Le maori Taika Waititi remporte son premier Oscar

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Le réalisateur néo-zélandais Teika Waititi a remporté ce week-end son premier Oscar pour le film Jojo Rabbit. Il remporte le prix de la meilleure adaptation à l'écran.

Publié le 10/02/2020 à 10:46 - Mise à jour le 10/02/2020 à 10:47

Le réalisateur néo-zélandais Teika Waititi a remporté ce week-end son premier Oscar pour le film Jojo Rabbit. Il remporte le prix de la meilleure adaptation à l'écran.

« C’est pour tous les enfants autochtones du monde qui veulent faire de l’art et raconter des histoires », a déclaré le réalisateur maori en recevant son premier Oscar ce week-end aux Etats-Unis.

Taiki Waititi a remercié sa mère « d’être sa mère » et de lui avoir offert le livre qu’il a choisi d’adapter dans son film Jojo Rabbit. Le film est inspiré du roman Le ciel en cage de Christine Leunens. Le néo-zélandais y a ajouté une bonne dose d’humour et le personnage d’Hitler, qu’il a rendu grotesque et enfantin.

Dans « Jojo Rabbit », qui se déroule en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Taika Waititi, réalisateur d’origine juive et maori, raconte l’histoire d’un enfant de dix ans, Jojo. Il aime les uniformes nazis et voir brûler des livres mais est considéré comme trop faible pour être un bon membre des Jeunesses hitlériennes, d’où son surnom de « Jojo Rabbit » car il n’a pas réussi à tuer un lapin. 

Un jour, il découvre que sa mère, interprétée par Scarlett Johansson, cache une jeune fille juive dans le grenier. Le jeune garçon, qui a pour confident imaginaire un Hitler aux allures clownesques, va être amené à interroger ses certitudes.

L’idée du film, qui sort mercredi en France et en Belgique (et est déjà en salles dans plusieurs pays européens) « m’est toujours apparue comme quelque chose de risqué, un peu dangereux. Je pense que c’est ce qui m’a attiré », souligne le réalisateur.

« J’avais le sentiment que si ma carrière devait se terminer, et que tout devait se casser la figure, ça devait être avec celui-ci », glisse celui qui a réalisé des longs métrages indépendants, le blockbuster « Thor : Ragnarok » et travaillé sur la série de l’univers Star Wars « The Mandalorian ». 

« La diversité c’est moi »

« Il n’y avait pas moyen que je fasse un vrai portrait d’Hitler, sinon je pense que ça aurait gâché le film. Il fallait qu’on ait l’impression d’un autre enfant dans la pièce. Comme il vient de l’esprit d’un enfant de dix ans, il sait seulement ce qu’on sait à cet âge », explique le cinéaste de 44 ans, qui cite Charlie Chaplin, Mel Brooks ou le Stanley Kubrick de « Docteur Folamour » parmi ses sources d’inspiration.

Alors que le studio Fox Searchlight, qui a acheté le film, lui a demandé de jouer lui-même le rôle d’Hitler, le cinéaste, également acteur, souligne qu’il n’y était pas vraiment préparé. 

« J’ai la peau foncée, je suis Néo-Zélandais, je suis juif, Hitler n’était pas vraiment un rôle que je pensais pouvoir jouer », plaisante ce fils de Maori qui, interrogé sur les Oscars accusés à nouveau d’être trop blancs et trop masculins, lâche : « La diversité, c’est moi ». 

« outsiders »

S’il s’est prêté au jeu pour jouer Hitler, c’était « horrible, vraiment embarrassant, convient-il. « Vous avez l’air idiot, et les vêtements sont inconfortables », tout comme « le maquillage, la moustache, la coiffure ».

Pour le cinéaste, faire ce film – qu’il voit comme une « satire qui déclare la guerre à la haine » – n’avait pas pour but de « susciter la controverse », mais de « raconter une bonne histoire » et de le faire « à sa façon ».

« Je voulais voir l’image d’un jeune enfant et Hitler ensemble », dit-il. « Je savais qu’il y aurait des gens qui ne seraient pas à l’aise avec le film », poursuit-il cependant, en réponse à ceux qui ont critiqué le parti-pris inattendu du film. « Mais j’ai l’impression que c’est une façon de se fermer à des nouvelles façons de penser sur le sujet. »

Pour Taika Waititi, « il y a besoin d’autres perspectives ». « J’ai l’impression qu’en tant que Néo-Zélandais, on a toujours un regard extérieur, donc on est très observateurs », ajoute-t-il. « C’est comme si, quel que soit le sujet dont on parle, c’était toujours d’un point de vue d’outsider ».

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