Le lien entre le Zika et la microcéphalie établi avec certitude

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Publié le 13/04/2016 à 8:11 - Mise à jour le 13/04/2016 à 8:11

« C’est désormais clair, les CDC ont conclu que le Zika provoque bien la microcéphalie et d’autres défauts sévères du cerveau chez le foetus », a déclaré le Dr Tom Frieden, directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, en présentant les conclusions de cette étude publiée en ligne dans le New England Journal of Medicine.
 
Les autorités avaient une forte présomption que le Zika, surtout transmis par une piqure de moustique, pouvait provoquer cette malformation chez les foetus des femmes enceintes infectées, mais n’en avaient pas encore la certitude.
 
La microcéphalie se caractérise par un développement insuffisant du crâne et du cerveau, une affection irréversible.
« Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons mais il n’y a plus aucun doute, le Zika est une cause de la microcéphalie », a repris M. Frieden.  
 
Selon celui-ci, cette étude « marque un tournant dans cette épidémie » qui frappe surtout l’Amérique du Sud, plus particulièrement le Brésil où on a dénombré plus de 1,5 million de cas, dont de nombreuses femmes enceintes, et une forte augmentation des cas de microcéphalie. En temps normal cette affection est plutôt rare. Le Brésil a confirmé 907 cas depuis le début de l’épidémie l’an dernier.
 
« Cette confirmation est basée sur une analyse étendue des meilleures indications scientifiques menée par les CDC et d’autres experts en santé maternelle, du foetus et des maladies transmises par des moustiques », a précisé le Dr Frieden ajoutant que les recherches se poursuivaient. « Ces recherches épidémiologiques, cliniques et moléculaires ont chacune produit de nouvelles données qui nous aidé à résoudre le puzzle ».
 
Une de ces études début mars avait notamment montré que le Zika attaque et détruit des cellules cérébrales humaines en développement dans des cultures en laboratoire.
 
« Nous pensons que la microcéphalie fait probablement partie d’un éventail de défauts de naissance qui pourraient affecter les femmes, soit à un moment particulier de la grossesse, ou durant toute la grossesse », a expliqué le Dr Frieden.
 
« Jamais avant cela nous n’avions connu une situation dans laquelle la piqure d’un moustique pouvait provoquer une malformation dévastatrice chez le foetus », a-t-il souligné.
 
Il a aussi dit qu’il faudrait peut-être encore des années avant de pouvoir répondre à des questions importantes comme la période de la grossesse durant laquelle le risque de cette malformation cérébrale est le plus grand.
« Il y a un effort international qui a été engagé sur cette question et nous nous coordonnons avec d’autres pays et l’Organisation Mondiale de la Santé et d’autres », a ajouté le Dr Frieden.
 
Ces chercheurs, menés par la Dr Sonja Ramussen, n’ont en revanche pas encore pu établir avec certitude de lien entre une infection par le Zika et le syndrome de Guillain-Barré, qui provoque une paralysie passagère chez les adultes.
 
Les responsables des CDC ont indiqué que la conclusion de cette dernière étude scientifique ne changeait pas les recommandations destinées à protéger les femmes enceintes, comme d’éviter de se rendre dans des pays à risque.
 
Etant donné que le virus peut aussi se transmettre sexuellement, les partenaires des femmes qui attendent un enfant ou pourraient tomber enceintes revenant d’une zone où l’infection est active doivent impérativement utiliser un préservatif, de même pour les couples qui résident dans ces zones, a dit M. Frieden.
 
Les CDC recommandent que les hommes qui ont été infectés utilisent des préservatifs pendant six mois après le début de l’infection. Les scientifiques ignorent encore combien de temps le virus peut subsister dans le sperme.
 
Par ailleurs, une étude française publiée mercredi également dans le New England Journal of Medicine a montré 100% de corrélation génétique entre la souche du virus présente chez un homme ayant contracté le Zika au Brésil et celle d’une femme n’ayant jamais voyagé dans une zone épidémique mais ayant eu des rapports sexuels avec lui. Ces travaux de l’Inserm confirment ainsi que ce virus peut se transmettre par voie sexuelle.
 

AFP

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