Ces meurtres avaient provoqué la panique dans la ville et choqué l’opinion à travers le monde. Le gourou de la « famille Manson », sa secte, avait été condamné à mort en 1971, une peine commuée en prison à vie.
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Charles Manson « est mort de causes naturelles dimanche à 20H13 (02H13 GMT lundi) » dans un hôpital du comté de Kern, ont annoncé dans un bref communiqué les autorités pénitentiaires de Californie.
Debra Tate, la soeur de Sharon, avait auparavant déclaré au site spécialisé dans les célébrités TMZ avoir reçu un appel de responsables de la prison où il était détenu disant que Charles Manson, malade depuis longtemps, était mort dimanche soir.
TMZ avait rapporté en janvier que Charles Manson, souffrant de « lésions intestinales », avait été transféré de l’hôpital de la prison d’Etat de Corcoran dans un hôpital de Bakersfield, ville du comté de Kern, mais était dans un état trop faible pour être opéré.
L’Amérique marquée au fer rouge par les crimes de Manson
Août 1969 n’a pas seulement engendré Woodstock, point culminant du « peace and love » hippie: le mois a également été marqué par un déchaînement de violence barbare dans une maison de Californie illustrant une autre contre-culture, satanique, celle du clan de Charles Manson.
Difficile de penser à des meurtres ayant davantage traumatisé l’Amérique que ceux qui se sont déroulés dans la luxueuse demeure de l’actrice Sharon Tate et de son mari Roman Polanski, qui était absent cette nuit-là.
Tous les éléments constitutifs d’une horreur la plus absolue sont réunis quand la police de Los Angeles se présente sur les lieux où cinq amis ont été massacrés: du sang répandu partout, un simulacre de pendaison, un mode opératoire semblant obéir à un rituel diabolique, l’absence de mobile évident…
A l’acharnement apparent des assassins s’ajoute le symbole de la beauté et de l’innocence sacrifiées, Sharon Tate étant enceinte de huit mois et demi quand elle a été poignardée 16 fois.
« De toute ma vie, je n’ai jamais vu quelque chose de pareil », témoigne le sergent Stanley Klorman, cité dans une dépêche de l’AFP du 9 août 1969.
Dans une autre dépêche, l’agence rapporte que les deux femmes assassinées étaient en « tenue légère », Sharon Tate ne portant qu’une « minuscule chemise de nuit », tandis que les trois hommes victimes étaient en « vêtements analogues à ceux que portent les hippies ».
Le cou de Sharon Tate est entouré d’une corde blanche en nylon, qui passe au-dessus d’une poutre. Son autre extrémité enlace le cou de Jay Sebring, un coiffeur de célébrités qui fut le compagnon de la vedette blonde. Il a été tué par balle et lardé de coups de couteau, son visage a été défiguré. Sa tête est recouverte d’un capuchon.
D’autres détails sordides émergent du 10050 Cielo Drive, l’adresse de la résidence dans le quartier de Bel Air, qui avait été construite à l’origine pour la star française Michèle Morgan.
Le mot « PIG » –« COCHON »– a été écrit en lettres de sang sur la porte. Un mot que l’on retrouve également écrit, cette fois au pluriel mais toujours en lettres de sang, dans une maison d’un autre quartier de Los Angeles où un couple, Leno et Rosemary LaBianca, a été sauvagement assassiné la nuit suivante.
L’enquête suivie d’un procès d’une durée record en 1970 ont permis de reconstituer ces faits qui ont tant agité les esprits sains et malades durant près d’un demi-siècle.
Charles Manson, décédé dimanche en prison à l’âge de 83 ans, n’a été que le commanditaire de ces deux nuits d’atrocités commises par quelques-uns de ses adeptes, sur lesquels il exerçait une emprise quasi-hypnotique.
Depuis son domicile dans la Vallée de la mort, le gourou psychopathe annonçait une course vers l’apocalypse qu’il avait baptisée « Helter Skelter », du nom d’une chanson des Beatles.
A l’issue de cet événement, il prévoyait de reprendre le pouvoir aux Noirs, race qu’il considérait inférieure.
Pour de nombreux Américains alors, ses crimes terrifiants ont révélé la face sombre d’une culture « sex, drugs, rock’n’roll » dévoyée, celle de la sexualité de groupe, du laxisme revendiqué et des assauts contre toutes les règles établies.
Quant à Charles Manson, au regard magnétique amplifié par sa barbe et sa chevelure hirsutes, il a fasciné autant que révulsé.
Sa « famille » a inspiré des chansons rock, de multiples sites internet lui rendant hommage, un opéra, des tee-shirts et même le nom de scène du leader d’un groupe de metal, Marilyn Manson.
Mais pour le procureur à son procès, Vincent Bugliosi, Manson n’était qu’un simple « escroc maléfique et compliqué ».
Les assassinats fomentés par le « gourou » ont en tout cas contribué à la fin d’un idéalisme teinté de naïveté qui avait marqué les années 1960. En témoignent les ventes d’armes individuelles qui ont explosé en Californie après ces actes barbares.
AFP