Après une journée de rébellion armée spectaculaire, qui a vu le président bélarusse Alexandre Loukachenko jouer le médiateur entre son homologue russe et le tempétueux chef de Wagner Evguéni Prigojine, ce dernier, qui avait promis la veille « de libérer le peuple russe » en lançant ses troupes vers Moscou, a finalement fait machine arrière afin d’éviter de faire couler le « sang russe » .
M. Prigojine partira pour le Bélarus et les poursuites le visant seront abandonnées, a annoncé le Kremlin. « Nos colonnes font demi-tour et nous partons dans la direction opposée rentrer dans les camps » , a déclaré M. Prigojine. « Il y était de l’intérêt supérieur d’éviter un bain de sang« , a renchéri le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov dans la soirée, saluant « une résolution sans nouvelles pertes » de la crise.
Les troupes de Wagner s’étaient approchées samedi à moins de 400 km de la capitale, après s’être notamment emparées dans la matinée du quartier général de l’armée russe à Rostov (sud-ouest), centre névralgique des opérations en Ukraine.
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Après avoir été acclamés par des dizaines d’habitants aux cris de « Wagner, Wagner! » , ces combattants, avec leur chef à la tête du convoi, ont finalement quitté les lieux, a indiqué dans la nuit le gouverneur de la région. « La colonne du groupe Wagner a quitté Rostov et s’est dirigée vers ses camps« , a indiqué Vassili Goloubev sur Telegram.
Confronté à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, le président Poutine avait tenté de garder la main face à cette rébellion inédite, dénonçant une « trahison » et agitant le spectre d’une « guerre civile » .
« Coup de poignard »
L’heure semble donc désormais à un relatif apaisement entre M. Poutine et le chef de Wagner, après une matinée ponctuée par de virulentes déclarations des deux hommes.
Samedi matin dans une adresse à la nation, Vladimir Poutine s’en était pris sans le nommer à l’homme qui ose le défier, accusant « les traîtres » et promettant de les « punir » . « C’est un coup de poignard dans le dos de notre pays et de notre peuple« , avait déclaré M. Poutine. « Ce à quoi nous faisons face, ce n’est rien d’autre qu’une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels » de M. Prigojine.
Vladimir Poutine « se trompe profondément » et mes combattants ne se « rendront pas » , avait rétorqué le chef de Wagner, qui critique depuis plusieurs mois la stratégie militaire russe en Ukraine. « Nous sommes des patriotes. Personne ne va se rendre à la demande du président, des services de sécurité ou de qui que ce soit » , avait-il promis en s’en prenant pour la première fois directement au président russe.
Dans plusieurs messages audio vendredi, le patron de Wagner avait affirmé que des frappes russes avaient fait un « très grand nombre de victimes » dans ses rangs et avait accusé le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou d’en être responsable.
Ces accusations « ne correspondent pas à la réalité et sont une provocation » , a rétorqué le ministère de la Défense.