Le Chili renonce à accueillir la COP25 à cause de la crise sociale

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Le Chili, aux prises avec une contestation sociale qui ne faiblit pas, a annoncé mercredi qu'il renonçait à accueillir deux sommets internationaux, dont la COP 25 sur le climat prévue en décembre, un coup dur pour l'image du pays.

Publié le 30/10/2019 à 15:38 - Mise à jour le 30/10/2019 à 16:15

Le Chili, aux prises avec une contestation sociale qui ne faiblit pas, a annoncé mercredi qu'il renonçait à accueillir deux sommets internationaux, dont la COP 25 sur le climat prévue en décembre, un coup dur pour l'image du pays.

« C’est avec un profond sentiment de douleur, parce que c’est douloureux pour le Chili, que notre gouvernement a décidé de ne pas organiser le sommet de l’Apec (…), ni celui de la COP25 », a déclaré le président Sebastian Pinera au palais présidentiel de La Moneda. C’est « une décision qui nous cause énormément de peine parce que nous comprenons parfaitement l’importance de l’Apec et de la COP pour le Chili et pour le monde entier », a ajouté le chef de l’État.

Le sommet du Forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), qui réunit les pays riverains du Pacifique, dont les États-Unis, la Chine et la Russie, devait avoir lieu à Santiago les 16 et 17 novembre.

« La Malaisie accueillera le prochain sommet de l’APEC en 2020 »

, a fait savoir le forum dans un communiqué, laissant entendre qu’aucun sommet du forum ne serait finalement organisé cette année.

Selon la Maison Blanche, le président américain Donald Trump, qui comptait signer un accord commercial avec son homologue Xi Jinping à l’occasion du sommet chilien, espérait néanmoins toujours signer un accord avec Pékin dans les prochaines semaines.

La conférence de l’ONU sur le climat, COP 25, où étaient attendus quelque 25 000 délégués dont la jeune militante suédoise Greta Thunberg, devait quant à elle se dérouler à Santiago du 2 au 13 décembre. « Mes pensées vont au peuple chilien », a réagi sur Twitter la militante depuis les États-Unis où elle se trouve depuis fin septembre. « J’attends désormais d’avoir plus d’informations », a-t-elle ajouté, alors qu’elle avait annoncé sont intention de séjourner en Amérique latine dans le cadre de sa participation à la COP.

Le Chili s’était porté volontaire après le désistement du Brésil, qui avait renoncé dans la foulée de l’élection du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, un climato-sceptique assumé. 

Pour l’heure, l’ONU a fait savoir qu’elle « étudiait les alternatives » pour accueillir la COP25. 

Le Chili, considéré comme un des pays les plus stables d’Amérique latine, est secoué depuis le 18 octobre par une fronde sociale sans précédent, qui a fait 20 morts et un millier de blessés.

Une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale a été le détonateur de cette vague de contestation inédite depuis des décennies dans ce pays de 18 millions d’habitants. Malgré la suspension de la mesure, le mouvement s’est amplifié, nourri par le ressentiment face aux inégalités sociales. 

Signe d’une colère qui ne retombe pas, des manifestations, parfois émaillées de violence, se sont poursuivies depuis dans tout le pays. Le 25 octobre, plus d’un million de personnes se sont réunies à Santiago lors d’une mobilisation historique.

(Crédit photo : Martin BERNETTI / AFP)

Mercredi, plusieurs milliers de personnes ont à nouveau défilé dans la capitale, aux cris de « Le Chili s’est réveillé ! », slogan emblématique du mouvement. En fin de cortège, les manifestants ont été dispersés par les forces de l’ordre.

« Nous souhaitons placer l’agenda social avant l’agenda politique », a déclaré le président chilien pour justifier l’annulation des deux sommets mondiaux, disant par ailleurs pour la première fois ne « pas exclure des réformes structurelles » du modèle socio-économique ultralibéral chilien. 

L’annulation des deux sommets était toutefois considéré par de nombreux observateurs comme un aveu de faiblesse de la part du gouvernement du président conservateur, en fonction depuis mars 2018 et déjà à la tête du Chili entre 2010 et 2014. « Il s’agit d’un échec énorme pour le gouvernement et pour les revendications environnementales et de justice auxquelles le pays est confronté, et qui ne sera pas facile à surmonter », a réagi Matias Asun, le directeur national de l’ONG Greenpeace. Cette décision qui « laisse entendre que (la crise) ne peut pas être résolue à court terme » est « un signe d’affaiblissement » du pouvoir chilien, a estimé Octavio Avendaño, professeur à l’Université du Chili.

Le président Sebastian Pinera. (Crédit photo : Pedro Lopez / AFP)

Tandis que le gouvernement fait aussi l’objet de nombreuses critiques après la multiplication des allégations de violations des droits humains, les délégués de la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, sont arrivés dans le pays. « Nous avons reçu trois des quatre membres de la délégation (…) qui ont débuté aujourd’hui leur mission officielle », a annoncé la sous-secrétaire aux droits humains, Lorena Recabarren. 

La Bourse de Santiago a chuté de 2,8% et le dollar s’est apprécié à 739 pesos par unité, son plus haut niveau depuis mai 2003. 

Le Chili a annoncé le maintien de la finale de la Copa Libertadores le 23 novembre à Santiago.

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