Législatives : en France, la gauche unie et le camp Macron au coude-à-coude

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Le second tour des élections législatives offre un duel entre la gauche unie et le camp Macron, qui va devoir batailler pour conserver la majorité absolue à l'issue d'un premier tour marqué par une abstention record.

Publié le 12/06/2022 à 12:23 - Mise à jour le 14/06/2022 à 9:03

Le second tour des élections législatives offre un duel entre la gauche unie et le camp Macron, qui va devoir batailler pour conserver la majorité absolue à l'issue d'un premier tour marqué par une abstention record.


Près de deux mois après la réélection d’Emmanuel Macron, la gauche (LFI, PCF, PS et EELV) rassemblée sous la bannière Nupes a crié victoire en obtenant de 25% à 25,9% des suffrages, juste devant ou à égalité selon les instituts de sondages, avec la majorité sortante, réunie sous l’étiquette Ensemble!.

Les deux camps ont une semaine pour mobiliser les abstentionnistes, entre 52,1 et 53,2% des électeurs ayant décidé de bouder les urnes au premier tour, plus qu’en 2017 (51,3%).

Même s’il n’arrive pas en tête, le camp Macron garde l’avantage dans les projections des 577 sièges de députés, avec une fourchette de 255 à 295 sièges, devant la Nupes (150 à 210), selon les instituts de sondage.

Ensemble! espère conserver la majorité absolue, fixée à 289 députés, ce qui lui permettrait d’éviter de composer avec d’autres groupes pour faire adopter les textes de l’exécutif, à commencer par l’emblématique réforme des retraites qui doit entrer en application dans un an, selon la promesse de M. Macron.

Mais jusqu’où ira le tassement pour la majorité sortante, alors qu’en 2017, LREM  et Modem avaient raflé plus de 32% au premier tour avant d’obtenir près de 350 députés au second.

« Nous sommes la seule force politique en mesure d’obtenir une majorité forte et claire », a affirmé la Première ministre Elisabeth Borne.  

« La majorité est loin d’être acquise (…) C’est un très sérieux avertissement qui est adressé à Emmanuel Macron », a toutefois estimé Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France.

Mélenchon appelle au déferlement

Symbole des difficultés de la macronie, deux ex-ministres, Jean-Michel Blanquer et Emmanuelle Wargon, ont été éliminés dès le premier tour. La ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Amélie de Montchalin est en ballottage défavorable dans sa circonscription de l’Essonne, tout comme le ministre des Affaires européennes Clément Beaune à Paris.

Elisabeth Borne est, elle, est en meilleure posture dans le Calvados avec 33% à 36,5% selon les sondages. 

En cas de défaite pour l’un des 15 ministres engagés, la démission sera inéluctable, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par M. Macron.

« La vérité est que le parti présidentiel est battu et défait », a lancé l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé le « peuple » à « déferler dimanche prochain » dans les isoloirs. 

L’enjeu est de tenter de trouver les réserves de voix suffisantes pour envoyer, comme ils le souhaitent, le leader insoumis à Matignon et tenter d’imposer à M. Macron un gouvernement de cohabitation, comme la gauche plurielle y était parvenue en 1997 avec Lionel Jospin.

Alors que M. Mélenchon avait exhorté les Français à faire de ces élections un « troisième tour » de la présidentielle, la gauche devrait quoiqu’il arrive être le principal bloc d’opposition au Palais-Bourbon. Une forme de victoire, fruit de l’accord d’unité arraché. 

LREM a indiqué qu’elle ne donnerait pas de consigne nationale mais « au cas par cas » dans les circonscriptions où s’opposent des candidats du RN et de la Nupes, jugeant que certains candidats de la gauche unie étaient des « extrêmes ». Un choix jugé « scandaleux » par l’écologiste Yannick Jadot.

Le RN troisième, Zemmour éliminé

Comme prévu, les candidats du Rassemblement national (18,5% à 19,8%) n’ont pas réussi à capitaliser sur la dynamique de Marine Le Pen qui avait engrangé à la présidentielle plus de 40% des voix au second tour. Cantonné à huit élus en 2017, le contingent de députés RN devrait cependant être nettement plus étoffé cette fois, et compter encore dans ses rangs Mme Le Pen, donnée largement en tête dans sa circonscription du Pas-de-Calais (autour de 55%).

Depuis son fief d’Hénin-Beaumont, celle-ci a exhorté les électeurs à « envoyer un groupe très important de députés patriotes dans la nouvelle Assemblée nationale ».

En cas de duel entre Ensemble! et la Nupes, Mme Le Pen a incité ses partisans à « ne pas choisir ». « La France n’est ni une salle de marché ni une ZAD », a-t-elle tonné.

A l’inverse, dans le sillage de la lourde chute de sa candidate Valérie Pécresse à la présidentielle, LR (11,4% à 14%) devrait perdre sa place de premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

Les Républicains vont compter leurs survivants parmi la centaine de sortants, en espérant tirer au maximum profit de leur ancrage local. Mais d’ores et déjà plusieurs figures ont été battues dimanche, comme Julien Aubert, Gilles Platret ou Guillaume Larrivé.

De son côté, Eric Zemmour, qui fut l’un des animateurs de la présidentielle, a raté son atterrissage en politique. Le polémiste d’extrême droite a été éliminé dans le Var, tout comme les autres ambassadeurs de son parti Reconquête!, Guillaume Peltier dans le Loir-et-Cher et Stanislas Rigault dans le Vaucluse.

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