Les câbles sous-marins en Océanie, un enjeu géopolitique de premier plan

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450 câbles de fibres optiques répartis au fin fond des océans en 2022 sont à l’origine de la circulation de plus de 98% de données au niveau mondial. Dans une étude publiée ce mois-ci par le Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI), la chercheuse Camille Morel (Université Jean Moulin Lyon III) se penche sur la géopolitique des câbles sous-marins en Océanie.

Publié le 13/09/2022 à 9:19 - Mise à jour le 13/09/2022 à 9:31

450 câbles de fibres optiques répartis au fin fond des océans en 2022 sont à l’origine de la circulation de plus de 98% de données au niveau mondial. Dans une étude publiée ce mois-ci par le Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI), la chercheuse Camille Morel (Université Jean Moulin Lyon III) se penche sur la géopolitique des câbles sous-marins en Océanie.

450 câbles par lesquels transitent 98% des données au niveau mondial. Ces chiffres traduisent l’importance stratégique et géopolitique de ces installations, au fond des océans.

« Pour les îles du Pacifique, isolées physiquement, cette connexion par câble est d’autant plus essentielle qu’elle permet à la fois la numérisation des différents secteurs de l’économie et de la société (industrie, éducation, santé…) mais également le maintien d’un lien virtuel permanent avec le reste du monde, l’existence de satellites ne permettant pas de palier en totalité la mise hors service d’un câble sous-marin« , explique Camille Morel, auteure de la note « Le Pacifique insulaire pris dans la toile mondiale ? Géopolitique des câbles sous-marins en Océanie », publiée par l’IFRI.  

Lire aussi : Le câble Manatua, un lien renforcé entre les Îles Cook et la Polynésie

Faible nombre de lignes, moindre performance : en ce qui concerne l’état des lieux du réseau océanien, la chercheuse considère que la zone est sous-maillée et que la connectivité existante est relativement faible. « La capacité est en outre plus faible que dans d’autres régions du Pacifique – 19,8 tb/s en moyenne contre 24,64 tb/s en moyenne pour les câbles reliant l’Australie et 40 tb/s en moyenne pour les câbles reliant la France –, la demande en bande passante y étant inférieure. » 

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Dans la zone polynésienneles Outre-mer français ont un raccordement qui forme une sorte de toile, chaque territoire étant prioritairement relié par un câble de dimension réduite à son ou ses voisins les plus proches. « La Polynésie française en possède deux – l’un vers Hawaï, Honotua, et l’autre vers les Samoa, Manatua. La Polynésie française et Wallis et Futuna sont raccordées indirectement l’une à l’autre par l’intermédiaire des îles Samoa« . 

(Crédit Photo : submarinecablemap.com)

Il va sans dire que la production et l’installation des câbles, dominés actuellement par les Européens, les Américains et les Japonais, sont des enjeux économiques et géostratégiques majeurs. Les Chinois en particulier ne cachent pas leurs ambitions. « Des projets d’accord entre le gouvernement chinois et les pays du Pacifique insulaire incluent en effet un volet numérique dans lequel les câbles sous-marins sont, explicitement ou implicitement, mentionnés« , écrit Camille Morel.

Pour contourner la rivalité, principalement sino-américaine, dans la zone, des acteurs privés et publics proposent des projets innovants au niveau du tracé des liaisons et du modèle économique. Une liaison par câble entre le Chili et la Polynésie française, comme point de chute intermédiaire, est revenu sur le devant de la scène, favorisé par un projet de raccord de la Polynésie au câble sous-marin transpacifique Hawaiki Nuipartant de Singapour aux États-Unis en passant par l’Indonésie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les îles du Pacifique. 

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