Les Îles Salomon ont déclenché l’inquiétude de l’Australie, son allié traditionnel, et des États-Unis en signant le mois dernier un pacte de sécurité avec la Chine. Canberra et Washington craignent que cet accord permette à Pékin d’installer une présence militaire dans l’archipel, situé à 2 000 kilomètres de l’Australie.
Cet accord est devenu un sujet de polémique dans le cadre de la campagne pour les élections législatives du 21 mai en Australie. M. Morrison a été critiqué pour n’avoir pas réussi à empêcher la signature de cet accord, dans une région où l’Australie a traditionnellement une grande influence.
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Lors du débat télévisé qui l’a opposé au Premier ministre conservateur, le chef de l’opposition travailliste Anthony Albanese a qualifié ce pacte de sécurité avec la Chine d' »échec massif de la politique étrangère ». M. Morrison a souligné pour sa part que l’installation d’une base militaire chinoise sur les Îles Salomon serait le franchissement d’une « ligne rouge ». « L’Australie travaillera avec ses partenaires pour qu’une telle issue soit empêchée », a-t-il assuré. Il a toutefois ajouté qu’il serait « malavisé » de se livrer à des spéculations sur les mesures que l’Australie pourrait prendre pour empêcher l’installation d’une base militaire chinoise sur l’archipel. « Le gouvernement des Îles Salomon lui-même nous a fait très clairement comprendre qu’il ne recherche ni ne soutient » l’installation d’une présence militaire chinoise, a-t-il dit. « Ce n’est pas dans leur interêt national d’avoir une telle présence », a-t-il poursuivi.
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Lors d’une rencontre vendredi à Brisbane avec son homologue des Salomon Jeremiah Manele, la ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne, a exprimé la « profonde inquiétude » de l’Australie « à propos de l’accord de sécurité avec la Chine et son manque de transparence ».
De son côté, le Premier ministre des Îles Salomon Manasseh Sogavare a affirmé mardi devant le parlement qu’il n’y avait « aucune inquiétude à avoir au sujet du pacte de sécurité et déploré « le manque de confiance » des autres pays.
Sans citer l’Australie, M. Sogavare a affirmé qu’il existait un « risque d’intervention militaire » par des pays qui jugeraient leurs intérêts aux Salomon en danger. « En d’autres termes (…) nous sommes menacés d’invasion, et c’est sérieux », a poursuivi le Premier ministre. « Nous sommes traités comme des élèves de maternelle qui déambulent avec des Colts 45 entre les mains, et doivent donc être surveillés », a-t-il ajouté.