Le ton monte en Nouvelle-Calédonie autour de la date du référendum sur l’indépendance

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En Nouvelle-Calédonie, loyalistes et indépendantistes font monter la pression sur l'État : les premiers pour qu'il maintienne le référendum sur l'indépendance à la date du 12 décembre, les seconds pour qu'il le reporte. Le gouvernement devrait trancher en fin de semaine.

Publié le 09/11/2021 à 10:17 - Mise à jour le 09/11/2021 à 10:31

En Nouvelle-Calédonie, loyalistes et indépendantistes font monter la pression sur l'État : les premiers pour qu'il maintienne le référendum sur l'indépendance à la date du 12 décembre, les seconds pour qu'il le reporte. Le gouvernement devrait trancher en fin de semaine.

Réunis au sein d’un Comité stratégique indépendantiste de non-participation, le FLNKS, parti historique kanak, et plusieurs autres formations, se sont ligués mardi pour mettre en garde l’État « sur un passage en force » le 12 décembre.

« Il faut que l’État prenne bien la mesure de sa décision, qui pourrait être très néfaste pour notre pays et pour la suite du processus de discussion », a averti André Forest, président du syndicat USTKE.

Dès le 20 octobre, le FLNKS avait annoncé sa décision de ne pas participer à ce troisième référendum de l’accord de Nouméa (1998), invoquant l’épidémie de Covid-19.

Bien qu’en net repli, le virus, qui a fait 271 morts sur ce territoire de 280 000 habitants depuis la première victime début septembre, nécessite encore des mesures de confinement le week-end et le taux d’incidence est à 138 cas pour 100 000 habitants.

Côté loyaliste, Sonia Backès, leader des Républicains Calédoniens, estime elle que la crise du Covid « est derrière nous » et qu’on « peut tenir une campagne sans difficulté », faisant valoir que plus de 70% de la population calédonienne de plus de 12 ans dispose désormais d’un schéma vaccinal complet.

Daniel Goa, porte-parole du FLNKS, juge, au contraire, impossible de mener « une campagne équitable ». « Nous souhaitons que cette ultime consultation se déroule dans un climat serein et apaisé (…) ce ne sera pas le cas », a-t-il déclaré devant la presse.

Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a expliqué mardi être « amené dans les heures ou les jours qui viennent à venir préciser cette situation sanitaire sans tarder ». Il a reconnu que la date, comme pour celle du précédent référendum, n’était « pas consensuelle » tout en soulignant « la complexité du dossier ».

« Mais c’est de la compétence de l’État que de fixer la date pour définir un intérêt général », a-t-il ajouté, en faisant par ailleurs valoir une situation potentiellement « très difficile » pour l’archipel en 2022. « Ce choix du 12 décembre se justifie aussi parce que nous avons imaginé cette période de transition », a-t-il encore insisté.

« Aller de l’avant »

Le Sénat coutumier, représentatif des autorités autochtones, a adressé une lettre ouverte au président Emmanuel Macron et décrété « une année de deuil kanak », en demandant « un report du vote à fin 2022 ».

Les leaders nationalistes ont annoncé qu’ils ne « respecteront pas le résultat » du scrutin et que, si nécessaire, ils « pointeraient devant la communauté internationale les manquements d’un État (français) qui ne tient pas parole ».

À cet égard, ils ont rappelé les propos d’octobre 2019 d’Edouard Philippe, alors Premier ministre, excluant « que la troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022 (…) pour bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à la Nouvelle-Calédonie ».

Les responsables kanak ont aussi souligné que leur « non participation » excluait « tout appel à la violence ».

Fixée en juin à Paris par l’État, la date du 12 décembre n’avait pas fait l’objet d’un consensus entre les loyalistes, qui la soutiennent, et le FLNKS.

Trois partis loyalistes – Les Républicains Calédoniens, le Mouvement Populaire Calédoniens (MPC) et Générations.nc – ont exhorté mardi l’État à ne pas céder « aux menaces des indépendantistes » et à maintenir le scrutin au 12 décembre.

« La Nouvelle-Calédonie est en train de couler. Les Calédoniens veulent sortir de ces quatre ans de référendums et aller de l’avant », a déclaré Gil Brial, leader du MPC et vice-président de la province sud, mettant en avant le marasme économique et social actuel.

Selon eux, la conduite d’une campagne en cercle restreint et avec l’appui des réseaux sociaux peut s’effectuer « sans difficulté », tandis que les argumentaires « sont déjà bien établis », compte tenu des deux précédents référendums en 2018 et 2020.

L’indépendance avait été rejetée avec 56,7% puis 53,3% des suffrages.

Egalement dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, 50 personnalités de la société civile lui demandent que soit confirmée la date du 12 décembre, qualifiant « d’erreur » un éventuel report.

« Politiquement, socialement et économiquement, notre pays ne s’en relèverait pas », assurent ses signataires.

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