Les pêcheurs traditionnels japonais font leur rahui

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Publié le 05/06/2017 à 14:18 - Mise à jour le 05/06/2017 à 14:18

A l’heure où tous les pays du monde participent à New York à la conférence sur les Océans où la préservation des richesses est en jeu, au Japon, pays où les autorités font peu de cas de la baisse des ressources halieutiques, comme des protestations internationales concernant la chasse à la baleine, certains se rendent compte de la baisse drastique de la fréquentation du thon rouge dans les eaux japonaises.

C’est le cas des pécheurs traditionnels qui prennent d’eux-mêmes des mesures, à l’image de ce qui se fait depuis la nuit des temps en Polynésie, à savoir le rahui. « Avant, quand j’étais en mer, j’avais l’impression que mon bateau était entouré de thons (…) D’abord, ce sont les petits poissons qui ont disparu. Ensuite, les grands, ceux qui peuvent peser jusqu’à 300 kg. Maintenant, on ne pêche presque plus rien« , constate Minoru Nakamura, pêcheur de thon, des propos rapportés par le journal La Croix.

Pour ce pécheur, pas de doute, ce sont les navires à senne tournante qui capturent avec des filets énormes les thons venus pondre dans la mer du Japon, qui sont responsables de ce fait. Pas vraiment le même son de cloche du côté de l’Agence japonaise des pêches, qui elle évoque le changement climatique.

Alors, Minoru Nakamura a trouvé une solution pour continuer à exercer son métier : il s’interdit, avec d’autres pêcheurs de l’archipel, de capturer les thons rouges pendant l’été, la période de ponte du poisson. Mais il n’est pas certain que leurs efforts puissent à eux seuls endiguer la baisse des stocks.

Il faut savoir que les Japonais sont les premiers consommateurs de thons rouges du Pacifique. En 2011, 75 % des thons rouges pêchés dans le Pacifique étaient capturés par des navires nippons. La pression internationale s’accroît pour que les Japonais réduisent leurs pêches, histoire d’essayer de reconstituer les stocks. Mais ceux-ci font la sourde oreille. Tout au plus, l’Agence japonaise des pêches, a mis en place en 2015 un dispositif pour réduire de moitié la capture de poissons de moins de 30 kg, par rapport à la moyenne des prises effectuées entre 2002 et 2004.

Initiative qui ne convainc pas les scientifiques japonais, comme Toshio Katsukawa, chercheur à l’université océanographique de Tokyo, qui analyse: « Les stocks de thon rouge ont pratiquement diminué de moitié par rapport à la période de référence que prend cette mesure. C’est donc un chiffre insuffisant pour empêcher la surpêche. »

Si en avril dernier, l’administration nippone a cédé aux écologistes et aux scientifiques en introduisant des sanctions contre ceux qui ne respectent pas les plafonds de prise, Toshio Katsukawa estime que cela n’est pas suffisant. « Il faut prendre des mesures plus dures pour reconstituer la population du poisson ».

L’Agence des pêches a annoncé le 27 avril que la capture de thons a atteint 4 008 tonnes, dépassant ainsi le quota alloué au pays pour la période allant de juillet à juillet. Avec le non-respect de son quota, le Japon risque de se retrouver encore une fois sous les feux de critiques, à l’occasion de la prochaine réunion de la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC), qui se tiendra en août prochain.
 

Rédaction Web

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