armement en Inde doivent contractuellement réinvestir une partie des sommes perçues sur le territoire indien. Dans le cadre du contrat Rafale, ces « compensations » portent sur environ la moitié des quelque huit milliards d’euros payés par le gouvernement indien.

Dassault avait négocié pendant plusieurs années avec HAL dans le cadre d’un appel d’offres pour 126 avions de chasse, majoritairement assemblés en Inde, mais les tractations n’avaient pas abouti. Peu après l’arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi, New Delhi avait annulé cette procédure et préféré acquérir directement 36 Rafale fabriqués en France.

Le Premier ministre Modi veut remettre sur pied l’armée indienne insuffisamment équipée et à l’arsenal de plus en plus obsolète pour faire face aux défis géopolitiques de l’Asie, notamment à l’affermissement de la puissance chinoise.

Premier importateur mondial d’armements, l’Inde cherche via les « compensations » à faire naître une industrie de défense locale pour réduire à l’avenir sa dépendance vis-à-vis de l’étranger.

AFP

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