L’équipe de Navalny accuse la Russie de cacher son corps pour « couvrir » les « tueurs »

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Les proches d'Alexeï Navalny ont qualifié samedi les autorités russes de "tueurs" cherchant à "couvrir leurs traces" en refusant de leur remettre son corps, le Kremlin gardant le silence malgré les accusations de l'Occident et des rassemblements en hommage à l'opposant.

Publié le 17/02/2024 à 12:13 - Mise à jour le 19/02/2024 à 9:24

Les proches d'Alexeï Navalny ont qualifié samedi les autorités russes de "tueurs" cherchant à "couvrir leurs traces" en refusant de leur remettre son corps, le Kremlin gardant le silence malgré les accusations de l'Occident et des rassemblements en hommage à l'opposant.

En dépit de la sévère répression et de mises en garde, des centaines de Russes ont participé à des petits rassemblements vendredi et samedi dans plusieurs villes pour rendre hommage à ce célèbre détracteur du Kremlin, mort la veille à 47 ans dans une prison de l’Arctique russe. En deux jours, la police a procédé à 401 arrestations lors de ces événements, selon l’ONG spécialisée OVD-Info.

Les autorités sont sur le qui-vive, à un mois de la présidentielle qui doit voir M. Poutine reconduit en l’absence de toute opposition.  L’équipe d’Alexeï Navalny a affirmé que les autorités refusaient de rendre la dépouille à sa mère, arguant que la cause de son décès n’avait pas été établie.

« Il est évident que les tueurs veulent couvrir leurs traces. C’est pourquoi ils ne remettent pas le corps d’Alexeï et le cachent même à sa mère« , a-t-elle écrit sur Telegram.

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Un avocat de l’opposant, venu voir les enquêteurs, a été informé « qu’un nouvel examen histologique (avait) été effectué » et que les résultats « devraient être connus la semaine prochaine« , a précisé la porte-parole de l’opposant, Kira Iarmych.

« Il est évident qu’ils mentent et font tout leur possible pour ne pas avoir à remettre le corps« , a-t-elle ajouté. « Ils ne veulent pas que la méthode qu’ils ont utilisée pour tuer Alexeï soit révélée au grand jour.« 

La porte-parole a indiqué dans une vidéo en ligne que la mère de l’opposant, Lioudmila Navalnaïa, s’était rendue samedi, avec un avocat, dans la colonie pénitentiaire IK-3 dans la région arctique de Iamal et qu’un « document officiel » lui avait été remis confirmant le décès.

« Alexeï Navalny a été tué« , a indiqué Mme Iarmich qui s’est exilée, comme de très nombreux opposants, pour échapper à la prison. « Sa mort est intervenue le 16 février à 14H17 locales, selon le document officiel« .

Les autorités carcérales russes avaient annoncé vendredi, par un communiqué lapidaire, que le célèbre militant, emprisonné depuis trois ans, était mort dans la colonie pénitentiaire où il purgeait une peine de 19 ans de détention.

L’homme de 47 ans, à la santé fragilisée par un empoisonnement et son emprisonnement, se serait « senti mal après une promenade » et aurait « perdu connaissance« , ont-elles expliqué. Elles ont assuré que tout avait été fait pour le réanimer et que les causes du décès étaient « en train d’être établies« .

Poutine reste mutique

Aucun détail n’a filtré depuis, et Vladimir Poutine n’a pas dit un mot sur la disparition de cette personnalité politique majeure, un décès qui intervient à un mois de la présidentielle des 15-17 mars qui doit voir le maître du Kremlin reconduit, en l’absence de toute opposition.

Celle-ci a été décimée par la répression, en particulier depuis le début de l’assaut russe contre l’Ukraine il y a deux ans. Les pays occidentaux, eux, ont dénoncé d’une même voix la « responsabilité » du régime russe.

Si les autorités russes sont silencieuses sur les circonstances de la mort de l’opposant et que les médias d’Etat n’évoquent qu’à peine son décès, elles ont en revanche mis en garde la population contre toute manifestation.

Malgré des arrestations, des Russes défilaient samedi dans plusieurs villes pour déposer des fleurs notamment sur des monuments à la mémoire des dissidents victimes des répressions politiques à l’époque soviétique. Samedi à la mi-journée, une quinzaine de Moscovites ont été arrêtés par la police lors d’un rassemblement au pied d’un monument à la mémoire des répressions soviétiques, a indiqué le média indépendant russe Sota.

Peu après, des journalistes de l’AFP y ont été témoins d’une nouvelle arrestation. Mais en début d’après-midi, les badauds pouvaient, sous haute surveillance policière, approcher le monument en y déposant fleurs et messages.

« N’abandonnez pas !« , « Nous n’oublierons jamais, nous nous rendrons jamais, la Russie sera libre« , pouvait-on lire sur les feuilles de papiers essaimées parmi les fleurs au pied du « mur de deuil » près de l’avenue Sakharov, traditionnel lieu de rassemblements de l’opposition et artère portant le nom d’un célèbre dissident soviétique.

Les tribunaux ont de leur côté commencé à prononcer les premières peines pour ceux arrêtés aux commémorations, qui vont jusqu’à 15 jours de détention, selon des organisations de défense des droits humains.

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