Législatives aux Fidji: les candidats au coude-à-coude dans la dernière ligne droite

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L'écart entre les deux principaux partis est trop serré samedi pour pouvoir déclarer un vainqueur aux élections législatives aux îles Fidji, où le dépouillement est entré dans sa dernière ligne droite après une nuit tumultueuse au cours de laquelle l'un des candidats au poste de Premier ministre a été convoqué par la police.

Publié le 17/12/2022 à 11:40 - Mise à jour le 17/12/2022 à 11:40

L'écart entre les deux principaux partis est trop serré samedi pour pouvoir déclarer un vainqueur aux élections législatives aux îles Fidji, où le dépouillement est entré dans sa dernière ligne droite après une nuit tumultueuse au cours de laquelle l'un des candidats au poste de Premier ministre a été convoqué par la police.

Sitiveni Rabuka, ancien chef du gouvernement âgé de 74 ans, deux fois putschiste, s’oppose au Premier ministre sortant Frank Bainimarama, 68 ans, un ancien chef militaire lui aussi, porté au pouvoir par un coup d’Etat en 2006 et élu depuis à deux reprises.

Des membres de l’opposition, dirigée par M. Rabuka, craignent qu’un premier décompte du vote n’ait été perturbé par des problèmes dans la nuit de mercredi à jeudi, qui ont bloqué l’affichage des résultats pendant quatre heures.

La coalition menée par son parti, l’Alliance du peuple, totalisait samedi soir 45% des suffrages contre 42% pour la formation de Frank Bainimarama, Fidji d’abord. Plus de la moitié des 2.071 bureaux de votes avaient alors transmis leurs résultats. Le verdict final est attendu dimanche.

Le Premier ministre sortant est resté silencieux depuis le lancement du scrutin mercredi, contrairement à son rival qui a dénoncé des ‘ »anomalies ».

« Au vu de la violation substantielle du comptage, nous demandons l’arrêt immédiat du processus électoral en cours et son remplacement par un nouveau comptage manuel de tous les votes« , a déclaré M. Rabuka dans une lettre à l’autorité de surveillance des élections écrite jeudi et publiée samedi. 

M. Rabuka également a réclamé, sans succès, vendredi l’intervention de l’armée, qui a la responsabilité constitutionnelle « générale » de maintenir la stabilité. En conséquence, il a été convoqué par la police dans la soirée avec le secrétaire général de son parti Sakiasi Ditoka. Aucune indication n’a été fournie sur d’éventuelles charges à leur encontre.

« Cette façon dont le gouvernement procède, nous parlons d’un climat de peur. C’est comme ça qu’ils instillent la peur« , a affirmé M. Rabuka plus tard à l’AFP, estimant que cette manoeuvre était une stratégie d’intimidation du gouvernement.

Dysfonctionnements

Des policiers ont été mobilisés dans la nuit et des barrages routiers mis en place.

Près d’une centaine d’observateurs internationaux ont surveillé l’élection et n’ont pas décelé de problème notable. Des dysfonctionnements ont bel et bien affecté l’application d’affichage du décompte des voix mais cela ne signifie pas que le système de comptage lui-même a été corrompu, ont expliqué les observateurs dans leur rapport.

Le chef de file du parti travailliste de Fidji, Mahendra Chaudhry, un ancien Premier ministre, a également dénoncé samedi des fraudes électorales, des accusations balayées par le superviseur du scrutin, Mohammed Saneem, soulignant que M. Chaudhry n’avait pas de preuves.

Ce vote est perçu comme un test pour la jeune et fragile démocratie fidjienne et revêt une dimension internationale conséquente: Frank Bainimarama est plutôt proche de Pékin, tandis que Sitiveni Rabuka aimerait s’en éloigner.

Quatre Premiers ministres ont été renversés par des coups d’Etat ces 35 dernières années, dont certains conduits par les actuels candidats au poste de chef de gouvernement.

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